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Édité le 08/05/2014 à 11:41
Musique et Revenu de Base.
Faute de temps, manque de motivation et défaut d'énergie font qu'en lieu et place d'un argumentaire détaillé, de l'inventaire des sciences sociales qu'elle aborde et large dans les problématiques que l'idée soulève, c'est à travers la retranscription d'une intervention de David Graeber (1) que je me permets d'ouvrir un blog dans les pages du sémillant W-Fenec au sujet du Revenu de Base, cette idée (pas si neuve que cela puisque déjà théorisée depuis plus de 200 ans), aux multiples variantes (des plus émancipatrices aux plus restrictives), qualifiée tout à la fois d'utopique et d'irréaliste lorsqu'elle ne suscite pas l'incompréhension. Ca y est, autant dire que le pavé dans la mare aux coin-coins est jeté. Mais comme nous sommes un carrefour d'amateurices de musiques actuelles et amplifiées, il fallait bien un angle d'attaque compatible avec la colonne vertébrale (et non verte et brâle) des grandes oreilles connectées à la fois sur la hi-fi et sur la toile.
Pourquoi choisir cet article et pas un autre ? Car en plus de traiter du sujet principal de façon pertinente (les pesanteurs de la bureaucratie et le poids de l'économie sur nos vies), une ouverture est faite par le biais de la musique. La boucle est bouclée.
Les clichés sont bousculés, les objections se font légion mais peu résistent à l'analyse censée et raisonnée. Si notre espèce veut avoir un espoir de survie sur cette astre, c'est certainement grâce à ce type de solution et nullement à un "retour de la croissance" ou à une "éternelle austérité". Et si cette idée a au moins le mérite de t'interpeller, les sources se multipliant, n'hésites pas à fureter sur le web et dans des librairies comme tu le ferais à la quête de tel groupe indé que le W-Fenec n'a, pour le moment, toujours pas chroniqué.
(1) David Graeber : Anthropologue américain, auteur notamment de "Dette : 5000 ans d'histoire", Edition Les Liens Qui Libèrent, 2013, 624 pages.
« Si le revenu de base est utopique, c'est parce qu'on ne peut pas forcer les politiques à l'instaurer »
Les bureaucrates amoncellent les papiers pour décider de ce que nous et notre travail valons. Mais ironiquement, suggère l'anthropologue américain David Graeber, ce sont ces fonctionnaires qui effectuent le travail le moins sensé de tous. Si nous donnions à chacun un revenu de base forfaitaire et éliminions ces emplois bureaucratiques ?
Cette interview est issue d'une conversation avec le journaliste américain Paul Solman, dont une partie a été diffusé dans un reportage sur la chaîne publique Public Broadcasting Service. Traduction: Audrey D'Aquin
Donc, vous aimez cette idée de revenu de base ?
Je pense qu'elle est formidable. C'est une reconnaissance du fait que personne n'a le droit de vous dicter comment vous pouvez le mieux contribuer au monde, et elle est basé sur une certaine foi - celle que les gens veulent apporter quelque chose. Je suis certain qu'il y aurait quelques parasites, mais la majorité des humains veulent vraiment faire quelque chose ; ils veulent sentir qu'ils ont contribué à la société qui les entoure. Le problème est que nous avons ce gigantesque appareil qui s'occupe de dire aux gens qui est méritant, qui ne l'est pas, ce que les gens devraient faire, ce qu'ils ne devraient pas. Tout ceci vise à évaluer la valeur économique, mais en fait, l'ensemble du système s'est effondré en 2008 parce que personne ne sait vraiment comment évaluer la valeur du travail des gens, de leurs contributions, des gens eux-mêmes. D'ailleurs, philosophiquement il n'existe aucun moyen facile de le faire. Donc, la meilleure chose à faire est juste de dire : « alors autant que chacun décide par lui-même ».
Mais, comme Friedrich Hayek l'a écrit, le système de marché est le moyen le plus optimal pour que chacun avec ses moyens ajuste le système grâce à la loi de l'offre et la demande, non ?
Soit, eh bien, donner aux gens de l'argent ne va pas éliminer le système de marché. Cette théorie serait valable si tout le monde partait avec la même somme d'argent dans le marché. Mais lorsque le marché est aussi biaisé qu'il l'est aujourd'hui, où certaines personnes contrôlent la quasi-totalité de la richesse, et la plupart des gens n'en ont pas du tout, et bien au final, le marché ne fait que communiquer ce que très riches veulent. Réfléchissez à ça : J'ai un ami - l'histoire est très typique - qui est un musicien. Il a fait un disque à succès - il est très talentueux, évidemment - mais un seul tube ne vous permet pas de vivre toute la vie. Finalement, il a perdu ses contrats, alors qu'a-t-il fait ? Il a tout abandonné et est devenu avocat d'affaires. Quiconque un peu intelligent peut obtenir un emploi en tant qu'avocat d'affaires. Ce que cela raconte, c'est que dans notre société, nous avons une demande très très limitée pour de brillants poètes- musiciens, mais nous avons une demande illimité pour les avocats d'affaires. Tous ceux qui peuvent obtenir un diplôme de droit auront un emploi. Serait-ce parce que la plupart des gens pensent que les avocats sont mieux que les poètes ou les musiciens ? Non. Presque tout le monde, si on leur donnait le choix, choisirait les poètes ou musiciens. Mais les gens très riches aiment avoir des juristes d'entreprises, voilà ce que le marché finit par réellement dire.
Donc vous pensez que le marché est tellement biaisé qu'un coup spectaculaire contre lui serait une amélioration ?
Oui. Si tout le monde a les mêmes moyens de voter, le marché représentera vraiment ce que la plupart des gens veulent.
Vous voulez dire quand ils « votent » avec leurs dollars ?
Exactement.
Dans ce sens, le revenu minimum constitue une amélioration globale du bien-être ?
Je pense que cela impliquerait que les habitudes de dépenses des gens refléteraient réellement ce qu'ils veulent. Premièrement, comme les besoins de survie seraient pris en charge, cela libèrerait les hommes, et on verrait ce que les gens considèrent comme réellement important dans la vie. Je pense d'ailleurs que c'est pourquoi beaucoup de libertariens, avec qui je suis en désaccord sur beaucoup de choses, aiment plutôt l'idée du revenu de base - parce qu'ils savent que cela ferait fonctionner le marché de la façon qu'ils pensent que celui-ci devrait fonctionner.
Les libertariens auxquels je parle disent tous que c'est une bonne idée, mais car cela permettra d'éliminer tous les programmes sociaux gouvernementaux qui changent les comportements de leurs bénéficiaires.
Oui, et il y a du vrai là dedans. Je pense qu'un gros problème que nous avons à gauche, c'est que nous n'avons pas une critique profonde de la bureaucratie. Ce n'est pas parce que nous l'aimons particulièrement ; c'est juste que la droite a développé cette critique avant nous. Et je ne pense pas que leur critique soit bonne, mais elle a le mérite d'exister. Voici à quoi ressemblerait une bonne critique « de gauche » de la bureaucratie : Qui sont ces gens - et cela vaut pour les bureaucraties privées et publiques - qui vous examinent, et vous disent ce que votre travail vaut, ce que vous valez ? Finalement la bureaucratie, c'est employer des milliers de personnes pour créer du malaise chez les gens. Débarrassons-nous des bureaucrates ; donnons un peu d'argent à chacun, et je pense que tout le monde ira beaucoup mieux.
Donc vous vous débarrasseriez des autres programmes sociaux ?
Ça dépend desquels. Pour le moment, les montants en question ne sont pas suffisants pour couvrir les soins de santé et le logement. Mais je pense que si on garantissait ces besoins de base, alors on pourrait en effet se débarrasser de presque tous les autres programmes. Dans les grandes bureaucraties, il y a tellement de conditions liées à l'obtention d'aides, qu'il y a un fatras de postes de contrôle, des fonctionnaires qui évaluent et décident si vous prenez assez soin de vos enfants pour mériter telle ou telle prestation, ou si vous recherchez assez activement un emploi pour mériter votre inscription en tant que demandeur d'emploi. C'est un gaspillage complet. Ces emplois ne contribuent pas vraiment en quoi que ce soit à la société ; nous pourrions nous en passer.
Supprimeriez vous les bons alimentaires par exemple ?
Si nous avions un revenu de base, nous n'aurions pas besoin de décider qui a besoin de nourriture ou non.
Les libertariens m'ont dit que cela rendrait les gens plus responsables ; qu'il y aurait plus de lien communautaires...
En fait, c'est ce qu'il se produit en réalité. En Namibie, une expérience a été menée où au lieu de l'assistance classique, ils ont versé à chacun une somme forfaitaire d'argent. Et la première chose que les gens ont fait a été de se réunir, de collecter la moitié de l'argent, et le mettre dans un pot commun, ils ont créé un système démocratique. Ils ont décidé de leurs priorités, comme la création d'un bureau de poste, chose à laquelle aucune organisation d'aide n'aurait pensé. Ces personnes connaissent les besoins de leur communauté bien mieux que quelqu'un de l'extérieur. Donc, en fait, je pense qu'il y a là une certaine tradition communautaire qui pourrait ne pas exister dans une ville comme Londres. Moyennant un peu de temps et des ajustements, cela permettrait au moins de nous donner l'occasion de nous regrouper et de créer des projets communs d'une façon qui n'est pas possible aujourd'hui.
Êtes-vous surpris qu'une partie de la droite soutienne cette idée ?
Pas du tout. Je pense qu'il y a des gens à droite qui peuvent comprendre que les taux d'inégalités actuels empêche le libre marché de fonctionner. Il y a aussi une reconnaissance latente selon laquelle que le type de marché auquel ils aspirent n'existe pas dans le système actuel. Adam Smith était très honnête. Il disait : évidemment, cela ne fonctionne que si les gens contrôlent leurs propres outils, si ils sont travailleurs indépendants. Il rejetait complètement l'idée de capitalisme d'entreprise.
Smith a rejeté le capitalisme d'entreprise parce qu'il était devenu un capitalisme de connivence.
Eh bien, il a rejeté toute forme de capitalisme d'entreprise ; il était contre les corporations. À l'époque, elles étaient considérées comme intrinsèquement hostiles au marché. Et elles le sont toujours. Ses arguments ne sont pas moins valables aujourd'hui. Si nous voulons avoir des marchés efficients, nous devons donner une chance égale d'y accéder, sinon ils ne fonctionnent pas comme un moyen de libération sociale ; mais comme un moyen d'asservissement.
Asservissement en ce sens que les hommes avec suffisamment de puissance peuvent faire fonctionner le marché à leur profit...
Tout à fait. Ils corrompent les politiciens pour avoir un système dans lequel ils accumulent le plus, et où les autres finissent par consacrer tout leur temps disponible à travailler pour eux. La différence entre être vendu comme esclavage et se louer comme esclavage était fondamentalement minime dans le monde antique, vous savez. Si Aristote était vivant, il penserait que la plupart des habitants de pays comme l'Angleterre ou l'Amérique sont esclaves.
Esclaves-salariés ?
Oui, mais justement ils ne faisaient pas la distinction à l'époque. Durant la majeure partie de l'histoire, ceux qui effectuaient le travail rétribué étaient des esclaves. C'était une façon de les sous-louer ; ceux-ci gardaient la moitié de l'argent, et le reste allait au maître. Même dans le Sud, beaucoup d'esclaves étaient employés et devaient verser leurs rétributions à l'homme à qui ils appartenaient. C'est seulement de nos jours que nous opposons travail salarié et esclavage. Au long de l'histoire, ils ont souvent été vus comme des nuances d'une même chose. Abraham Lincoln l'a bien dit : la raison pour laquelle nous avons une société démocratique en Amérique, c'est que nous n'avons pas une classe permanente de travailleurs salariés. Il pensait que le travail salarié était quelque chose que vous deviez traverser entre votre vingtaine et votre trentaine dans le but d' accumuler assez d'argent pour mettre en place votre propre entreprise. Ainsi l'idée était que chacun finisse par être auto-entrepreneur.
Donc, cette idée de revenu de base garanti est-t-elle une utopie?
Eh bien, cela reste à voir. Si c'est utopique, c'est uniquement parce que nous ne pouvons pas obtenir que les politiciens le mettent en place, et non pas parce que cela ne fonctionnera pas. Il se trouve que des simulations ont été faites, et qu'il n'y a aucune justification économique qui en invalide la faisabilité financière.
Ca serait quand même très couteux.
Ce serait couteux, mais le système actuel l'est aussi. Et il y a des économies majeures a réaliser en supprimant les emplois liés au contrôle bureaucratique. Philosophiquement, je pense qu'il est important de garder deux choses à l'esprit. La première est que le revenu de base prouverait que l'on n'a pas à forcer les gens à travailler pour qu'ils participent. Les humains ne sont pas réfractaires au travail. Ils sont réfractaires au travail vide de sens, au travail stupide et humiliant. Je prend souvent l'exemple des prisons, où les hommes sont nourris, logés et habillés ; ils pourraient simplement s'asseoir toute la journée. Mais en réalité, le travail est utilisé comme une forme de récompense. Si vous ne vous tenez pas correctement, on ne vous laisse pas travailler dans la buanderie de la prison. Ce que je veux dire, c'est que les gens veulent travailler. Personne ne veut simplement rester assis, c'est bien trop ennuyeux. Donc la première idée fausse que nous avons est que les gens sont paresseux, et que si on leur donne une certaine somme en revenu de base, ils ne feront tout simplement plus rien. Il y a probablement quelques personnes comme ça, mais pour la grande majorité cela les libérerait et leur permettrait d'accomplir un travail dans lequel ils trouvent du sens. La question est : la plupart des gens sont-t-ils assez intelligents pour savoir ce qu'ils ont à apporter au monde ? Je pense que la plupart le sont. Le deuxième point que nous devons souligner, c'est que nous ne pouvons pas prévoir à l'avance qui peut vraiment contribuer en quoi. Nous sommes toujours surpris quand nous laissons les gens faire leurs propres choix. Je pense qu'une des raisons pour lesquelles nous n'avons pas de grandes percées scientifiques comme nous en avions l'habitude au court des 19e et 20e siècles est que nous avons un système incroyablement bureaucratique où tout le monde doit tout d'abord prouver qu'il sait déjà quels seront ses résultats.
Parce que les gens doivent être en mesure de prouver qu'ils vont obtenir un retour sur investissement ?
Exactement. Donc, ils doivent obtenir une subvention, et prouver que cela conduit à cela, mais en fait, presque toutes les grandes percées sont inattendues. Nous avions l'habitude de réunir des gens brillants et de juste les laisser faire ce qu'ils voulaient, et puis tout à coup, nous avions l'étincelle. Aujourd'hui, nous n'obtenons pas ce genre de percées parce que tout le monde doit passer son temps à remplir de la paperasse. C'est de ce genre de paperasseries dont nous pourrions nous débarrasser. Un autre exemple que je donne toujours celui de John Lennon. Pourquoi il n'y a plus de nouveaux groupes surprenants en Angleterre ? Depuis les années 60, nous avions l'habitude de voir émerger tout les cinq ans, 10 ans, un groupe incroyable. Que s'est-il passé ? J'ai posé cette question à beaucoup d'amis, et ils m'ont tous répondu : c'est parce que les politiques ont mis en miette les allocations chômage. Car en fait, tous ces génies étaient au chômage. À l'époque, être « Rock & Roll » signifiait dans le jargon londonien vivre de l'assistance chômage. Bref, si vous donnez de l'argent aux enfants de la classe ouvrière, un certain nombre d'entre eux forment des groupes, et quelques-uns seront fabuleux, et ca profitera 1.000 fois plus au pays que tout ce que ces enfants auraient fait s'ils avaient du faire le genre de boulot requis pour recevoir les prestations.
Et aux États-Unis, l'ensemble du mouvement expressionniste abstrait - Mark Rothko, Jackson Pollock - vivaient sur le WPA [Travaux Progress Administration], le chômage.
Absolument, regardez la théorie sociale. Je me souviens avoir pensé, pourquoi est-ce que dans l'Allemagne des années 20, vous avez Weber, Simmel, tous ces penseurs étonnants ? En France, vous avez ce profond mouvement de gens brillants dans les années 50, Sartre par exemple. Qu'y avait-il dans ces sociétés qui a produit tant de brillants penseurs ? Une personne m'a dit, eh bien, c'est pour beaucoup l'argent - ils ont juste eu une de ces énormes bourses distribuées à tout le monde. Mais encore une fois, 10 sur 11 resteront des anonymes, mais il y a toujours celui qui va se révéler, comme Jacques Derrida, et le monde change grâce à certains penseurs sociaux majeurs qui autrement, auraient été facteurs, ou quelque chose comme ça.
Source (coquilles incluses).
D'accord ? Pas d'accord ? N'hésites pas à apporter la contradiction ou une contribution. Car, comme disait l'autre : "Think different." Think.
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> Commenter le blog. 12 commentaires Tags : musique,RevenuDeBase,Economie,Société
Note : les commentaires appartiennent à ceux qui les ont postés. Nous n'en sommes pas responsables.
Le 08/05/14 à 12:15,
par Remiii
Re: Musique et Revenu de Base.
Histoire d'ouvrir le bal aux altercations, je propose à travers ce message (et sans doute à travers d'autres par la suite) de soulever un des paradoxe de ce Revenu de Base.
Parmi les points forts du Revenu de Base, il y en a un qui a tout pour séduire, a priori, tout le monde. Bref, de faire l'unanimité. Celui du pacifisme. Introduire un Revenu de Base ne ferait couler aucune goutte de sang. L'argent étant désormais virtuel, créé ex-nihilo, une telle initiative pourrait se faire rapidement, peut-être accompagné de périodes transitoires mais sans effusion de sang.
Sauf que pour y parvenir, les pétitions et le bouche à oreille connaissant l'efficacité que l'on sait, il faudrait "assiéger les décideurs" ou, selon une autre formule de choix, "déposséder les possédants" ou "euthanasier les rentiers". Lesquels ont tout un arsenal à leur disposition pour ne pas se laisser faire.
Et, de plus, historiquement, rare (voire inexistante) sont les avancées de la condition humaine qui se soit passé dans la joie et l'allégresse. Il y a toujours eu un moment où "ça frotte".
Autant dire que la pente est rude. Mais n'attendons pas qu'une énième coupe budgétaire n'éteigne la lumière au bout du tunnel. Ce serait dommage.
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Encore un peu et en plus de renflouer les banques ou de financer les guerres, nos impôts iront directement dans la poche des courageux... actionnaires.
Le 08/05/14 à 13:21,
par Remiii
Re: Musique et Revenu de Base.
Ce Revenu offrirait aussi la possibilité de se réorienter (quelle idée de demander à des jeunes de 15 à 20 ans de savoir ce qu'ils veulent faire plus tard ?!) en cours de scolarité où à sa sortie immédiate, de pouvoir prendre le temps de se (re)former par la suite et/ou de souffler un coup au bout de quelques années de travail avant d'y retourner de façon plus détendue et de rendre des changements de trajectoire bien plus aisés. C'est aussi un moyen d'accorder une place plus large aux choix que nous sommes amenés à effectuer (avec tout ce que le mot choix contient comme contorsions pour l'accepter comme tel).
En revanche, si l'idée semblerait acquise pour une très large part de la population, il y a cet incompressible pourcentage d'individus qui désirent décider à la place des autres ce qui est bon pour eux, et pire, cette autre part d'individus (parfois compatible avec la précédente) qui se sentiraient frustrés de savoir qu'il est possible de vivre sans avoir de compte à rendre à personne avec seulement 600€ ou 800€ mensuel alors qu'eux, du haut de revenus multipliés par 5, 10, 50 ou 200 ne trouvent, au final, que peu de satisfaction dans la vie (mais énormément de comptes à rendre à énormément de personnes).
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Coin-coin.
Le 08/05/14 à 14:54,
par Remiii
Re: Musique et Revenu de Base.
Bien que le "vrai authentique" Revenu de Base (proche des émancipatrices Allocation Universelle d'Existence ou Dotation Inconditionnelle d'Autonomie mais placé dans la même famille que l'Impôt Négatif des libertariens-minarchistes) revendique l'inconditionnalité des bénéficiaires comme condition sine qua non pour son application. L'éventualité d'une telle mise en place relevant de la science-fiction, il faudrait parvenir à anticiper la possibilité de sa mise en oeuvre concrète en acceptant l'idée de la "contrepartie". Car, il ne faut pas se leurrer, une idée si "généreuse" sur le papier ne se fera pas sans que ses partisans n'avalent de (grosses) couleuvres. Le Pouvoir ne se laisse pas démanteler facilement.
- La plus gentille des contreparties, serait celle de rendre le vote obligatoire en échange du versement du RdB. Non inscrit sur les listes électorales ou abstentionniste au dernier scrutin en date ? Hop, RdB supprimé. En gros, tu es un vrai, un pur, un dur, tu te débrouilles à l'écart de la société et ne t'exprimes pas, on te coupe le robinet. Quelque-part, c'est logique. En revanche, en acceptant le troc "vote contre RdB", cela permettrait de pousser au cul la classe politique (et de la transformer en profondeur, certainement le sujet d'un autre post) tout en laissant toujours la possibilité du vote nul ou blanc.
- Celle qui est la plus effrayante et, malheureusement, la plus plausible est celle du puçage des populations afin de les contrôler. Une petite puce GPS-RFID sous la peau contre le versement d'un RdB afin de compléter le tableau Orwellien de ces derniers mois. Et on ne rigole pas, ce serait, du point de vue du Pouvoir, cohérent. Car si on réfléchit bien à l'esclavage-salariat, ce n'est rien d'autre que de donner un peu d'argent à beaucoup de monde afin de les conserver à proximité afin qu'ils reviennent le lendemain, la semaine suivante, le mois d'après, d'années en années, durant 40 ans s'il vous plaît et jusqu'à ce que mort s'en suive de préférence. Afin de les contrôler, d'avoir un oeil sur eux. [* Anecdote.] Le principe du crédit (et de la vie qui va avec) venant perfectionner le dispositif. Accorder un petit peu d'argent à tous ces gens sans travail d'esclave-salarié sans pouvoir coercitif sur eux relèverait donc de la pure hérésie et c'est à cet instant que débarque le puçage des populations. Lequel puçage a déjà été expérimenté dans des pays d'Afrique ou en Inde où l'administration est jugée défaillante, l'état-civil incomplet et sous prétexte d'être certain que chacun ait accès à son compte en banque. Lequel puçage nous sera, ici dans des pays "évolués", enveloppé dans les doux emballages de "sécurité", "traçabilité", "individualité", "facilité" et pour que le tableau soit parfait, "liberté".
Alors, toujours aussi émancipateur le Revenu de Base ?
[* Anecdote : lors du bon vieux temps des colonies et de l'Algérie française, les militaires et entrepreneurs placés en bordure du Sahara recrutaient de la main d'oeuvre locale pour la mise en place des infrastructures. Les indigènes venaient travailler et, une fois la première paie en poche, disparaissaient de nouveau dans le désert durant plusieurs mois mener une vie traditionnelle. Un mois de salariat leur permettait de faire l'appoint durant des mois dans l'économie locale. Cela indisposât fort le Pouvoir qui réduisit les salaires petit à petit.]
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Coin-coin.
Le 08/05/14 à 19:12,
par Remiii
Re: Musique et Revenu de Base.
1 / Pour commencer (dans la vie), il y a ces jeunes, ces fous (c'est un pléonasme), bref, ces dégénérés qu'on croise souvent en milieu urbain. Ces jeunes-fous-dégénérés qui enchalternent (mot-valise contractant "enchaîner" et "alterner") périodes de travail d'esclave-salarié (dans des conditions souvent précaire) et de chômage, voire pour les plus chevronnés, de RSA. Et que font-ils durant cette existence sans PEL à remplir ni point retraite à collectionner ? Rien, pardi, c'est bien connu. On se demande alors comment est-ce que "tournent" une bonne partie des artistes, qu'ils touchent aux arts plastiques et graphiques, à la vidéo ou, en ce qui nous concerne, la musique (de drogués) dont pas mal d'oeuvres ont rempli les colonnes de ce site. Et, franchement, se construire soit-même un RdB entre divers entretiens d'embauche-débauche, convocations chez les organismes de contrôle, s'esclaver-salarier, jouir de son art et, accessoirement, faire la lessive, peut faire passer pas mal de dirigeants d'entreprise aux marchés assurés par l'Etat pour de sérieux paresseux.
2 / Alors là, si il y a bien un endroit où le RdB est, d'un certain point de vue, presque tangible, au moins de façon ponctuelle, c'est dans le Mammouth [© C. Allègre]. Bref, vous m'aurez compris, dans l'Education Nationale. Et au lieu de lui taper sur la gueule et de vouloir le dépecer, pourquoi ne pas voir le Mammouth comme un formidable vivier d'individus qui ont le mérite d'avoir de façon régulière des plages de temps libre ? Certes, un temps semi-libre car ce n'est pas pour autant que les affaires scolaires et professionnelles arrêtent leurs cours à ce moment mais quelle opportunité de ne pas avoir la contrainte de se rendre sur son lieu de travail ! Rien que ça, c'est du temps, de l'énergie et de l'argent de gagné sur l'esclavage-salariat. Et combien d'occupants du Mammouth, sans ce temps semi-libéré, ne pourraient avoir une activité sociale et culturelle ? Par contre, si on songe que certains jeunes-fous-dégénérés parviennent à se trouver une place dans le Mammouth, on peut comprendre que le poil (dudit Mammouth) se hérisse et, malencontreusement situé sous une ligne à haute tension, subisse une combustion spontanée.
3 / Juste avant de croquer les pissenlits par les racines et de rejoindre le grand paradis éternel, il y a cette zone-tampon qui subsiste encore aux assauts de Bismarck [qui aurait demandé à un conseiller au moment de la création de la retraite en 1889 : "A quel âge faut-il fixer l’âge de la retraite pour qu’on n’ait jamais à la verser ?"] : la retraite. Alors eux, c'est bien simple, il faut les tuer à la naissance (surtout si ils ont l'idée saugrenue de devenir jeunes-fous-dégénérés avant d'entrer dans le Mammouth) et plutôt deux fois qu'une ! Toujours leur mettre un coup de baïonnette après que le fusil ait fait son oeuvre. Quelle utilité ont les photographes amateurs ? Les clubs d'entraides de quartier ? Les sections de naturalistes ? Les réunions sur le patrimoine local ? Les organisateurs de compétitions sportives amateurs ? Et la dame qui sort les toutous de l'immeuble quand ses voisines sont absentes ? Finalement, la retraite ne serait-elle pas un RdB qui ne dit pas son nom ?
4 / Quoi, il y aurait d'autres prétendants au titre de "quasi-RdB" chez nous, dans notre si belle contrée ? Et sans passer ni par la case jeune-fou-dégénéré ni la case Mammouth ? Bon, alors eux, ils ont la quarantaine et sont DEJA à la retraite ? C'est quoi ce délire ? Mais c'est NORMAL pour eux, ils ont le DROIT. Parce que le risque, le danger, le stress, tout ces trucs que personne d'autre ne connaît jamais, eux, ils savent. Ah mais oui, c'est vrai que j'oubliais qu'ils ont gobé de l'honneur de la nation en veux-tu en voilà, ont courbé l'échine sous le patriotisme et ont risqué leur vie derrière le drapeau ! Et quoi, qu'apprends-je ? Certains retraités de ce régime-là retournent travailler et non (uniquement) par nécessité économique mais par désir personnel et/ou l'envie d'activité ? Mais ne serait-ce plutôt pas la meilleure confirmation qu'un individu, en forme physique et mentale, sans activité de façon durable tout en étant rémunéré, finit par reprendre le cours de l'esclavage-salariat, vie "normale" que bons nombres d'individus favorables au RdB auraient tendance à voir comme aliénée. Comme quoi, il faut de tout pour faire un monde !
Alors, le Revenu de Base, lointaine utopie ou réalité à portée de main ?
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Dérangeur de pensées en rond. Since 1983.
Le 10/05/14 à 07:41,
par Remiii
Re: Musique et Revenu de Base.
Eh bien oui ! Car en allant directement au but et en projetant le fait qu'un Revenu de Base soit en place (sans se demander par quel procédé législatif sa mise en oeuvre fût possible), se sont tous les représentants actuels démocratiquement élus (alors que "oligarchiquement pré-sélectionnés et cooptés" serait plus proche de la réalité) qui se retrouveraient instantanément remerciés, renvoyés à taquiner le goujon, bref, mis hors-service. Ces individus -dont certains spécimens jouent aux chaises musicales du Pouvoir et de son exercice depuis 10, 20, 30 ans voire encore davantage en serinant toujours la même rengaine- seraient toujours rémunérés (certes moins que les actuels traitements que leur accorde la République) par le RdB mais se retrouveraient "à poil" d'un point de vue représentatif puisque le procédé électoral qui les a mis en place se trouverait littéralement démantelé à sa racine. Démantelé mais demanderait à être reconstruit. Par quels moyens ? Aucune idée pré-conçue et vue comme LA vérité unique à suivre mais les alternatives existent et ne demandent qu'à être expérimentées : en conservant une vision électoraliste, on peut oser imaginer des mandats uniques, non renouvelables et révocables à tout moment ou, en sortant de cette logique du bulletin de vote, avancer l'idée de gouvernement (local) par tirage au sort des délégués. Avec, entre les deux, une pléthore de variantes à élaborer.
Cette remise en question du Pouvoir est indissociable de la mise en route d'un RdB puisque la situation actuelle est au moins en partie due à la prise de contrôle des forces économiques sur les représentants politiques. Si ce RdB doit voir le jour cela ne doit pas s'effectuer en faisant l'économie de la remise en cause profonde du jeu politique actuel. Sans quoi, cette avancée resterait une demie-mesure à l'état embryonnaire.
Mais les élus d'aujourd'hui accepteront-ils de faire preuve d'altruisme au point de scier la branche sur laquelle ils sont assis ?
--
Dérangeur de pensées en rond. Since 1983.
Le 10/05/14 à 09:16,
par Remiii
Re: Musique et Revenu de Base.
travail
emploi
activité
chômage
argent
rémunération
temps de travail
salariat
esclavage
liberté
désir
altruisme
égalité
envie
domination
expérimentation
temps partiel
temps choisi
temps libéré
économie
initiative
autonomie
hyperactivité
motivation
temps
droit à la paresse
mouvement slow
végétarisme
pollution
a-croissance
décroissance
énergie
ressources
marché
transition
négawatt
pétrole
minerais
eau
soleil
lumière
choix
écologie
automobile
transports en commun
productivisme
automatisation
robotisation
productivité
obsolescence programmée
libre pensée
religion
croissance
croyance
consommation
rentabilité
compétition
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Dérangeur de pensées en rond. Since 1983.
Le 10/05/14 à 12:55,
par Remiii
Re: Musique et Revenu de Base.
Cela peut passer pour une étourderie ou un oubli mais ce n'est pas le cas et tout le contraire : l'absence de définition clairement posée de ce qu'est (ou pourrait être) le Revenu du Base dans le message initial de ce blog est... volontaire.
Puisque les sources manquent de moins en moins sur le sujet et que ces idées, déjà conceptualisées il y a plus de 200 ans par Thomas Payne, sont réactivées grâce à la magie d'internet et à cause de l'impasse à multiples non-issues dans laquelle nous nous trouvons, c'est à vous de creuser le sillon vers celles-ci pour y accéder, quitte à douter en permanence, rien de plus jouissif, au final. "Est-ce que je me trompe ?".
Et puisque vous êtes grands et autonomes, vous pouvez chercher par vous-même ce qui se cache derrière cette dénomination, vous l'approprier, la perfectionner, la soumettre au débat ou lui préférer une des variante telle que l'Allocation Universelle d'Existence, Dotation Inconditionnelle d'Autonomie ou le Salaire à Vie. On peut même penser que c'est la démarche vers ce courant d'idées (et leur mise en place) qui est hautement stimulante pour l'individu, plutôt que de les gober comme si elles sortaient de la bouche d'une icône vénérée.
Vous n'avez pas besoin qu'un guide suprême, garni d'une équipe de prosélytes, apporte une réponse clef en main aux problématiques du moment. Déjà essayées par le passé, que ce soit derrière des faisceaux ou sous un marteau et une faucille, les idéologies prêtes à l'emploi ne nous ont pas emmené bien loin.
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Dérangeur de pensées en rond. Since 1983.
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Le 10/05/14 à 12:57, par Remiii
Re: Musique et Revenu de Base.
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Le 12/05/14 à 22:39, par flyingdust
Re: Musique et Revenu de Base.
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Le 14/05/14 à 21:34, par supermatou
Re: Musique et Revenu de Base.
Tout pareil !
En même temps, je viens de relire T'choupi contre le nounours flatulent, et ça pose quand même pas mal de question.
Mais pour revenir à ce sujet très particulier qu'est le RDB, je vais effectivement tenter de lire ces longues tirades et de participer au débat.
Non parce que rien que de lire que c'est à cause de la suppression de l'assurance chômage chez les rosbeefs qu'ils n'ont pas eu de nouveaux Beatles, c'est résumer la vacuité créative actuelle anglo-saxonne trop assise sur ces fameux lauriers des 60's, et de trouver cet argument fallacieux, pour pallier leur perte d'influence mondiale musicale en matière de rock'n'roll au sens large.
...car depuis 30 ans, ils croient tous outre-manche qu'il suffit de commencer leur nom de groupe par "the", pour faire carrière.
bon, c'est un avis très brut, voire volontairement provocateur, faut pas croire non plus qu'ils ne font plus rien de bien.
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Le 30/05/14 à 20:38,
par Remiii
Re: Musique et Revenu de Base.
Pour prouver que le Revenu de Base n'est pas uniquement la dernière lubie en date d'alternos-décroisso-anarchos-utopistes mais qu'il est aussi partagé par des individus placés sur la moitié (très à) droite de l'échiquier politique, on peut aborder d'autres notions qu'il touche : la géographie et les mouvements migratoires. Comment ça ? Me direz-vous.
Eh bien réfléchissons un peu, dans le cas d'un Revenu de Base (ou RdB) dont la définition limite l'application au continent européen ou d'une Allocation Universelle d'Existence (AUE) étendue aux individus du globe tout entier, aux questions qui pourraient être soulevées et aux solutions apportées.
Actuellement, la situation est peu ou prou la suivante et risque fortement de s'accentuer à l'avenir (pression démographique, pollutions diverses, ressources naturelles en décroissance) si rien n'est envisagé de façon responsable : des populations entières stagnent dans la misère en nous regardant continuer de croquer le gâteau des ressources naturelles (lesquelles proviennent majoritairement de leur propre sous-sol, ironie du sort). Parmi elles, quelques milliers d'individus quittent leurs régions d'origine pour tenter de rejoindre les territoires remplis de marchandises, d'opulence et, même si la notion est à manipuler avec beaucoup de précaution, de bonheur, du moins d'une stabilité matérielle. Et cela n'est pas sans provoquer quelques remous, au moins sur la scène politicienne.
L'instauration d'une AUE, puisque en l'occurrence, l'exemple évoqué est celui de l'Afrique vis à vis de l'Europe, aurait tendance à "fixer les populations" afin que celles-ci ne se sentent moins incitées à migrer en quête (illusoire) d'un avenir meilleur et seraient moins incitées à le faire sous diverses pressions. Et, de façon complémentaire, avec une AUE, rien n'empêcherait des individus à changer de région (du globe) pour s'installer et mener une vie autre. L'AUE, étant reversée à chacun-e (migrants et autochtones), les migrants ne seraient plus perçus comme d'affreux prédateurs-voleurs-criminels potentiels par les autochtones mais en des individus voulant changer le contexte de leur existence. L'AUE serait une excellente béquille à la liberté de circulation et d'installation des individus.
En changeant d'échelle et en passant au niveau européen et donc en restant au stade du RdB, le phénomène est strictement le même sauf qu'au lieu de mettre en comparaison des continents, ce sont seulement les pays du continent européen (déjà forts en disparités) qui se verraient appliquer la même potion avec toujours cette idée de neutraliser les individus afin qu'ils construisent leur avenir ici et maintenant plutôt que de courir derrière des promesses d'un ailleurs meilleur, au péril de leurs vies. En revanche, limiter un RdB à l'Europe verrait se créer une problématique aux marges de la zone géographique concernée. Que faire des populations vivant dans les territoires limitrophes où le RdB n'aurait pas cours ? L'Europe-forteresse ne devrait donc pas fortifier ses moyens de répression (Frontex et autres) et ainsi conforter le décalage existant actuellement ? Le RdB ne serait-il pas d'emblée obsolète et nécessiterait la mise en place d'une AUE ? Et que ce passe-t-il dans les zones frontalières entre 2 pays d'Europe où s'appliquerait le RdB mais où le "niveau de vie" est sensiblement différent à quelques kilomètres seulement ?
Resserrons encore le focus et on se rend compte qu'un RdB, au niveau d'un pays, n'est pas exempt de problématiques prenant en compte la composante géographique (et sociale). Attribuer le même montant à un individu vivant en autarcie quasi-totale et n'ayant pas de frais de logement en pleine campagne et à un individu noyé dans la jungle urbaine ayant toutes les notes de frais à régler, notamment le logement, est-il si égalitaire que cela ? Mais en même temps, cela permettrait à chacun de se dire, quelque soit sa situation (géographique) : "Je suis ici à ce moment de ma vie et j'ai ce (complément de) revenu qui m'incite à agir de façon construite.".
Enfin, poussons le raisonnement afin de se demander pourquoi est-ce que des phénomènes migratoires ont lieu et on peut se demander si à l'intérieur même du pays qui nous tolère (le temps de notre cours passage entre ses frontières terrestres), nous ne sommes pas des migrants en puissance. Finalement, au nom de quoi est-ce que je devrais traverser le pays pour trouver un "emploi" et ainsi assurer ma survie ? Si la société n'est pas capable d'assurer ma (sur)vie là où je suis arrivé, n'est-ce pas un signe de la faiblesse, de la maladie de cette société ? Voilà des questions auxquelles un RdB-AUE ne manqueraient pas d'apporter un lot d'éléments intéressants à étudier.
L'AUE-RdB plaçant l'individu au centre des choix de sa vie en lieu et place du mécanisme économique, des contraintes sociales ou des tensions politiques, elle aurait le "mérite" de le faire réfléchir à deux fois avant qu'il ne prenne une décision tandis qu'actuellement l'individu prend une décision en dernier lieu, après avoir fait le tour des critères économiques, sociaux et politiques.
En guise de conclusion, tout comme les idées de l'AUE-RdB provoquent un malaise chez les populations qui n'en ont jamais entendu parlé (et il est aisé de le comprendre), je suis bien conscient que d'aborder la question de l'immigration de la sorte n'est pas forcément bien ressenti par les promoteurs les plus courants du RdB, les fameux alternos-décroisso-anarchos-utopistes, mais c'est ainsi que le débat peut se permettre d'avancer : en confrontant ses idées (et en se faisant plein d'ennemis).
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