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Édité le 17/02/2011 à 14:13
L'ellipse de la rondelle.
Je vois déjà les regards effrayés, les mines déconfites et les yeux écarquillés à la vue de ce titre. Rassurez vous, il n'est nullement question d'analyser, à l'aide de théorèmes issus de la Résistance Des Matériaux, de quelle façon une rondelle de métal, soumise à deux forces attelées à deux points diamétralement opposés et agissant en des sens et des directions inverses et orientées vers l'extérieur, se transforme en objet ovale.
Il y a pas mal de circonstances dans la vie qui font qu'on peut avoir besoin de 15 rondelles en inox de taille standard pour vis M8 disposant des dimensions suivantes : 16mm x 8mm x 1,6mm (diamètre extérieur x diamètre intérieur x épaisseur). Il y a (au moins) deux méthodes pour s'en procurer.
La première consiste à se rendre dans le magasin A qui a le mérite de vendre de jolies rondelles, conformes à mes attentes, présentées en vrac dans des petits bacs en libre-service. Ravi et enchanté d'avoir trouvé les objets de mon désir, sans omettre de vérifier qu'ils étaient tous identiques et après avoir compté et recompté leur nombre (15), je me dirige donc vers la caisse, non sans une certaine fébrilité. L'employée dépose alors le petit amas de métal sur une balance, sans prendre la peine de compter la quantité d'objets présents, le tarif étant déterminé au poids (et non à l'unité). C'est alors que la surprise, en plus d'être au rendez-vous, est bonne, je vous laisse le soin de juger : 0,30€ net TTC, marge incluse. Le sourire de la caissière aussi. 2 balles quoi, pour ceux qui ont du mal à franchir les portes du marché libre et non faussé de la péninsule européenne.
La seconde consiste à se rendre dans le magasin B (de la même bourgade) qui a le mérite, lui aussi, de vendre de splendides rondelles, toujours aussi conformes à mes attentes. Mais il y a comme un début de commencement de doute. Ces fameuses petites rondelles, encore et toujours répondant aux normes de la dimension M8 selon la convention ISO 10673, encore et toujours au nombre de 15, est affiché au prix de 2,65€. Oui, tu as bien lu. Plus de 17 francs, quoi. Presque une place de cinéma, certes au tarif "jeune", dans ma cambrousse de province au tournant du siècle dernier. Mais c'est que les agents "communication", "marketing" et "technocratie" sont passés par là entre-temps. Supposons que le magasin A, en usant de sa méthode de vente pour le moins directe, soit trop laxiste... Le magasin B voit les choses en grand, lui. Les 15 rondelles sont emprisonnées dans une coquille plastique, qui en plus d'être outrageusement sur-dimensionnée, est thermoformée (les curieux se renseigneront mais tout le monde en a déjà vu), scellée certainement par ultra-sons et comme si le gaspillage d'énergie, de temps et (donc) d'euros n'était pas suffisant, le tout est accompagné d'un carton imprimé recto/verso judicieusement présenté dans la boîte translucide.
On comprend aisément la différence de tarif, que dis-je, d'honoraires, dans ce second cas où il faut régler, sans que je puisse être exhaustif, l'encre, le carton, le plastique ainsi que l'acheminement (de préférence par camions) de tous les éléments les uns vers et/ou dans les autres, ainsi que les "cerveaux" qui ont conspiré à un tel projet (comme la réalisation et la conception -bien que basique- du moule de thermoformage, de la machine à découper le carton, l'imprimante et bien d'autres...), l'électricité, la marge de chacun des intervenants (des ouvriers aux dirigeants en passant par les cadres et les managers) de la chaîne de ce processus diabolique sans oublier... les rondelles et leur fabrication, bien sûr.
L'ironie du sort voudrait que les rondelles vendues dans le magasin A et dans le magasin B ait été fabriquées dans le même pays, dans la même usine, sur la même ligne de production, par la même machine, machine conduite par le même ouvrier, rondelles produites dans la même minute et peut-être la même seconde, vues les cadences possibles de ce type d'outil.
Si l'exemple, ici, est flagrant et grossier, on peut regarder autour de soit et le répéter à l'infini, ou presque.
Certes, par la méthode employée, le magasin B est générateur d'emplois (disons plutôt de "jobs" ou de "taffs") et tire la (sacro-sainte) "croissance" vers le haut. Mais quid de la finalité desdits "emplois", des ressources de la planète (qu'il faudrait sauver...) et de la "rationalité" dans le sens le plus noble du terme ?
Février 2011.
> Commenter le blog. 3 commentaires Tags : Société
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Le 17/02/11 à 12:00,
par beetlejuice
Re: L'ellipse de la rondelle.
Les deux défunts de Coil auraient certainement apprécié.
Sinon une solution simple a ce probleme: toute le monde achete ses rondelles au magasin A. Comme ca, le magasin B se met a faire comme A s'il veut pas couler, et la planete est sauve :-)
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Ave Atque Vale
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Le 06/08/11 à 05:45, par Anonyme
Re: L'ellipse de la rondelle.
Le 07/12/13 à 07:39, par RemiiiRe: L'ellipse de la rondelle.
"Tout le monde achète ses rondelles au magasin A !" Sauf que le magasin A doit faire 500 m² et est une boutique unique, isolée, indépendante. Et que le Magasin B doit faire 5000 m² et fait partie d'une chaîne d'une centaine de magasins de la même enseigne, le tout intégré à un réseau de distribution international soutenu par des agences de publicités aux budgets colossaux.
Et quand on sait que le budget mondial de la publicité équivaut au tiers du budget mondial de l'armement, on peut se permettre de se demander si l'économie (capitaliste, qu'elle soit d'Etat ou de Libre-échange) n'est pas la continuation de la guerre par d'autres moyens. Soulever la question est déjà commencer à y répondre.
Sur le(s) sujet(s), lire, entre autres, Le socialisme sans le progrès (Editions La Lenteur - 2011) et Une tragédie sans héros : essais critiques sur la politique, la guerre et la culture (1938-1957) (Editions de l'Encyclopédie des Nuisances - 2013) de Dwight MacDonald (1906 - 1982). Quelque part entre Günther Anders et George Orwell.
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