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Interview : Watertank, Intertank (juillet 2015)

Watertank / Chronique LP > Liminal status

Watertank-Liminal status Ce groupe nantais reste à ce jour une véritable énigme pour moi. Formation en 2003, premier album en 2013 (Sleepwalk), puis suivants en 2015 (Destination unknown), 2020 (Silent running) et maintenant 2024 pour Liminal status. Jusqu'ici rien de bien surprenant, sauf qu'à chaque fois c'est la même chose. On a l'impression qu'ils sortent de nulle part, pondent un disque merveilleux, font un peu parler d'eux dans la presse spécialisée, quelques concerts locaux (voire une simple release party), puis ils retombent dans le silence le plus complet, l'anonymat le plus total. En tout cas ils échappent à tous mes radars. Et rebelote donc en 2024, en espérant que cette année leur apporte davantage de singularités et de visibilité. Ça démarre plutôt bien puisqu'ils vont cette fois défendre cet album à l'occasion d'une belle petite tournée avec les Jack & The Bearded Fishermen (vraisemblablement terminée quand le magazine sortira donc j'espère sincèrement que tu n'es pas passé.e à côté). J'ai chroniqué les trois précédents disques, si j'étais peu scrupuleux, je pourrais ressortir mes papiers et faire des copiés-collés mais on ne mange pas de ce pain-là, ici.

Il y a pourtant de nombreuses similitudes entre tous ces albums, à commencer par la puissance qui se dégage du son. Il est dantesque et chirurgical à la fois. Il ne fait pas de quartier et en même temps tout se discerne très facilement. Si dès les premières écoutes, on se rend compte que les morceaux sont bien chiadés, il en faut plusieurs pour encore mieux capter la multitude d'arrangements. En clair, les gars ne se sont pas contentés d'enchaîner 2-3 gros riffs accordés bien bas. Ça pinaille, ça tricote et tous les musiciens y mettent leur grain de sel (on a affaire à de véritables esthètes), mais sans jamais que cela nuise à l'efficacité. Les références au post-hardcore sont toujours là (Quicksand ou Jawbox en tête sur "Sneeze season", Far sur "Liminal status") mais le côté très typé 90's s'estompe petit à petit, au profit de sonorités plus modernes et ancrées dans le 21ème siècle. Je vous ai dit que la prod' était monstrueuse ? Ok, bah j'en remets quand même une couche. La prédominance Torche des débuts se fait elle aussi de moins en moins prégnante, même s'ils n'oublient pas de nous gratifier de petits tubes imparables (les excellents "Cut gum" et "Skyward").

Bref, pas grand-chose est à jeter dans ce disque, j'aurais tout aussi bien pu mentionner "The long face" (où l'on est pas loin de l'esprit de leurs camarades bisontins de tournée), ou encore "Solely mine", qui donne envie d'accoler le qualificatif "emotionnal" à l'étiquette post-hardcore collection printemps 2024 que Watertank porte à merveille. J'espère maintenant que le nom du groupe va circuler davantage et que je n'entendrai pas seulement parler d'eux dans 4 ans. Bon, après, si c'est pour sortir à nouveau un album de la consistance de Liminal status, je ne vais pas faire la fine bouche non plus.

Publié dans le Mag #60

Watertank / Chronique LP > Silent running

Watertank - Silent running La France a un incroyable talent ! Celle d'avoir des dirigeants politiques aussi nuls qu'elle a inversement des groupes rock excellents. Il dit qu'il voit pas le rapport et il a bien raison. Tout comme j'ai raison quand je déclame qu'il y a tout plein de bons groupes indés, malheureusement peu médiatisés. Je me suis évertué à tenter de changer ça, le transmettre à la radio pendant des années et je poursuis ma mission ici, dans les pages du W-Fenec avec mes camarades renardeaux. Chacun sa croix...

Les Nantais de Watertank (créé en 2003) sont de cette trempe. Après avoir pris le temps de mâturer leur musique, ils sortent leurs deux premiers albums en 2013 Sleepwalk et 2015 Destination unknown, bluffants de maîtrise en tous points ; compos, son... Grosse claque, y a pas "tank" dans leur nom pour rien ! Petit remaniement de personnel, recrutant au mercato local un gars de Chaviré (punk hxc emo, Nantes), puis tout récemment, après enregistrement, le bassiste de Weak (garage punk'n'roll, La Rochelle) et les voici donc de retour en cette rentrée avec un nouvel et troisième album, Silent running. On ne change pas une formule qui gagne et dès "Envision", le premier des dix titres, pour une trentaine de minutes, on sait où l'on va, navigant à vue (ou plutôt à l'ouïe), entre post hardcore à la Quicksand et metal poppy (dans le sens noble du terme) à la Torche. Deux influences, notamment celle des Floridiens, qu'il leur est difficile de cacher mais y a pire, hein. Et si les padawans n'ont pas encore dépassé le maître du feu, ils s'en sortent néanmoins avec les félicitations, alternant riffs pachydermiques plus lents sur "Suffogaze", d'autres davantage foo fightersesques sur "The ejector side" (un de mes morceaux préférés de l'album avec "Envision") ou encore en mixant les deux, comme sur "Thing of the past". Mais ça serait leur faire injure que de dire qu'ils ne sont qu'une (très bonne) copie de ces groupes, même si la prod est vraiment maouss et défie sans problème quasi n'importe quel groupe ricain. Merci Patrice Guillerme, qui les connaît bien pour avoir travaillé avec eux sur tous leurs albums. Il y a aussi sur ce disque l'envie d'aller plus loin, varier les plaisirs, incorporer des trucs, comme quelques sons de guitares 80's. C'est un peu le cas sur "Spiritless", morceau qui ne ressort pas spécialement à la première écoute mais qui se dévoile et s'apprécie davantage, de par sa non linéarité et ses changements de rythme. Et ça l'est encore plus avec le morceau de clôture, "Cryptobiosis", plus long et son final impromptu au saxophone.

Publié dans le Mag #44

Watertank / Chronique LP > Destination unknown

Watertank - Destination unknown Probablement l'un des groupes les plus attachants du label dans la démarche, il suffit de lire les interviews en mode total nonchalance et zéro ambition, mais aussi grâce à la musique qu'ils développent, Watertank revient enfoncer le clou avec un second album intitulé Destination unknown. 9 titres pour une durée de 35 minutes où le groupe à géométrie variable semble parfaitement quelle direction prendre lorsqu'il s'agit de faire du heavy-rock sludgisant avec des mélodies catchy et un chant qui invite à l'accompagner dans ce trekking émotionnel. On pense toujours à Torche mais il est nettement palpable que Watertank cherche à s'en éloigner notamment avec ces ambiances lumineuses très pop light. Le disque commence sur un puissant et très Helmet "Automatic reset" et se termine sur un "Destination unknown" justement symbolique de cette évolution pop. Entre ces deux pistes, il y a 7 pépites qui n'attendent qu'à être découvertes et le doux glissement stylistique qu'opère Watertank est d'autant plus évident. L'auditeur joliment déstabilisé ne peut qu'être pressé d'entendre la suite. Si 'il y en a une bien sûr.

Watertank / Chronique LP > Sleepwalk

Watertank - Sleepwalker Watertank est un groupe nantais qui existe depuis 10 ans. 10 ans en dilettante, avec tout de même un précédent méfait en 2009, et voilà que débarque Sleepwalk, un album qui a déjà séduit le microcosme des musiques heavy (avec une participation à l'édition 2014 du Hellfest...) et devrait enchanter les lecteurs-amateurs de riffs ultra-catchy, de chant clair et de rythmiques lourdes. Séance de rattrapage pour un disque sorti en 2013. Promo en retard, promo quand même.

Et s'il est difficile de ne pas penser à Torche à l'écoute de Sleepwalk, Watertank cumule suffisamment d'atouts et le premier que l'on se prend dans les oreilles, c'est "Where it all begins" : riff lourd et pesant, chant inspiré et un morceau dont l'immédiateté permet à l'auditeur d'afficher de suite de bonnes prédispositions vis-à-vis de Sleepwalk. La deuxième piste, "Giant heads", poursuit le boulot de séduction : le titre reprend les mêmes arguments sur une dynamique up-tempo et là aussi ça fonctionne parfaitement. Et d'ailleurs, on n'aura pas grand chose à redire sur Sleepwalk, les titres se suivent, se ressemblent sans pour autant lasser... En 10 ans, les Watertank ont eu le temps (et le talent, parce que le temps tout seul...) de bosser les plans killer et les refrains encore plus killer : les 13 pistes sont maîtrisées et sentent la méticulosité à plein-nez. Pour Watertank, la décennie écoulée n'a, de toute évidence, pas seulement été constituée de séances de glandouilles avec un pack de 33 export dans le local de répét'.

Chez beaucoup de groupes, les derniers morceaux, c'est souvent l'occaz' de refiler un ou deux titres dont on est un moins fier. Sauf que Watertank livre "Six days", un morceau presque prog' et à la lente montée, probablement le titre qui s'écarte le plus du répertoire du groupe pour une belle prise de risque. Encore une sortie qui déboîte pour Solar Flare Records (Pigs, Sofy Major, American Heritage...).