La France a un incroyable talent ! Celle d'avoir des dirigeants politiques aussi nuls qu'elle a inversement des groupes rock excellents. Il dit qu'il voit pas le rapport et il a bien raison. Tout comme j'ai raison quand je déclame qu'il y a tout plein de bons groupes indés, malheureusement peu médiatisés. Je me suis évertué à tenter de changer ça, le transmettre à la radio pendant des années et je poursuis ma mission ici, dans les pages du W-Fenec avec mes camarades renardeaux. Chacun sa croix...
Les Nantais de Watertank (créé en 2003) sont de cette trempe. Après avoir pris le temps de mâturer leur musique, ils sortent leurs deux premiers albums en 2013 Sleepwalk et 2015 Destination unknown, bluffants de maîtrise en tous points ; compos, son... Grosse claque, y a pas "tank" dans leur nom pour rien ! Petit remaniement de personnel, recrutant au mercato local un gars de Chaviré (punk hxc emo, Nantes), puis tout récemment, après enregistrement, le bassiste de Weak (garage punk'n'roll, La Rochelle) et les voici donc de retour en cette rentrée avec un nouvel et troisième album, Silent running. On ne change pas une formule qui gagne et dès "Envision", le premier des dix titres, pour une trentaine de minutes, on sait où l'on va, navigant à vue (ou plutôt à l'ouïe), entre post hardcore à la Quicksand et metal poppy (dans le sens noble du terme) à la Torche. Deux influences, notamment celle des Floridiens, qu'il leur est difficile de cacher mais y a pire, hein. Et si les padawans n'ont pas encore dépassé le maître du feu, ils s'en sortent néanmoins avec les félicitations, alternant riffs pachydermiques plus lents sur "Suffogaze", d'autres davantage foo fightersesques sur "The ejector side" (un de mes morceaux préférés de l'album avec "Envision") ou encore en mixant les deux, comme sur "Thing of the past". Mais ça serait leur faire injure que de dire qu'ils ne sont qu'une (très bonne) copie de ces groupes, même si la prod est vraiment maouss et défie sans problème quasi n'importe quel groupe ricain. Merci Patrice Guillerme, qui les connaît bien pour avoir travaillé avec eux sur tous leurs albums. Il y a aussi sur ce disque l'envie d'aller plus loin, varier les plaisirs, incorporer des trucs, comme quelques sons de guitares 80's. C'est un peu le cas sur "Spiritless", morceau qui ne ressort pas spécialement à la première écoute mais qui se dévoile et s'apprécie davantage, de par sa non linéarité et ses changements de rythme. Et ça l'est encore plus avec le morceau de clôture, "Cryptobiosis", plus long et son final impromptu au saxophone.
Publié dans le Mag #44