Ween

Biographie > and the weeners are

Pari osé. Les gouttes de sueurs perlent sur le front rêche du chroniqueur courageux lorsqu'il pense à la masse de fans dévoués qui depuis dix attendent chaque album de Ween comme la parole divine, prêts à crucifier sur place quiconque commetrait un crime de lèse-majesté à leur encontre. C'est comme ça les légendes, faut faire gaffe à pas les érafler lorsqu'on leur taille un costard sur mesure. Il faut commencer par les ériger, les légendes, les mettre sur pied en trois riffs de guitare et deux touches de synthés. Qui ont permis à Ween de devenir en une poignée d'albums le groupe de pop indé le plus inventif de sa génération, entre humour potache et refrains entrainants, tendances ramoniennes et destroy rock spirit. Parsemés d'hymnes fédérateurs aux frontières du quinzième degré, emprunts d'une classe inimaginable avec si peu de moyens, les enregistrements des faux frères ont su poser leur empreinte là où l'homme n'avait jamais mis les pieds. Depuis le cultissime God Ween Satan (réédité il y a peu), 5 cuvées avant ce Quebec qui pointe le bout de sa pochette mal (bien?) dessinée.

Ween / Chronique LP > Quebec

Ween - Quebec C'est l'heure du combat, gladiateur inconscient, l'heure du bilan de conscience. Toujours autant de pêche, toujours autant de folie, toujours autant de surprise, toujours autant de tubes maladifs, toujours autant de plaisir à l'écoute, toujours autant de bis repetitae une fois la galette dans le mange-machin. Ce qui nous fait beaucoup de "toujours autant" pour une seule phrase, et beaucoup d'imprévus dont on sent l'odeur de la poudre avant que le premier coup de feu ne soit tiré. A force de surprendre, Ween semble s'assagir avec le temps, se poppise légérement ("Among this tribe") et se conventionalise dans leur propre rôle d'agitateurs publics sans qu'on ne puisse bouder notre joie de les voir bien vivants. Comme sur le très punk "It's gonna be a long night", le patonnien "So many people in the neighborhood" (Mr. Bungle n'est pas loin !) ou l'illuminé "The fucked jam". Tout en continuant à écrire ces petites perles classiques ("Tried and true") et ses chansons guillerettes ("Hey there fancypants") dont ils ont le secret, avec lesquelles ils ne surprendront que les nouveaux arrivants. Oserait-on alors parler de stagnation ? Lâchez les chiens, je vais me réfugier dans ma cabane au Canada avec le meilleur disque (tout de même) de cette fin d'année 2003.