Rock Rock > Zëro

Zëro / Chronique LP > Ain't that mayhem ?

Zëro - Ain't that Mayhem ? Voilà une pochette d'album qui symbolise parfaitement l'univers musical du groupe. Parce que l'on pourrait zapper Zëro, si on ne fait pas l'effort de tendre l'oreille ou de poser son regard, en n'y voyant qu'un dessin abstrait grisâtre pour une musique indie rock alanguie. Alors prends le temps d'observer cette pochette au très beau dessin post apocalyptique et pose-toi pour écouter ce très bon post rock complexe et intriguant de Zëro. Avec un paquet d'albums dans le magasin, ce trio lyonnais bien aguerri (les membres ayant déjà sévi au sein de Deity Guns ou le mythique Bästard), maîtrise donc l'alchimie sonore depuis quelques décennies. De ces formulations insaisissables et atmosphériques, ces partitions noise, electro, post rock, dans lesquelles les voix murmurent, gémissent, psalmodient sans vraiment émerger. Toutes ces bribes sonores, tels de délicats et fragiles ruisseaux se rejoignent progressivement en un cours d'eau puissant et calme. Et tel un fleuve qui cache sous le miroir de l'eau une force gigantesque, si tu t'aventures dans cet Ain't that mayhem ?, tu te retrouveras emporté sans ménagement. Lâche prise et laisse toi entraîner dans ce sympathique courant.

Publié dans le Mag #34

Zëro / Chronique LP > San Francisco

Zëro - San Francisco Zëro ou l'archétype du groupe qui ne paye pas de mine mais qui pourrait tout à fait jouer dans la cour des grands. Petite rétrospective : le trio lyonnais évolue sous les radars depuis près de 10 ans. Leur formule batterie-synthés-guitare-voix a déjà donné lieu à près de 7 sorties depuis 2007. C'est donc un groupe aguerri et prolifique qui livre en 2016 San Francisco. Un album qui interpelle d'emblée avec un premier titre insaisissable, et une suite toute aussi désarçonnante. Ici les étiquettes (rock, garage, jazz...) sont aussi improbables qu'inutiles. On sent que les musiciens ont dépassé depuis longtemps les querelles stylistiques pour se concentrer sur l'essentiel : leur propre plaisir, leur propre phrasé. On passe ainsi d'une musique brutale à des ambiances ténébreuses et délicates (le superbe « San Francisco ») dans un tout maîtrisé, libre et fluide. Un LP impressionnant et captivant.