Enfin, je peux parler du nouveau disque de Zone Infinie, mes actuels chouchous du punk-rock français, chanté dans la langue de Molière ! Statut qu'ils occupent depuis fin 2015. Ce n'est pas que je l'écoutais secrètement, de manière ultra privilégiée depuis des mois et qu'il pouvait enfin être révélé à la Terre entière. Non, tout le monde peut le télécharger gratos sur leur page bandcamp depuis fin novembre 2021, date à laquelle ils avaient vraisemblablement reçu et validé le master, directement mis à dispo digitalement et librement, comme le reste de leur discographie. C'est juste que la version physique d'Atomisés (LPs noirs ou roses) a été livrée au groupe plus d'un an après ! On remercie le retour du vinyle, les majors qui passent devant les petits labels pour un énième pressage d'un album rentabilisé depuis 40-50 ans ou pour le dernier Adèle (au hasard). Compliqué je pense pour les labels indés de prévoir, programmer, bosser une sortie de disque quand il y a autant de délais et d'aléas. Et que dire des groupes eux-mêmes, qui vont défendre sur scène et vendre un disque au merch (pas cher ici, 10€, respect !), avec des chansons composées au moins deux années en arrière, si l'on compte le temps de l'enregistrement, du mix etc... Situation plus qu'ubuesque, qui semble devenir la norme.
Sinon sur ces 6 titres, Zoninf' poursuit la mutation entamée avec Dégâts, leur précédent 45t (2020). Quand on a adoré un groupe sur un album, on a souvent la fâcheuse tendance à vouloir qu'il refasse la même chose encore et encore. C'est comme ça, c'est humain et ne me dis pas qu'en concert, ce ne sont pas les titres les plus anciens que tu kiffes le plus. On ne va pas se mentir, c'était un peu mon ressenti quand je les ai vus tout début janvier au CICP à Paris. Ils auraient donc pu surfer sur le « succès » (guillemets de rigueur) mais comme ce sont des vrais punks, qu'ils ne veulent pas céder à la facilité et semble avoir envie d'expérimenter un peu, ils n'ont pas hésité à sortir de leur zone de confort. Elle est infinie de toute façon, pourquoi se priver. Entendons-nous bien, quand je parle d'expérimentation, on gravite toujours autour d'une base très punk-rock, même s'il est vrai que de plus en plus, les influences rock alterno 80's se font ressentir. Je sais que le chanteur aime bien (entre autres) la Mano Negra, vous appréhenderez sûrement l'écoute d'"Un autre vieux jour" ou le swingesque "En plan" différemment avec cette info. À défaut de rester en ville (gentrification oblige), on reste davantage en terrain connu avec "Atomisés", le morceau éponyme ou mieux, "Les accidents", pur tube comme ils peuvent en écrire, ultra tendu, avec un riff hard-rock en plein milieu de fort bon aloi. La véritable surprise en revanche, le moment de grâce de ce disque, vient de la reprise "Génération désenchantée" de Mylène Famer, un temps intitulée "T.K.O". Là encore, ils auraient pu se contenter de reprendre cet hymne pop en l'accélérant un peu pour en faire une version punk classique mais non, pas la Zone. Ils se l'ont complètement appropriée, de telle sorte qu'on la reconnaît mais pas forcément tout de suite, il faut pour ça attendre le refrain et là on crie au génie. Une méga reprise de la mort qui tue qui déchire, qui aurait eu sa place de choix dans la rubrique du même nom de feu mon émission de radio.
Bon les gars, maintenant que vous avez stabilisé le line-up avec l'arrivée de Seb Radix à la deuxième guitare et Thomas (Meurtrières) à la batterie, après ces deux EPs, on veut bien un nouvel album long format et avant 2025 si possible.
Publié dans le Mag #54