Yarol Yarol Bonjour, merci de nous accorder cette interview, on va peut-être commencer par une chanson d'actualité comme "La pluie", vu qu'il pleut aujourd'hui et que ça pourrit un peu la réouverture des terrasses. Mais a priori, tu as fait une nocturne hier avec Lescop pour préparer le clip de cette chanson. Ça s'est passé comment ?
Super, très cool. Ça va être un très beau clip. La réalisatrice a déjà fait plein de trucs. Ce n'est pas la première fois qu'elle réalise vraiment un clip comme ça, mais dans ces conditions-là, un vrai budget, une vraie équipe c'est une première. Cela va être de très belles images. On a fait pleuvoir dans un entrepôt avec un artificier qui nous a amené une super machine à pluie. Eh ben voilà, il y a tout un jeu entre le groupe et moi et Lescop, mais je vous laisse aller voir la vidéo.

Revenons à l'album et à sa pochette, as-tu des anecdotes quant à sa réalisation ?
La seule anecdote que je pourrais avoir sur la pochette, c'est que, en général, c'est toujours un process un peu long, fait de beaucoup d'allers retours avec les graphistes. Il y a beaucoup d'échanges, on n'est pas sûr de notre coup. Quelquefois, ça m'est arrivé de retarder des sorties d'albums parce qu'on n'était pas content de la pochette. Pour cette pochette, ce sont donc des musiciens qui sont aussi graphistes sous le nom de S4V4G3. Un groupe qui s'appelle Omar Jr et qui ont notamment un compte Instagram assez bluffant, très graphique, et très beau. Et on est tombé là-dessus avec Caroline (NDLR : réalisatrice du clip "La pluie" et femme de Yarol). On a trouvé leur univers assez trippant, et il se trouvait qu'on les connaissait bien et que nous avions des copains en commun. On les a donc contactés et un des deux membres est venu à la maison. Je lui donne une copie du disque, on a parlé un petit peu, je lui ai expliqué que je voulais un truc pour faire le contrepied de l'album précédent au niveau du visuel ; le précédent était plus dans un code très noir et blanc. Là, on voulait un truc très coloré, un peu plus psyché. Il est rentré chez lui, et dès le lendemain il nous a envoyé la pochette finie. Donc ça a été vraiment, très rapide et une collaboration très efficace. Autour de ma photo retravaillée, ils ont cherché à représenter un petit peu chacun chaque chanson de l'album par un élément de graphisme. En décortiquant le truc, on se rend compte qu'il y a un crocodile, des explosions, qu'il y a de la pluie, la baie de Rio, et la voiture qui est une Chevrolet, etc.

On a vu que dans ce patchwork, tu avais invité un certain nombre d'amis. Comment s'est faite la sélection ? Comment as-tu décidé de faire jouer tel artiste sur telle chanson ?
En fait, si tu veux cela a commencé par la présence à Paris, pendant l'enregistrement de l'album de mon ami Olivier Arast du groupe Lindigo, qui a pris la relève du Maloya à la Réunion. Nous avions collaboré sur une création pour les Vieilles Charrues il y a deux ans, qui s'appelait Lindigo Connexion avec d'autres artistes internationaux. Il m'appelle et me dit : "je suis à Paris". Je lui ai dit : "Écoute, passe au studio nous sommes en train de mixer". Il passe au studio. Il écoute une chanson et je lui dis : "Ce serait cool que tu interviennes sur le titre". Donc, du coup, tout simplement, il est passé de l'autre côté de la vitre et il a pris un micro. Il a commencé à improviser quelques phrases sur la chanson notamment sur une partie sur laquelle on ne savait pas trop quoi faire au niveau du chant. Il a trouvé sa place naturellement après coup. Grâce à lui, je me suis dit que ce serait vraiment cool et cela me ferait marrer d'avoir plusieurs intervenants sur l'album. Du coup, Lescop, qui avait écrit les paroles avec moi de plusieurs chansons en français, notamment celles de "La pluie", c'était donc naturel qu'il chante sur l'une de ses chansons. On avait une autre chanson qui s'appelle "The detonator", sur laquelle il y avait une partie vocale très aiguë que chantait le mec avec qui j'ai écrit cette chanson, Victor Mechanick. C'est lui qui chantait ça, vu qu'il chantait déjà beaucoup sur l'album et qu'il avait déjà un autre duo avec moi sur la chanson "Chevrolet", on s'est dit il faudrait qu'on appelle Warren du groupe Ko Ko Mo, avec lequel on avait partagé l'affiche, en 2019 sur un festival. Je l'ai appelé, je lui ai proposé de venir pousser une gueulante sur la chanson, il en était ravi. On a passé deux jours super à Paris à travailler sur le titre. Ça s'est fait aussi de manière très naturelle. Et puis il restait évidemment Marco. Je me suis dit que ça me ferait plaisir, surtout sur cette chanson "Television". Il y a une partie vers la fin qui me faisait vraiment penser à un morceau de FFF, un peu dans l'énergie et dans le côté mélange des styles. Du coup, je l'ai appelé. Donc, c'est vraiment une histoire de copinage, de rencontres. Tout s'est fait de manière très naturelle et à chaque fois en direct dans le studio ensemble. Et ça n'a pas été des trucs qu'on a fait par managers interposés et à distance.

Est-ce qu'on peut se tourner vers l'avenir ? On est le 19 mai, on commence à réouvrir. Il y a une date prévue à Paris. Tu commences à pouvoir te projeter pour la tournée pour défendre le disque ?
On a en effet cette date à la Maroquinerie, le 17 novembre. On en est très content. On va peut-être essayer d'en caler une ou deux au préalable. On a quelques concerts cet été, mais qui sont des trucs qui ne sont pas forcément dans le cadre de la tournée officielle, parce que tous les festivals "officiels" ont été plus ou moins annulés. Donc, on s'est débrouillé pour faire des concerts via des connexions et via des potes, notamment une date ou deux dans les Deux-Sèvres, dans un coin que j'aime beaucoup. On va essayer d'aller jouer pour un festival en Corse, s'il se fait. On n'est pas encore sûr. On prospecte et avec ma bookeuse, on s'est dit que si il y avait une opportunité, on se mettrait dessus. Donc voilà, on est prêts pour une tournée entre guillemets plus conventionnelle, même si on espère que ce ne sera pas trop conventionnel.

On serait donc plutôt sur 2022 ?
Malheureusement, je n'ai pas de boule de cristal. Je n'ai pas envie non plus de faire des concerts assis en jauge réduite. Enfin, j'en ai fait quelques-uns entre les trois confinements successifs. Mais c'est bizarre de faire un concert de rock devant une salle de 300 places, devant 30 personnes assises, séparées masquées. Ça nous enlève un petit peu du kiff du truc, mais c'est mieux que rien dire. Mais voilà, je préfèrerais quand même vraiment repartir en tournée d'une manière normale, pour retrouver des sensations.

Quel est ton meilleur et pire souvenir de concert ?
Il y en a eu plein. Effectivement, jouer à Glastonbury avec FFF dans les années 90 était un truc de dingue. La première fois que j'ai joué à l'Olympia c'était une sensation de fou aussi. Évidemment, certains concerts avec Johnny. Le premier Bercy qu'on a pu faire quand je suis monté sur scène avec Johnny, c'était dingue. J'avais vu tellement de concerts dans cette salle, de l'autre côté, dans le public. Le fait de me retrouver sur scène à Bercy avec lui, en plus, c'était ouf. Il y a des concerts aussi dans des caves de mon quartier à Pigalle avec Black Minou devant 50 personnes, 50 personnes bien tassées les unes contre les autres, qui sont des souvenirs fantastiques aussi. Des bons souvenirs de concerts j'en ai des tonnes.
Alors maintenant des mauvais souvenirs de concerts ? Oui, je dois en avoir, j'ai tendance à essayer de les oublier le plus vite possible et en général, ce sont des souvenirs qui sont liés à des problèmes techniques ou des incapacités de jouer. Sur la dernière tournée, un soir, j'étais vraiment totalement aphone. Alors oui, ce n'est pas cool de monter sur scène, incapable de chanter, alors qu'il y a des gens qui sont là, qui attendent le concert. C'est vraiment une très mauvaise sensation, ce n'était pas très cool. Ou alors des concerts annulés alors que des conditions fantastiques t'attendent. On prépare, on s'installe, on se dit tiens, ça va être génial ce soir. Et puis, au moment de jouer des trombes d'eau, concert annulé, rapatriement sous une bâche, la sono qui pète... tu comprends pourquoi j'essaie de ne garder que les bons souvenirs.

Yarol - Hot like dynamite Si jamais tu devais faire un guest, quel serait ton featuring idéal ?
Il y a beaucoup de gens dans les stars internationales. Je pense évidemment que ça va faire plaisir à notre ami Thibault (NDLR : son attaché de presse). Bien évidemment, faire un truc avec Jack White, ce serait fantastique. Monter sur scène avec Bruce Springsteen, c'est un truc de dingue. Peut-être travailler avec toute la bande de Queen Of The Stone Age, ce serait un des fantasmes. Après moi, j'aime beaucoup aussi la rencontre et la découverte d'autres musiques et d'autres continents musicaux. J'adorerais retourner travailler en Afrique, alors je n'ai pas forcément des noms de musiciens précis, mais retourner à Kinshasa ou aller bosser peut-être aussi au Nigeria ou au Mali. Au Niger, travailler avec des Touaregs ou faire de la musique au Brésil, Je suis allé une fois au Brésil avec FFF pour un concert pendant la Coupe du monde. Travailler avec des musiciens brésiliens avec toutes leurs sonorités serait intéressant. Je pense que j'aimerais bien collaborer avec des artistes de musique électronique ; un truc avec les mecs de Justice, ça m'intéresserait ou alors Jack White ou les mecs des Black Keys. Car tu te dis "C'est quoi le rock ?", "La liberté, c'est quoi ?". Pour moi il n'y a pas de règle. C'est sûr que moi, je n'ai pas envie d'être forcément là où on m'attend. C'est pour ça que pour le mec qui est fan de Johnny et de classic rock à l'ancienne, mon album va le surprendre. Mais voilà, ce n'est pas ce que j'ai eu envie de faire sur ce disque-là. Ce qui ne veut pas dire que je ne ferai pas ça sur le prochain. Mais là, je pas envie de tomber dans un exercice de style. J'ai envie de faire comme j'aime vraiment éclater les barrières et explorer des nouveaux styles et de nouvelles sensations musicales

Comment s'est faite la composition ? Partons sur "Television" par exemple, nous sommes tous fans de FFF à la rédaction.
En l'occurrence ce qui pourrait être une chanson à la FFF, quand même très rock dans tous les sens du terme. C'est une volonté que j'ai eue sur cet album d'essayer de mettre des petites surprises dans les chansons dans l'album aussi, mais à l'intérieur des chansons, Quelquefois, on a compris, on a écouté les 40 premières secondes et on sent un petit peu comment ça va finir quand on a goûté au début. Je cherche justement à surprendre. Il se passe des trucs, un petit peu de suspens dans les morceaux. Je me souviens que je n'aimais ne pas savoir forcément à quoi ressemblait la chanson suivante, quand j'écoutais pour la première fois certains albums. Que ce soient certains albums de Led Zeppelin, certains albums des Beatles, des Clash ou même quand sortait un nouveau Prince. A chaque chanson, je disais "comment va sonner la prochaine ? Où vont-ils vouloir nous emmener ? Dans quel délire ?". C'est vraiment ça que j'ai voulu dans l'album, et au sein même des chansons aussi, qu'il y ait des accidents et des cassures rythmiques, des breaks harmoniques un peu différents. Que ça vous fasse voyager et que l'auditeur ne soit pas embarqué dans un truc trop linéaire.

Tu as déjà pensé la setlist pour les concerts ?
On y réfléchit, on a commencé à avoir des idées là-dessus. De toute façon, la setlist d'une tournée se fait sur la route, c'est à dire que les trois quarts du temps on répète comme des dingues, on a une setlist, on est sûr de nous. On fait un premier concert et on doit tout changer parce qu'on s'est rendu compte qu'en fait tout ce qu'on avait mis au point au local ou dans une salle vide ne fonctionne pas dans le feu de l'action. Les sensations ne sont pas les mêmes et cette chanson qu'on pensait être parfaite pour le show, ça tombe complètement à plat, alors qu'une autre chanson, du coup, si on la met plus tôt dans le set elle ira chercher le public. Une setlist de tournée pour moi, elle est toujours en permanente évolution, c'est à dire que les dix premiers concerts, ça va être un peu ça, puis après, on va changer une chanson, on va remettre une autre, on va décaler celle-ci, on va l'amener plus loin, on va rajouter un interlude à tel endroit. Avec deux albums, ça fait quand même un bon paquet de chansons avec lesquelles on peut s'amuser. En général, on joue entre une heure et demie et deux heures et demie, ça dépend mais, j'aime bien les concerts qui durent et tu auras rarement la même setlist.

Est-ce que tu as des groupes que tu aurais envie de voir jouer avec toi en première partie ou des groupes avec qui tu aimerais partager l'affiche ?
Il est prévu qu'on partage quand même pas mal de concerts et d'affiches avec Victor Mechanick car son album est fantastique aussi. Et nous tournons avec les mêmes musiciens. En fait, si tu veux, ce qu'on essaie de mettre au point, c'est de partir ensemble sur les routes avec un espèce de revue. Tu vois un peu comme partir à la Motown. Avec peut-être le concert de Victor Mechanick d'abord, puis donner ensuite ou mélanger les deux. On ne sait pas trop comment articuler tout ça. Mais oui, je pense qu'on va essayer de monter une espèce de co-affiche.

D'accord, parfait, si tu avais une baguette magique et si tu devais être sur la même affiche de quelques groupes actuels, quels groupes choisirais-tu ?
Je ne serai pas difficile et j'adorerais me retrouver en tournée sur la même affiche que les Artic Monkeys, les Foo Fighters, Queens Of The Stone Age, The Black Keys, Royal Blood, tous ces groupes de rock internationaux. Après, tu vas aussi faire un festival ici et me retrouver à partager l'affiche avec les potes. C'est toujours un plaisir de se retrouver avec Ko Ko Mo ou Serpent, le nouveau groupe de Lescop. Mais également des groupes comme Mass Hysteria car je suis très copain avec Yann le guitariste. Ou alors des super groupes comme Mustang ou Feu ! Chatterton.

Merci à toi pour cette interview.
Merci à la Team Fenec.