Mazette ! Duff Mc Kagan (Guns n' Roses, Velvet Revolver...) et Barrett Martin (QOTSA, Mad Season, Screaming Trees) dans un même groupe, ça sent le souffre. Ajoutez à ça quelques interventions de Mike Mc Cready (Pearl Jam entre autres) et de ses guitares magiques, et je me voyais déjà propulsé dans la stratosphère des riffs uppercuts, des punk rock songs à cent à l'heure et des tubes inoubliables. J'ai vite déchanté... pour mieux rechanter après. T'as rien compris ? Explication de texte.
Avec une telle carte de visite, on peut effectivement s'attendre à de la distorsion à tout va et des rythmes soutenus. Sauf que ce n'est pas vraiment le programme proposé par l'écoute de Walking Papers. Alors bien sûr, j'ai été très surpris alors que les titres s'enchaînaient sans répit dans ma hi-fi. Tenté de tout arrêter car vexé d'avoir cru que l'habit faisait le moine, j'ai laissé défiler les onze titres studio de cet album sans me poser de questions (je fais volontairement abstraction de quatre titres live sans grand intérêt car pioché dans le tracklisting studio du présent disque). Des questions, j'ai commencé à m'en poser quand je me suis rendu compte qu'à un moment, je venais de commencer ma quatrième écoute d'affilé de cet album qui trouvera une place de choix dans ma collection au rayon "petites chansons pour grandes émotions". Car cet album est addictif. En effet, comment rester insensible à ces mélodies dignes d'un Lou Reed de la grande époque ou d'un Neil Young ? Tout en douceur, "Already dead" (charmant pour débuter un album, n'est-ce pas ?) plonge l'auditeur dans une ambiance feutrée et apaisée. Ce chef d'œuvre qu'est "Leave me in the dark" (décidément, ça respire la joie de vivre !) proche de Pearl Jam et Alice In Chains et ce minimaliste "The butcher" rappellent que nos hommes ont plus d'un tour dans leur poche pour composer la chanson parfaite. Mais Walking Papers sait aussi hausser le ton, dans un registre parfois lancinant ("The whole world's watching", "Two tickets and a room", tous deux à la limite du psychédélisme), parfois entraînant (le jouissif et cuivré "Red enveloppes", le funk rock "Capital T") et toujours dans un esprit mêlant la fougue des 90's et la folie des 70's.
Walking Papers, mis en boîte par Jack Endino à Seattle et exécuté par un groupe composé de fins limiers de cette période dorée qu'on appelait communément le grunge (car oui, Duff, avant d'être le bassiste des Guns, a été un pilier de la scène punk de Seattle), frappe un grand coup en combinant ses racines blues, ses inspirations torturées et des émotions sans retenues. Une galette en or où chaque note est jouée à la perfection dans une précision indécente. Soyez curieux, écoutez ce disque et vous comprendrez pourquoi j'adore cet album.