Rock Rock > Witch Hunt

Biographie > Chasse aux sorcières


Priorité à la musique oblige, très peu d'infos circulent au sujet de Witch Hunt. On sait simplement que le quatuor, composé de Nicole (guitare et chant), Rob (guitare et chant), Janine (basse et chant) et Vince (batterie) sévit dans un registre punk à tendances hardcore et militant depuis une paire d'années à Philadelphie, en Pennsylvanie. Le groupe a déjà sorti un premier album (... As priorities decay) puis This is only the beginning..., reprenant le contenu du premier opus auquel plusieurs titres (tirés d'un split CD, d'un 7", de démos) sont venus se greffer. Plus récemment (en 2006 outre-Atlantique et début 2007), le groupe a sorti en Europe Blood-red states, son deuxième album, par le biais de la coopération entre Fight For Your Mind (F-F-Y-M si vous préférez) et du Folklore de la Zone Mondiale (FZM).

Witch Hunt / Chronique LP > Blood-red states


Witch Hunt - Blood-red states Habituellement, lorsqu'un groupe provient d'une autre contrée, nous, petits fromages qui puent, avons la fâcheuse tendance à vouloir le comparer (lorsque c'est possible) à des formations de son pays d'origine, ou au pire, à des combos d'autres horizons (étrangers) mais jamais, ô grand jamais, à des groupes "bien de chez nous" ; alors que l'inverse est si fréquemment répandu. Non, cette intro ne ruisselle pas d'un exécrable poujado-lepeno-devillio-nationalisme mais est bel et bien un état de fait s'expliquant par divers facteurs (la plupart des courants musicaux naissent au pays de l'oncle Sam avant de traverser l'océan, étant en tête de liste). Tout cela pour dire qu'il n'est pas forcément nécessaire d'être extrêmement calé en matière de scène indé punk et hardcore US pour cerner la musique de Witch Hunt. Pratiquant un punk-hardcore ou harcore-punk, tellement les styles se confondent et alternent au fil des titres, Witch Hunt évoque instantanément Illegal Process et leurs voisins de Doctor Livingstone (même si ceux-ci aiment à se draper de biens de saveurs métalliques). Mais ce n'est pas tout, la spontanéité émanant de Witch Hunt nous rappelle aussi la fausse délicatesse de Gravity Slaves ou les grosses touches émo des défunts Homeboys ("Wall").
Bref, vous l'aurez compris, Witch Hunt envoie du steak à toute allure, les titres bouillonnent plus les uns que les autres, c'est saturé à mort et on nous offre de belles parties groovy ("Desperation") : tout ce qu'il faut pour obtenir approbation du jury. Pendant 10 pistes, le groupe nous place sur des chardons ardents à l'aide de son punk-core, sauvage et abrasif, intense et vindicatif. Car les compos hurlent et éructent et les textes eux, demandent, revendiquent, s'insurgent contre beaucoup de choses. Et il faut bien avouer qu'en ce moment, il y a pas mal de grain à moudre (réminiscences intégristes, guerre en Iraq, capitalisme outrancier, etc .). Les différentes manières avec lesquelles Witch Hunt délivre son punk-core sont appuyées par la diversité du chant dont les parties sont assurées à tour de rôle par trois des musiciens du groupe, ce qui a le don de conférer à chaque titre une identité propre.
Blood-red states, les états rouges-sangs (que la pochette illustre) de Witch Hunt (trad : la chasse aux sorcières, allusion à la sombre période du Maccarthysme) est un album dense où les émotions exprimées, parfois exacerbées, au bord de la rupture ("Take it all away"), relate l'existence de militants punks au visées internationalistes. Témoignage poignant et concluant avec ce disque arrivé jusque chez nous grâce au travail de FZM et F-F-Y-M, deux labels aussi intransigeants qu'évocateurs de productions de grande classe.