Ado dans les années 90, j'ai adoré le grunge en bonne fashion victim de l'époque, mais alors que certains sont vite passés à autre chose (Kurt est mort, le grunge est mort), je suis resté un adorateur de ce genre musical et je me délecte toujours autant de tous ces combos qui ne semblent pas sortis de ces fameuses années... Si j'ai un gros coup de cœur depuis plusieurs mois pour Am Samstag, les A Void viennent clairement les challenger avec quasiment la même recette (je mettrais bien Shewolf dans l'histoire, mais je ne les connais pas assez).
On a donc là aussi un trio avec une chanteuse guitariste en frontwoman, un groupe qui doit carburer à Babes in Toyland, L7, Hole, qui aime la disto et qui gueule quand faut gueuler. Punk dans l'attitude et certaines compositions, Métal dans quelques exacerbations, Pop quand il faut nous faire les yeux doux et carrément Rock tout le temps. A Void n'évite rien, place même beaucoup de "e" dans ses titres (ils ne seraient donc pas fans de lipogramme ? "A void" est pourtant le titre de la version anglaise de "La disparition" de Perec, un roman écrit sans utiliser la lettre "e") et active la fibre nostalgique des amoureux de la décennie iconique du grunge. Beau son saturé, énormes dynamiques, les trois musiciens soignent également le groove et les mélodies, réussissant à mixer de sauvages attaques à la voix suave de Camille (quelle séductrice !), tu y seras aussi sensible si tes oreilles apprécient la noise ou les ambiances garage où les sonorités trainaillent et où d'un coup, tout s'excite. Je ne saurais que trop te conseiller d'écouter "Stepping on snails" ou même de le regarder car c'est aussi un clip (très bien foutu), un de mes morceaux préférés mais la sélection est rude car il n'y aucune piste qui ne me plaise pas ! C'est là aussi un des points forts du combo, balancer 12 titres qui sonnent et ne jamais laisser de place à la moindre seconde d'ennui. Le tempo peut se calmer ("Bag of skulls", "2b seen"), on reste scotché aux riffs et/ou aux mots, comme un papillon attiré par la lumière (en vrai, ces cons d'insectes confondent les lampes avec la lune !).
Milk Teeth, Hands Off Gretel, Tired Lion, Lunachicks, Skating Polly, Madam, les déjà cités Am Samstag et Shewolf, la liste de groupes emmenés par des filles qui font revivre un grunge qui amalgame autant la pop que le punk continue de s'allonger, à un tel point que je demande si on ne devrait pas en faire un dossier. Enfin, si, on devrait en faire un, mais pour ça, il nous faudrait du temps et si on y passait trop, on ne pourrait plus autant écouter Dissociation, ce serait idiot.
Publié dans le Mag #53