eckert Les annees vaines Le hasard des goûts des autres membres de la rédaction entraine parfois des belles surprises. Alors que mes goûts pour le rock français au sens large, même quand il flirte avec la variété n'est plus un secret pour personne, il allait de soi que je doive m'attacher à chroniquer ces années vaines. Vincent Eckert officie dans un genre que nous pourrions qualifier de chanson rock française sans rendre hommage parfaitement à la substance de ce disque. Le classer dans chansons à textes serait réducteur car nous omettrions de souligner la composition au cordeau des différents titres.

Il nous livre dans ces Les années vaines 11 chansons écrites et enregistrées juste avant le confinement de mars 2020. Le titre porte bien son nom tant les deux dernières années semblent avoir été des années "pour rien". Alors que le titre pourrait laisser augurer des textes sombres, ils essaient au contraire de faire rayonner certains espoirs de cette époque contemporaine. "La mauvaise pente" en duo avec la chanteuse Isaka a l'honneur d'ouvrir le bal. Les deux chanteurs se renvoient parfaitement les répliques, il est facile de penser tout de go à Barbara, Miossec, Da Silva, Dominique A ou encore Françoiz Breut. La composition sert les textes et nous nous laissons entrainer par celui qui est pour nous, ne le cachons pas, un nouveau venu. Au fil des compositions, l'artiste creuse le sillon dans cette chanson rock française en sachant parfaitement mêler les accords d'accordéon aux guitares. Le titre "L'estompe" dans ses guitares résolument rock nous fait penser à feu un groupe bordelais, alors qu'"Elle entend la mer" dans un piano voix nous ferait presque penser à un Sheller ou un Christophe qui aurait embarqué Agnès Obel dans un duo voluptueux. Vincent Eckert ne souhaite pas s'enfermer dans un seul genre et semble tour à tour convoquer le banjo d'Alela Diane et les chœurs de Camille époque "Le fil" sur le titre "Canon pour quatre saisons" comme pour nous indiquer que ces années ne sont finalement pas si vaines que cela. Entre western spaghetti et Sixteen Horsepower, "Ne plus rien entendre est tout ce qu'il me reste" pourrait figurer avec "Les bières aujourd'hui s'ouvrent manuellement" dans le top des titres les plus intrigant du rock français.

Vincent Eckert arrive avec ses compositions à se rendre attachant et ce qui devait être une figure imposée devient un plaisir d'écouter en intégralité ses 11 titres comme une parenthèse dans les années vaines que nous avons vécues depuis mars 2020.