Alors celui-là, autant dire que son histoire fut quelque peu tumultueuse, si bien qu'un petit flashback s'impose avant d'aller plus loin. 1995 : Kyuss, groupe culte et fondateur (parmi d'autres) de ce que l'on appelle le stoner-rock met officiellement fin à ses activités. Un Split EP avec les Queens of the Stone Age voit néanmoins le jour courant 1997 puis un best-of débarque dans les bacs trois ans plus tard sous le titre Muchas gracias : The best of Kyuss (avec quelques inédits, B-sides et live en bonus). Les différents membres du groupe poursuivent leur trajectoire chacun de leur côté, parfois même ensemble (Josh Homme et Nick Oliveri au sein des Queens of the Stone Age, séparément avec les Eagles of Death Metal puis Them Crooked Vultures pour le premier, chez Dwarves et Mondo Generator pour le second), dans divers projets (John Garcia avec Slo Burn, Unida ou Hermano, Scott Reeder avec The Obsessed puis Sun & Sail Club, Alfredo Hernández avec les Yawning Man), voire en solo (Brant Bjork qui évolue néanmoins régulièrement avec ceux qu'il appelle ses "Bros"...), mais le spectre d'une reformation de Kyuss ne cesse de planer sur un groupe dont les fans appellent une suite de leurs vœux, évoquant celle-ci comme un totem alors que les quatre albums studios sortis par la formation américaine deviennent des références absolues, intouchables.
En 2010, ce que plus personne n'envisageait à cause de relations plus ou moins tendues entre les ex-membres du groupe se produit pourtant : Kyuss revient à la vie pour quelques concerts sous le nom de KyussLives! (logique). Le line-up (et cela va avoir son importance) comprend John Garcia, Brant Bjork et Nick Oliveri mais Josh Homme a décliné l'invitation, Bruno Fevery, nouveau-venu dans l'univers du groupe le remplace. Et c'est là début des emmerdes pour les trois Kyuss qui se voient assignés en justice par Homme, lequel conteste l'utilisation du patronyme du groupe et l'exploitation commerciale qui en résulterait, ce alors-même que le quartet projette de mettre en boîte un album studio. Scott Reeder le suit dans sa démarche alors qu'il n'est pas impliqué dans la reformation et finalement, alors que Nick Oliveri quitte le projet en cours de route (pour mettre de l'ordre dans sa vie personnelle bordélique), une cour centrale du district de Californie autorise John Garcia et Brant Bjork à continuer de jouer en live sous leur pseudo d'origine tout en leur interdisant d'utiliser le nom KyussLives! (et a fortiori Kyuss tout court) pour sortir un enregistrement audio (studio comme live). Préférant ne pas s'éterniser en procédures juridiques qu'ils jugent et stériles et connaissant le sens de la mesure légendaire de leur ex-partenaire devenu une authentique rockstar à part entière, Garcia et Bjork décident de rebaptiser tout simplement le groupe Vista Chino.
Entre-temps, un album a été composé alors que le groupe a pu tester sa popularité (intacte) en live et Nick Oliveri est revenu participer à l'enregistrement d'un album produit par Brant Bjork himself. Le temps de trouver un label (ce sera Napalm Records, label qui monte sur la scène rock et metal planétaire avec notamment dans ses rangs Cavalera Conspiracy, Devildriver ou Karma to Burn) et voici que Peace, le très attendu premier enregistrement original des ex-Kyuss puis ex-KyussLives ! désormais Vista Chino débarque dans les bacs, trois ans et demi après l'acte de naissance officiel du groupe. Un disque qui s'offre en guise de guests de luxe Mike Dean (Corrosion of Conformity) et un certain Chris Cockrell (fondateur de Kyuss mais peu s'en souviennent.).
Sinon musicalement, Kyuss, pardon Vista Chino nous fait le coup de l'intro ténébreuse qui ne sert à rien soit près d'une minute d'un "Goodbye wasteland" qui n'est là que pour faire languir encore un peu plus l'inconditionnel des Blues for the red sun et ... And the circus leaves town. Tiens à propos, lorsque déboule "Dargona dragona" dans les amplis, le vent tourne instantanément et une bouffée de chaleur envahit les stoner-boys que nous sommes. Oui, ça sent le "Kyuss 90's" à plein nez, oui John Garcia a toujours ce charisme vocal incandescent et ce timbre de voix si particulier mais surtout, Vista Chino renvoie la concurrence à ses chères études et envoie des riffs canon se propager un peu dans tous les sens aux quatre coins de la pièce. Parce que oui, là on peut le dire, on s'était attendu à jouer les vieux cons en balançant un poussiéreux "bah c'était mieux avant", mais il faut bien reconnaître que l'on n'est pas bien loin des albums évoqués plus haut. La frappe est sèche, aride comme un cactus perdu au beau milieu de l'Arizona, le riffing saignant comme s'il était resté un peu enfermé pendant quelques années dans une valise elle aussi paumée dans un coin pour le moins inhospitalier du même désert, mais surtout l'ensemble, en sus de faire l'étalage de sa classe évidente (qui en doutait vraiment ?), exhale une harmonie artistique fracassante comme si l'absence du grand absent ne se faisant jamais réellement ressentir (prend ça dans les dents Josh H.). "Sweet remain" et "As you wish" et la maestria formelle ne baisse jamais (ça c'est pour Scott Reeder), les Vista Chino ayant blindé leur casting avec un Bruno Fevery qui n'est décidément pas manchot (ou alors il le cache drôlement bien). En l'état, on se paie une bonne tranche de rock caniculaire, de groove désertique à souhait et de mélodies solaires qui respirent la rocaille, transpirent ce feeling intemporel qui a fait la marque des grands et surtout de Kyuss que l'on ne peut décemment s'empêcher de citer toutes les trois lignes dès lors que l'on doit décrypter Peace. Comme là donc.
Plaisanterie mise à part, la cohérence de l'ensemble proposé sur l'album est plutôt redoutable (merci l'excellentissime "Planets I & II" qui envoie du rêve par pack de douze et enfume l'audience comme rarement). L'addiction définitive est proche, inexorable alors le groupe empile les brûlots stoner-rock incendiaires et groovyssime ("Dark and lovely", "Barcelonian", "Acidize - The gambling moose") sans jamais avoir besoin de forcer son talent ou d'imposer sa puissance instrumentale, juste en faisant ce qu'il sait faire de mieux : à savoir invoquer les Dieux du "desert-rock", passer en mode "génies" et admirer ce qui en sort. Entre temps la ballade "Adara" puis la courte respiration "Mas vino" auront aéré un album de fait parfaitement équilibré) et terminé de faire du premier album de Vista Chino ce qu'il est intrinsèquement : soit un album de rock séminal et organique en forme de disque majeur des quinze dernières années de la scène stoner et la preuve que les absents ont toujours tort.
Kyuss est mort, vive Vista Chino !
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