Pincez-moi, je suis en train de rêver ! Mazette, dix ans après Chutzpah!, dernier effort studio des champions de Birmingham, après quelques reformations ponctuelles et éphémères (avec à la clef des albums live) et au milieu d'une carrière solo prolifique de son leader Ginger, les Wildhearts sont de retour pour un nouvel album studio. Oui, tu as bien lu, UN NOUVEL ALBUM STUDIO !!! La planète Rock est en émoi, les fans retiennent leur souffle et c'est avec excitation que j'ai enfourné la galette dans ma platine (non, pour dire vrai, dès sa sortie sur les plateformes numériques, le disque tournait sans discontinuer).
Même si l'album blanc éponyme est indiscutablement la pièce maîtresse de leur discographie et que je suis secrètement amoureux de The Wildhearts must be destroyed et The Earth vs The Wildhearts, j'en suis à penser que Renaissance men fait partie du top trois des albums du quatuor anglais (qui voit le retour aux affaires de Danny Mc Cormack, bassiste historique de la formation). Et pourtant, la première écoute ne m'avait pas pleinement convaincu, avec le sentiment d'un début poussif et peu reluisant, à l'image de "Dislocated", premier single un peu fourre-tout où tous les artifices du groupe sont condensés en un peu moins de six minutes et où les mélodies vocales sont un peu trop faciles. Et oui, c'est ça quand on habitue son auditoire à l'excellence ! Il m'a également fallu quelques écoutes de "Let 'em go" (avec Frank Turner en invité vocal), s'avérant un tube en puissance avec ses mélodies à l'anglaise (entendez là parfaites), et du très pop synthétique "The renaissance men" pour les apprécier à juste titre. Puis la machine s'est emballée.
Car quasiment à mi-parcours, et alors que je commençais à me poser des questions sur l'intérêt d'un retour discographique des Cœurs Sauvages, "Fine art of deception" et "Diagnosis" ont fait chavirer mon cœur de rocker. Des guitares sublimes, des mélodies à en pleurer, des refrains à hurler, un basse-batterie imparable et ces lignes de voix qui font la différence. "My kinda movie" enfonce le clou avec une précision millimétrée et ses guitares intransigeantes, et "Little flower" m'a complètement anéanti au bout de douze secondes de riff (tu peux vérifier, cet alexandrin temporel se suffit à lui-même). Et le peu de souffle qui me restait a été annihilé par les trois bombes concluant ce disque d'une excellente qualité.
Tu l'auras compris, même si j'ai eu du mal à rentrer dans ce disque (la faute peut-être à un son que je trouve très compressé, ou à cette pochette horrible), tous les ingrédients qui ont fait et qui font la force et la puissance des Wildhearts sont loin d'avoir atteint la date de péremption : le génie Ginger et ses acolytes ont encore de beaux restes et n'ont rien perdu de leur superbe quand il s'agit de produire un disque de rock teinté de punk et de pop, les gaillards. Et si tu en doute, tu pourras toujours me rejoindre au premier rang de leur prochain concert parisien en octobre prochain.
Publié dans le Mag #38