...Et en guise d'ouverture, Shiko Shiko, quartet lillois dont la folie ne se mesure qu'avec le temps. Ouvrant fougueusement mais finalement assez poliment au vu de la suite, Shiko Shiko a gratifié l'assemblée d'un set brouillant les esprits et noyant tout recul dans un bordel organisé, fougueux et communicatif par touches de pop synthétique matheuse et noisy. Le groupe est musicalement bavard, et sa composition fournie aurait pu avoir raison de moi, et de ma seule bière alors ingérée, si le temps de set n'avait pas été au final si court. Souvenir d'une première partie que je ne manquerai pas de transformer si d'aventure Shiko Shiko passait de nouveau à Lyon pour une soirée en haut de l'affiche.

zombie zombie - live C'est par une bande son, ambiance très récital de Bach au Moog façon Wendy Cargos que la première pierre spirituelle de la soirée a été posée. Tandis qu'un acteur de série B déclamait une tirade apocalyptique sur fond de bien et mal, le groupe à pris place dans une configuration sans équivoque : deux batteries face à face au premier plan, et une installation de synthétiseurs. Pour moi c'est évident, c'est un peu comme un autel devant lequel s'érige fièrement le messie entouré de ses apôtres. Non ? La vérité, c'est là toute l'idée que je me faisais d'un live de Zombie Zombie, le collectif recherche l'état de transe, les titres sont minimaux dans des formats qui ont l'air libres et souvent improvisés. Et instantanément ça fonctionne. il n'a pas été compliqué pour les personnes présentes d'infiltrer ces nouveaux titres. Séduction instantanée, tout est dans le ressenti : les premières basses séquencées donnent une prise directe dans le sol, organique. Ça se trémoussait à tout va dans la salle, du vieux fan de Carpenter aux cheveux déjà blancs au hipster qui tente, pour plus de street crédibility, de retenir le bassin. Comme un écho un peu lointain j'ai cru entendre un vieux live de Soulwax "Part of the week never die" : hypnotique, acide, suggestif et dansant...

Zombie Zombie cherche l'état, la danse, la transe, qu'importe les moyens. Il faut pour cela utiliser un format un peu récurrent qui ne laisse pas la place à de grosses cerises sur le gâteau. Ouais, le gros sax suant et érotique dégainé aux deux tiers du set, bien que délicieux, ne suffit pas à compter. Le set minimal est répétitif mais c'est caractéristique de cette musique brute, primaire. Toutefois La vraie difficulté est de rester "juste dans ce que l'on propose et la manière dont on le propose. C'est à ce moment la que Zombie Zombie a frôlé l'écueil. Une fois le concert terminé, au moment de la dernière clope, où les analyses à chaud vont bon train, j'en entendais ici et la se plaindre de la récurrence des moyens chez Zombie Zombie. Alors OUI c'était vivant et ça fait plaisir. Là où il y a parfois des sets électroniques un peu figés, on avait ici le droit à toute les vagues du geste humain et c'était appréciable, même si parfois, le manque de mise au point technique des deux batteries sentait plus le manque de pratique qu'un geste héroïque avorté dans l'oeuf. Rappelons tout de même que cette date était la première dans cette formation. Seulement le groupe a par moment, coupé tout lien avec le public et s'est enfermé dans une sorte d'autisme où les interventions pas toujours justifiées se multipliaient, brisant la mécanique du show et amenant quelques longueurs qui nuisaient à l'efficacité de la soirée.
Un Show de 2 heures jouant au yoyo avec notre cœur et attention. Peut-être un tantinet long ou juste mal alimenté. Difficile à dire. Au final, je ne sais plus s'il reste quelque chose dans la musique de transe quand on vient casser cette cinétique : il est très compliqué de pénétrer de nouveau cette bulle après s'être fait perdre en chemin. En guise de rappel, si mes souvenirs sont exacts, le groupe a gratifié la salle d'un titre tiré de A land for renegades : "Driving this road until death sets you free" a pu permettre de raccrocher les wagons. Il est malheureusement arrivé un peu tard pour moi et c'est transpirant, un peu déçu, que j'ai quitté la salle du Marché Gare.