Ce groupe nantais reste à ce jour une véritable énigme pour moi. Formation en 2003, premier album en 2013 (Sleepwalk), puis suivants en 2015 (Destination unknown), 2020 (Silent running) et maintenant 2024 pour Liminal status. Jusqu'ici rien de bien surprenant, sauf qu'à chaque fois c'est la même chose. On a l'impression qu'ils sortent de nulle part, pondent un disque merveilleux, font un peu parler d'eux dans la presse spécialisée, quelques concerts locaux (voire une simple release party), puis ils retombent dans le silence le plus complet, l'anonymat le plus total. En tout cas ils échappent à tous mes radars. Et rebelote donc en 2024, en espérant que cette année leur apporte davantage de singularités et de visibilité. Ça démarre plutôt bien puisqu'ils vont cette fois défendre cet album à l'occasion d'une belle petite tournée avec les Jack & The Bearded Fishermen (vraisemblablement terminée quand le magazine sortira donc j'espère sincèrement que tu n'es pas passé.e à côté). J'ai chroniqué les trois précédents disques, si j'étais peu scrupuleux, je pourrais ressortir mes papiers et faire des copiés-collés mais on ne mange pas de ce pain-là, ici.
Il y a pourtant de nombreuses similitudes entre tous ces albums, à commencer par la puissance qui se dégage du son. Il est dantesque et chirurgical à la fois. Il ne fait pas de quartier et en même temps tout se discerne très facilement. Si dès les premières écoutes, on se rend compte que les morceaux sont bien chiadés, il en faut plusieurs pour encore mieux capter la multitude d'arrangements. En clair, les gars ne se sont pas contentés d'enchaîner 2-3 gros riffs accordés bien bas. Ça pinaille, ça tricote et tous les musiciens y mettent leur grain de sel (on a affaire à de véritables esthètes), mais sans jamais que cela nuise à l'efficacité. Les références au post-hardcore sont toujours là (Quicksand ou Jawbox en tête sur "Sneeze season", Far sur "Liminal status") mais le côté très typé 90's s'estompe petit à petit, au profit de sonorités plus modernes et ancrées dans le 21ème siècle. Je vous ai dit que la prod' était monstrueuse ? Ok, bah j'en remets quand même une couche. La prédominance Torche des débuts se fait elle aussi de moins en moins prégnante, même s'ils n'oublient pas de nous gratifier de petits tubes imparables (les excellents "Cut gum" et "Skyward").
Bref, pas grand-chose est à jeter dans ce disque, j'aurais tout aussi bien pu mentionner "The long face" (où l'on est pas loin de l'esprit de leurs camarades bisontins de tournée), ou encore "Solely mine", qui donne envie d'accoler le qualificatif "emotionnal" à l'étiquette post-hardcore collection printemps 2024 que Watertank porte à merveille. J'espère maintenant que le nom du groupe va circuler davantage et que je n'entendrai pas seulement parler d'eux dans 4 ans. Bon, après, si c'est pour sortir à nouveau un album de la consistance de Liminal status, je ne vais pas faire la fine bouche non plus.
Publié dans le Mag #60