The View Electrical

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Le prolifique label rock suisse Hummus Records (Coilguns, Impure Wilhelmina, Kunz...) n'en finit donc plus de nous surprendre avec la mise en lumière d'une autre formation de leur coin (enfin, à plus d'une heure en bagnole de la Chaux-de-Fonds quand même), à savoir les Lausannois de The View Electrical. Officiellement duo, initié à l'automne 2012 par la rencontre entre le chanteur-guitariste Frédéric Aellen de Sonograph et le guitariste-claviériste Raul Bortolotti de Kruger et No Sun In San Francisco, le groupe se considère davantage comme un collectif de musiciens libres et volontaires qui se veut aux antipodes de la formation rock lambda, selon leurs dires. Ils ont sorti en mars 2015, Roseland, un premier LP avoisinant le style indie-pop abouti en deux ans à partir de sélections de démos que Frédéric avait enregistré plusieurs années en amont de la création du projet.

The View Electrical / Chronique LP > Roseland

The View Electrical - Roseland Mis entre les mains de Magnus Lindberg pour le mixage et le mastering, mais produit par le groupe, Roseland est un long périple de plus d'une heure à travers douze titres décomplexés qui, faute d'un peu de patience et de réécoutes, peut s'avérer lourd à digérer. Et ce, même si le style musical est, disons, facilement accessible par ses multiples tentatives (souvent fructueuses) pour procurer de fortes émotions, qu'elles soient fragiles ou mouvementées, salvatrices ou tristes. Il faut dire que The View Electrical ne lésine pas sur la cargaison de musiciens (une douzaine si j'ai bien compté, de Suisse et d'ailleurs) et d'instruments (pas mal de guitares, mais on trouve également la présence de notes de harpe, de clavier, de piano, de violon ou de violoncelle).

Un projet ambitieux donc, très orchestral par moments avec ce souci constant d'équilibrer au mieux les pistes afin d'éviter les artifices inutiles et la grandiloquence fastidieuse. Et cet exercice, fréquemment périlleux, est dans ce cas présent plutôt bien réussi dans l'ensemble. Idem pour le travail des voix et des chœurs avec notamment la participation de la gent féminine qui fait un bien fou sur quelques titres ("It was time", "A voice of my own", "We won't stay"). Seul bémol à ce sujet : la voix souvent suave de Frédéric n'est pas toujours à l'aise avec l'accent anglais, la fluidité en pâti surtout lorsqu'elle est mise en avant sur des couplets... si tant est que l'on ne lui trouve pas à la longue une certaine uniformité gênante.

La densité sonore de Roseland est traduite par ce désir d'amalgamer les influences des deux membres qui sont assez nombreuses (folk, hip hop, ambiant, métal, new wave, électronique, bandes originales et rock 90's) et sont disséminés ci et là selon les envies. Cela rend le contenu passionnant tant dans la maîtrise parfaite des instruments que dans la direction que prennent les compositions. The View Electrical vous a préparé un beau voyage et saura vous guider, il vous suffira juste de tenir sur la longueur sans s'arrêter sur des détails.