Première chronique sur le W-fenec et je dois dire que pour une première (et donc pour un bleu...), une petite review sur Les betteraves meurtrières (groupe stoner folk/prog de mon village qui joue chaque année à la fête communale) m'aurait certainement moins impressionnée ! Il faut dire qu'en tapant ce nom sur mon clavier, je mesure l'honneur et le privilège qu'il m'est fait de pouvoir chroniquer, 17 ans après la sortie de Slip, l'album solo du frontman de Quicksand : An open letter to the scene.

Alors que l'on attend d'ici quelques mois (voire depuis plusieurs années pour certains) le second album de Rival Schools, c'est un album solo qui nous arrive sans trop prévenir, cette fois-ci sous son nom propre, Walter Schreifels car rappelons-nous qu'un autre projet avait également vu le jour en 2004 en marge de Rival Schools : Walking Concert, une façon certainement de s'affranchir pour Schreifels du format émo/post hardcore en jouant davantage un registre pop/rock et finalement nous préparer au futur An open letter to the scene.
Il était donc assez logique (voire prévisible...) que Schreifels nous ponde un album "acoustico-pop", une manière également de laisser davantage de place à l'écriture et aux mélodies. D'autant que ce-dernier n'est pas vraiment à son coup d'essai si l'on considère la parenthèse post-Rival Schools, Walter And The Motorcycles, prémisse d'un Walking Concert avec une touche de Schreifels acoustique (hé oui déjà...).

On retrouve donc sur cette galette ce qui fait le charme de l'américain exilé à Berlin depuis quelques années : une voix sur le fil gorgée d'émotion, des mélodies retorses et addictives ainsi qu'un sens inné du songwriting inspiré. Le plus fort dans tout ça, c'est de s'apercevoir que la musicalité n'a pas été laissée de côté. Acoustique ne veut pas dire minimaliste et chiant chez Schreifels c'est même assez rythmé voire entraînant : en témoigne les reprises d'Agnostic Front "Society suckers" énorme : je n'arrive plus à m'en défaire !, de CIV "Don't gotta prove it" (qu'il a d'ailleurs écrit pour eux...) titre à l'ambiance festive qui sent le soleil et enfin le "Requiem" de Rival Schools (assez proche de l'original) enfin édité ! Ensuite des titres comme "Arthur Lee's lullaby", "She is to me", "Save the saveables" sont de véritables pépites pop , entêtantes et touchantes. Plus attendus sur un album solo "Shootout", "Wild pandas", "Vallad of Lil' Kim" et "Open letter" ballades douces amères, jamais poussives, belles... avec une mention spéciale à la dernière citée vraiment magnifique.

Sachez qu'en bonus sur la version vinyle vous aurez le privilège de découvrir la très aérienne et mélancolique reprise "When you sleep" de My Bloody Valentine (pour ceux qui comme moi n'ont pas de platine vinyle mais qui souhaite avoir ce titre bonus, elle figure sur la compilation Memoria - A tribute to the alternative 90s parue à l'automne dernier. Les titres défilent vite, trop en fait. 31 minutes (35 en version vinyle avec "When you sleep") d'un disque à la fois beau, sensible, touchant et entraînant. Pas forcément original (pas mal de reprises de titres déjà connus de l'ex-Quicksand ("Arthur Lee's lullaby" et "Requiem"), un peu convenu aussi parfois, Schreifels ne nous surprend pas vraiment ni ne prend véritablement de risque artistique avec cet album... mais ce ne sont là que des détails tant la qualité, la sincérité et l'émotion parlent d'elles-mêmes. Un petit conseil entre amis : écoutez cet album au casque si vous n'avez pas une bonne acoustique (ni l'occasion d'être tranquille pour l'écouter...).

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