Vitas Gerulaïtis était un tennisman dans la lignée des exubérants et démonstratifs John McEnroe et Jimmy Connors. Le genre de mec qui pouvait balancer sa raquette dans la gueule d'un spectateur ou cracher sur un arbitre, quand il estimait que la situation le nécessitait. Bref, un mec rock'n'roll à sa manière et qui avait en plus la réputation de brûler la vie par les deux bouts, surtout par le pif. Vitas Guerulaïtis, avec un U après le (point) G, c'est aussi un trio, français réfugié en Belgique, qui pratique la musique un peu comme ces mecs s'échangeaient la petite "baballe jaune" : de manière exubérante et démonstrative.
Les voix (fille, garçon) semblent jouer un rôle important dans l'identité de la musique cabossée de Vitas Guerulaïtis : ça crie, ça chuchote, ça dialogue, ça s'engueule, les onomatopées et autres borborygmes sont également au menu de la palette vocale du groupe. Passé cet élément qui en fera fuir plus d'un mais charmera également les amateurs de clowneries noise en deux-temps trois mouvements. D'autant plus que l'album se tient et tient en haleine grâce à cette loufoquerie latente mais aussi grâce à des attaques différentes, un clavier qui vient ajouter des accroches mélodiques mais aussi des samples souvent assez drôles parsemés sur tout l'album. Avec les écoutes, l'album gagne beaucoup en valeur : le bazar organisé des débuts devient un tout assez fluide et particulièrement jouissif à arpenter.
Segmentant, souvent débile mais de manière totalement assumée, Vitas Guerulaitis, en plus d'avoir un nom à coucher dehors, livre un excellent disque noise ouvert d'esprit. Excellente pioche pour Cheap satanism Records (Joy As A Toy, Swilson) et Tandori (Maria Goretti Quartet, Drive With A Dead Girl). Et en plus, l'édition vinyle et la pochette sont définitivement très classes. Jeu, set et match !
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