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Édité le 08/01/2011 à 07:26
Le travail rend libre (I)
On croyait vivre une semaine (presque) comme les autres, surtout en début d'année. Nouvelle année, bonnes résolutions, meilleurs voeux, et même si on est réfractaire à ces coutumes plus religieuses qu'elles n'en ont l'air (faut-il rappeler que le calendrier -parmi la vingtaine potentiellement en vigueur- adopté par l'ensemble de l'Humanité porte le nom d'un Pape ?), il flotte alors dans l'air un sentiment particulier, qui porterait presque chacun de nous vers une certaine ivresse. Mais voilà que les choses ont très vite dégénéré. Pas eu le temps de finir de digérer les dernières papillotes ou de quitter l'hôpital suite à une méchante indigestion faite d'huîtres et crevettes frelatées qu'on oublie vite les possibles joies de l'ivresse, retour à LEUR réalité.
Dès le 2 janvier, coup d'envoi des hostilités. Manuel Valls, député d'un Parti (supposé) Socialiste, fait savoir sur l'antenne d'Europe 1 qu'il désire "déverrouiller les 35 heures". Largement relatés dans la presse, inutile de s'étendre sur ses propos. On pourrait en revanche s'attarder davantage sur les "effets collatéraux" de la "bombe" lâchée par l'un des plus droitiers de ce qui se dénomme encore la "gôche". Champs de ruines sur la partie gauche de l'hémicycle où on notera le positionnement dogmatique de Benoît Hamon (P.S. lui aussi) invitant Manuel Valls à "rentrer dans le droit chemin" et la publication des "25 questions-réponses rapides sur les 35 heures" de Gérard Filoche, trop peu pertinentes et ô combien roboratives. Sur la droite de l'échiquier, c'est la division des troupes : certains saluent le numéro de l'idiot utile (Manuel Valls chercherait-il un poste de Ministre ?), ceux qui se croient être les plus malins invitent au "débat" (mais on a la sensation de déjà connaître leur argumentaire), enfin, d'autres (plus proches de la réalité, aussi étrange que cela puisse paraître, c'est possible, même en portant l'uniforme bleu-UMP) sont dans l'embarras car dans les faits, nombre d'entreprises sont ravies d'appliquer les "35 heures" puisqu'elles font ainsi faire à leurs effectifs des heures supplémentaires dé-fis-ca-li-sées, noeud du hiatus. Ces points et le dernier en particulier mériteraient d'être développés séparément mais passons à la suite de cette semaine inaugurale de 2011.
Et cela ne s'est pas fait attendre. Dès le lendemain, sur le plateau de BFM TV, c'est le sémillant et toujours aussi bien halé Jacques Séguéla, ex-maître à penser de qui on sait (un certain François Miterrand), qui ne fait pas les choses à moitié.
A - "Je suis pour travailler plus et être mieux payé." : Il ne manquerait qu'on se tue à la tache pour obtenir une fiche de paie amputée de quelques oboles, chose que nos "décroissants" gouvernementaux doivent certainement avoir dans leurs tiroirs. Mais cette option n'étant pas à l'ordre du jour, passons à la deuxième bribe du gratin de la pensée Mitterrandienne.
B - "Il vaudrait mieux avoir une ou deux semaines de plus d'un bloc que des journées qui s'arrêtent et dérèglent toute la machine pour rien." : Au moins, c'est clair, nous ne disposons pas d'un travail (du moins ceux qui en ont un) pour avoir une action (si possible positive) sur la société ni éventuellement s'épanouir, mais pour faire tourner "la machine". Concernant, la durée de congés supplémentaires, encore faudrait-il en disposer (ce qui n'est pas forcément le cas puisque les "35 heures" ont bel et bien été détricotées, démantelées et mutilées par suite de reculades devant la CGPME et le MEDEF, de négociations branche par branche et de tractations internes aux entreprises), mais j'imagine que pour Monsieur Séguéla, il est en effet plus commode de disposer "d'une ou deux semaines de plus" pour poser son fessier dans un avion afin d'aller se faire bronzer la pilule de l'autre coté du globe. Mais qu'il se rassure, je ne l'envie absolument pas...
C- "En Chine, qui est le cinquième pays au monde dans le bonheur, le salaire moyen d'un Chinois est 10 % du SMIC et ils sont heureux." : Pour l'heure, on ignore encore si Ruth Elkrieff (BFM TV, animatrice de l'émission) ou Guy Birenbaum (Le Post, "contradicteur") a suggéré à l'invité de se munir d'une pioche et d'une masse afin de rejoindre un des nombreux Laogaï chinois afin d'y casser des cailloux, le sourire aux lèvres, jusqu'à ce que mort s'en suive. A moins que l'ex-publicitaire n'ait réservé de son propre chef un aller-simple Paris-Pékin...
Tombant comme un cheveu sur la soupe, pil-poil dans l'actualité, en guise d'intermède, une intervention vieille de plusieurs mois de Pascal Nègre, P-dG d'Universal Music France, vaut aussi son pesant de cacahuètes (Merci Aurélio de me l'avoir fait parvenir). C'est sur le site CadrEmploi.com, rubrique "On vient vers vous", que le big-boss (pour rester poli) de l'industrie musicale hexagonale estime "qu'être sous-payé, ce n'est pas important". Evidemment, ça tombe sous le sens. Lorsqu'on vit dans la rue, sans loyer ni charge à régler, se déplaçant à l'aide de semelles tout-terrain ne nécessitant aucune goutte de pétrole raffiné pour se déplacer, vivant aux crochets de la société en extorquant la nourriture des bennes à ordures des supermarchés et amassant les euros des honnêtes gens croisés au hasard de la vie, on s'en fiche totalement d'être sous-payé, peut-être atteint-on le sommet du bonheur. Mais étonnement, on perd parallèlement aussi toute notion de "compétitivité" et de "rentabilité".
Mais l'escalade dans l'horreur ne s'arrête pas là et nous fait par la même occasion rejoindre l'actualité en la collant au plus près. C'est par le biais du journal radiophonique de 18h00 sur France Culture le jeudi 06 janvier 2011 qu'est tombée le sentence. A l'occasion du colloque "Nouveau monde, nouveau capitalisme" (tout un programme...) se déroulant à Bercy (Paris) le jour même, le ministre Polonais des Finances, Jacek Rostowski, s'exprimant dans un français très clair et intelligible, éloignant ainsi tout risque d'erreur de traduction, avance "qu'on ne peut pas se dire que tout acquis social, une fois obtenu, ne peut jamais être révisé" après avoir soutenu l'idée soumise par son interlocutrice de journaliste que le plafond maximal des 48H de travail hebdomadaire (une règle européenne) devrait être relevé. Difficile de trouver d'autre trace de cette intervention sur Internet, le journalisme (d'investigation) s'auto-censurerait-il ? A chacun d'en tirer les conclusions qu'il désire...
Néanmoins, la déclaration de Monsieur Rostowski a le mérite de nous faire savoir que les permanences des grands partis de gouvernement et du MEDEF, les agences intérimaires et les guichets de Pôle Emploi, les officines des assurances et des banques, les bureaux de police et de gendarmerie n'ont pas fini d'être assaillis, dévastés, brûlés non sans être accompagnés de quelques échauffourées, grèves, heurts, blocages, violences, émeutes et révoltes en tous genres malgré les appels au calme des centrales syndicales et tout le discrédit jeté par les médias sur ces initiatives... puisque désormais on connait la chanson.
"Arbeit macht frei" ou "le travail rend libre", c'est selon qu'on franchit le portique d'Auschwitz ou qu'on est sous la gouverne d'un Chanoine du Latran (actuellement en poste à l'Elysée et ayant fait sienne cette assertion lors de la dernière campagne présidentielle) lui-même triste représentation d'une époque morne, morose et morbide.
Janvier 2011.
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