Zone Libre VS Casey & B.James - Les contes du chaos Avec un titre d'album aussi explicite, difficile de ne pas s'attendre à quelque chose de sombre, de crasseux et de violent. C'est en tout cas l'univers dans lequel s'est dirigé le trio de Zone Libre qui reprend les armes tout juste deux ans après L'angle mort avec son arsenal doté de douze cordes, de futs solides et de plumes acides. Cette œuvre ambivalente mais néanmoins originale nous démontrait qu'il était encore possible de nos jours de mettre le son du rock au service de textes rappés sans tomber dans le réchauffé. Pour ce nouvel album, la bande de Serge Tessot-Gay (Noir Désir) remet donc en selle la configuration "groupe de rock VS duo de rappeurs" mais sans Hamé (La Rumeur) cette fois-ci, trop occupé par ses études pour poursuivre l'aventure. B.James, qui a terminé la tournée précédente, prend donc les commandes vocales en compagnie de la seule représentante féminine du projet : Casey. Cette dernière n'est d'ailleurs pas là pour jouer le rôle de la "pouf" de service délivrant des chœurs mielleux qui font bien dans les refrains, son organe sonnant, à l'instar de Keny Arkana, comme celui d'un mâle hargneux. Voilà donc pour le casting qui s'est plutôt bien trouvé. Pour ce qui est du contenu, Les contes du chaos sont une succession de plages musicales corrosives ou chaque mot, verbes et phrases défonce un peu plus les non-dits, un peu comme si Chuck D se tapait une session avec les mecs de Rage Against The Machine ou autres formations portées sur l'élaboration de compositions brutes de décoffrage. C'est dans une fusion rock-noise criante et baveuse ou "free-rock" - comme ils aiment se qualifier - que Zone Libre s'expriment. Les guitares crachent des décibels à travers des fréquences variables où les riffs racés et classieux (mais classiques) croisent les notes perçantes traduites comme un appel au désespoir. Enregistré dans des conditions purement live, ce nouvel album nous offre l'authenticité d'un monde bien morose dans lequel sévissent deux entités underground (donc libres). Le ton est donné, comme celui de sa pochette, il sera noir.