Il y a quelques mois, un courriel nous annonce la sortie d'une nouvelle compilation d'artistes venant de Montréal et de ses environs. L'objet digital et téléchargeable gratuitement est une initiative de promotion collective internationale, mise en œuvre par Iconoclaste Inc., Longueurs d'Ondes et Anticraft/MVS Records, destinée à appuyer la promotion d'artistes de cette ville qui vont avoir une actualité scénique ou discographique en France. Suivant de temps en temps l'actualité musicale du Québec et plus particulièrement de Montréal, ville où j'ai habité par deux fois les années passées, il en fallait peu pour que cette compilation se retrouve dans nos pages. Cet évènement étant une bonne occasion de voir ce qui m'est passé sous le nez ces derniers temps. Au menu, dix-huit artistes francophones aux textes français et aux styles variés.

Les punk rockers Vulgaires Machins (doit-on les présenter ?) ouvrent le bal avec une chanson qui commence à dater puisqu'elle est extraite de l'album Compter les corps, sorti en 2006. Ce n'est surement pas le meilleur extrait pour découvrir la formation originaire de Granby même si leur marque de fabrique est bien présente. Mais leur niveau est assez haut en comparaison du punk-rock FM de Kamakazi qui, reconnaissons le, fait bien tâche à côté. Alors que le gros son rock calibré d'Exterio et sa thèse du complot sur l'exploration de la lune en 1969 retentit dans les oreilles, Mononc' Serge & Anonymus fait figure d'OVNI. L'association éclatante entre le premier bassiste des Colocs et le mythique groupe de thrash métal est une sorte d'évènement au Québec. Ils nous proposent un titre bien barré et assez drôle car le sujet traite ici de gastronomie ("C'est bon les patates, c'est doux doux dans l'estomac"). On débranche les amplis pour passer à une partie plus acoustique avec Bernard Adamus et son intéressante composition folk rap au refrain à la mollesse assumée. La mélancolie est fortement présente dans les chansons québécoises et nous n'échappons pas à la règle avec Dany Placard. Une fois le mouchoir rangé, c'est au tour d'Emilie Proulx à la voix suave de nous donner les frissons avec sa ballade folk pop entre Cat Power et Joseph Arthur. Puis la compilation nous réserve une ribambelle d'artistes dont on se serait bien passé. Avec tout le respect que j'ai pour eux, Anique Granger (variété folk), Paul Cargnello & The Frontline (pop dansante sirupeuse), Bori (acoustique-jazz à la Nougaro), Kodiak (du Tryo mais en pire, c'est dire !), Caracol (du reggae pas très roots mais très pop) ne susciterons pas vraiment l'intérêt de nos lecteurs. Ariane Moffatt, figure de la chanson québécoise connue en France grâce à Matthieu Chédid distille une chanson pop bien orchestrée qui serait plus appropriée pour la playlist d'Inter que celle du W-Fenec. Puis s'en suit Gaele, une française immigrée au Québec il y a dix ans, qui nous propose une chanson rafraichissante dans un style à la Gotainer avec une prestation vocale ne laissant pas indifférent. Si l'on omet Chinatown et Alfa Rococo, représentants d'un pop-rock inintéressant au possible, nous arrivons presque à la fin de cette longue compilation. The Blue Seeds, présent dans nos pages, nous fait part du remix de "Lost and delirious" par Kid Loco, un titre trip-hop sans réelle folie mais bien lancinant. Enfin, nous terminons ce disque digital avec Mister Valaire, seul morceau électro. Simple, ambiancé mais efficace pour une conclusion.

Pas de réelle bonne surprise au sortir de l'écoute de cette compilation un peu trop "grand public", si ce n'est la découverte intéressante de Mononc' Serge & Anonymus, Bernard Adamus, Emilie Proulx et la re-découverte de Vulgaires Machins. Notez que la sélection a été sujette à des choix suivant des critères précis et n'est en aucun cas représentative de la scène de là-bas. Sinon, nous aurions eu très probablement des formations tels que Malajube, Arcade Fire, Tonne De Briques, The Dears, Karkwa, Grimskunk ou Loco Locass.