wovenhand : ten stones Allier pureté et densité n'est pas donné à tout le monde, tel un Nick Cave des plaines sauvages, David Eugene Edwards livre avec Ten stones 10 pierres ciselées dans la plus pure des matières, une sorte de rock originel, celui d'ancêtres et d'esprits qui n'ont certainement jamais croisé une guitare. Un peu de blues, des instruments traditionnels mais aussi des ambiances chargées de spiritualité, une voix déchirante, WovenHand continue de nous embarquer ailleurs dès les premiers accords. Complètement charmé, on est transporté près d'un feu de camp ou au coeur d'une incantation. L'album alterne pièces plutôt rock et donc assez énergiques et électrisantes ("Beautiful axe", "White knuckle grip", ...) et morceaux assez calmes, pesants où l'on retient sa respiration comme si le moindre souffle pouvait gêner l'écoute et rompre un instant empli de solennité ("Iron feather", "His loyal love"...). Au rayon demi surprises, David Eugene Edwards nous gratifie de la transposition d'un chant indien, "Kicking bird", assez rythmé et endiablé, et d'une reprise de "Corcovado" un standard de bossa nova écrit par Antônio Carlos Brasileiro de Almeida Jobim et souvent repris par les anglo-saxons sous le nom de "Quiet nights of quiet stars" (Frank Sinatra, Charlie Byrd, Miles Davis, Cliff Richard, Ella Fitzgerald, Marvin Gaye... ont déjà usé du titre pour hypnotiser leur public...), un titre où il joue au crooner et détend donc un peu l'atmosphère. Personnellement, je le préfère dans son personnage d'envoûteur/shaman qui donne des titres d'une puissance imparable en quelques accords et quelques mots comme le sublime "Not one stone".
Certains diront que WovenHand se disperse un peu (le titre bonus est-il utile d'ailleurs ?), d'autres qu'il suit toutes les pistes pour remonter aux sources de son inspiration, ce qui est certain c'est que Ten stones impose autant le respect que ses prédécesseurs et probablement que ses successeurs.