Rock Rock > Zach Hill

Biographie > Quand le petit Zach tape sur ses fûts

Au royaume des batteurs oeuvrant dans des registres rock/metal, délicate est la tâche de passer outre les visages connus, soit en vrac, les Stewart Copeland, Dave Grohl (Foo Fighters, Probot), Mike Portnoy (Dream Theater), Lars Ullrich (MetallicA) et le "maître" Dave Lombardo (Slayer, Fantômas, Grip Inc.). Mais parmi ces matraqueurs de fûts, forcenés de la double pédale et virtuoses de la caisse claire, difficile de passer à côté du cas Zach Hill. Originaire de Sacramento, comme les Deftones, l'homme est surtout connu pour être la moitié du prolifique et inventif duo math-rock Hella, mais également respecté, notamment par ses pairs, via ses collaborations pour le moins prestigieuses au nombre desquelles on citera notamment Goon Moon aux côtés de Chris Goss, Team Sleep, Crime in Choir, The Ladies (projet mené en duo avec le frontman de Pinback, Rob Crow), ou Bygones (avec Nick Reinhart de Tera Melos). Pour l'anecdote, il a également participé brièvement aux débuts du side-project de SOAD, Scars on Broadway. Après avoir sorti une dizaines de disques (EP et LP) avec Hella et au moins autant par le biais de ses nombreux projets et collaborations, Zach Hill sort en 2008 son premier (double) album solo via Ipecac : Astrological Straits et participe au projet Sol Invicto aux côtés de Stephen Carpenter (Deftones).

Zach Hill / Chronique LP > Astrological straits

Zach Hill - Astrological straits A la première écoute, on est complètement égaré dans la nature, à la seconde, c'est guère mieux. Après c'est pire... et toutes celles qui suivront ne serviront qu'à nous conforter dans nos certitudes, Astrological Straits est un disque abscons. Le constat est lapidaire. Mais en même temps, ce double album est quasi impossible à écouter deux fois de suite tant le menu se révèle parfois indigeste. "Iambic strays", "Toll road", "Street people, "Dark art", les premiers titres défilent et déjà le temps semble long. De petits ovnis sonores en élucubrations complètement barrées, le néanmoins ultra-talentueux Zach Hill semble s'être offert ici un trip sous acide enfermé en studio. Le résultat est aussi régulièrement déjanté que par moments agaçants et nous, on reste sur le bas-côté ou on s'accroche tant bien que mal. Techniquement, c'est brillant mais stérile, la moitié de Hella empilant ici les moments de bravoure derrière les fûts pendant que le reste ne semble servir qu'à meubler. Par conséquent, aussi intelligent et brillamment inventif que soit Zach, il ne ressort de l'heure de musique que compte Astrological Straits qu'un sentiment d'ennui profond sinon d'exaspération polie tant on sent bien qu'il est surtout question ici de faire ici la démonstration d'une virtuosité technique hors-norme. Solo de batterie interminable, ("Uhuru"), des exercices de style débordant d'autosatisfaction à la limite de la prétention, le déballage formel n'empêche pas cet album de manquer singulièrement de mélodie, de structure, d'arrangements, en clair de tout ce qui fait qu'on aurait voulu éviter la bouillie sonore d'un "Momentum" ou d'un "Tick on". Et comme au niveau vocal, ce n'est pas vraiment plus brillant, on a de quoi rester sur la réserve. Certes, l'éponyme "Astrological straits", sauve ce qui peut être encore sauvé, mais c'est bien là l'un des rares seuls morceaux de l'album à surnager (avec "Stoic logic"). Quant à la demi-heure de "Necromancer", morceau-fleuve free-jazz/rock expérimental interminable figurant sur le deuxième CD, difficile, très difficile est la mission de parvenir à l'écouter d'une seule traite. Finalement, ce n'est même pas l'appétissante brochette d'invités qui redore le blason de cet album définitivement poussif. Les Claypool (Primus), les No Age ou Chino Moreno (Deftones, Team Sleep) ont beau être de la partie, Astrological Straits n'a définitivement rien d'un bon banquet, tout juste d'une petite sauterie avant le dîner... Tout ça pourquoi ? On cherche encore...