Formé en 2010, The Very Small Orchestra est à ses débuts un duo composé de l'harmoniciste Kiki Graciet et du chanteur guitariste Vincent Bosler (The Hyènes, The Spooky Jam). Deux années plus tard, le groupe enregistre son premier album : Wahou!. L'occasion de montrer quelques influences avec des reprises de AC/DC, Metallica, The Rolling Stones, The Clash ou encore Noir Désir. En 2015 s'enregistre le deuxième album intitulé sobrement II. Au fil du temps, la formation a évolué avec l'arrivée de Denis Barthe (ex-Noir Désir, The Hyènes, Mountain Men) à la batterie, aux percussions, aux chœurs et dans le rôle de Père Noël, de Don Rivaldo Tutti Corto (The Booze) au violon, à la mandoline à la guitare et aux chœurs, de Pascal Lamige à l'accordéon, aux claquettes et aux chœurs, de Jérôme Bertrand (Romano Dandies) à la contrebasse, à la basse et aux chœurs. En février, The Very Small Orchestra accompagné de ses Other Fucker prévoit un nouvel album : Gagarine.
Avec ce nouvel opus, The Very Small Orchestra présente huit nouvelles compositions. "Back in Town" aurait pu sans problème être un titre de The Hyènes. C'est un rock sans prise de tête. Les paroles sont à la fois simples et alambiquées : l'appétit vient en mangeant mais l'amour c'est du taf, c'est vrai qu'elles sont jolies, prends mon râteau et plaf, gentil le toutou remue la queue ouaf ouaf. Sous des airs folk et dans un anglais approximatif, Vincent Bosler poursuit sur un titre poignant. C'est l'histoire d'un mec qu'est pas né heureux, qui passe à côté de sa vie et je garde la fin secrète mais c'est pas du happy end. Instrumentalement, le single - "Kitchen floor" - est rempli de percussions et d'accordéons qui donnent un style plus nostalgique que sombre. C'est aussi l'occasion pour Michel Pedeflous de faire son entrée à la trompette. Kiki Graciet marque "Slow surfin" de son harmonica. C'est un retour en terrain rock qui est encore conservé sur "Mum". Titre sur lequel Olivier Mathios (The Hyènes, Mountain Men) arrive à la basse. Le musicien reste pour les deux titres suivants. D'abord "Hitzek" qui est écrit et chanté par Jurgi Ekiza (Willis Drummond) dans la langue basque. Puis "Dirigeable" qui est l'occasion pour Vincent Bosler de faire un duo au chant avec Stéphanie "Sista Simone" Carré. Nouvelle surprise quand la musique passe au rap avec à la plume et derrière le micro Jon Smoke Zubillaga. L'intervention est aussi inattendue que déroutante. L'expérience de plus de trois minutes trouve complètement sa place dans ce disque riche en horizons. "Les fils de Poutine" prend des consonances russes pour parler d'une histoire d'amour sur les bords de la Moskova. Huit compositions pour faire le tour du globe dans l'univers revendiqué de Johnny Cash, The Cramps ou encore The Black Keys. The Very Small Orchestra se régale aussi à enregistrer quatre reprises qu'ils transposent dans leur univers avec sincérité. Le titre "Hank" est en fait "Ramblin'Man" de Hank Williams qui est sorti en 1953, peu après la mort du patron de la country. Dans une version plus folk, le groupe s'attaque ensuite à "Light my fire" de The Doors (1967 - The Doors). C'est à nouveau le retour de Stéphanie "Sista Simone" Carré au chant quand il faut faire une interprétation mélancolique de "Small town boy" (1984 - The Age of Consent). Pour clore le chapitre des petits plaisirs, le groupe interprète le très très blues "Ride On" de AC/DC (1976 - Dirty Deeds Done Dirt Cheap). Déjà douze titres qui forment un album complet. En guise de bonus, The Very Small Orchestra enchaîne sur douze titres instrumentaux qui composent la bande originale de Fishing in The Moonlight de Christian Monnier. Gargarine est au premier abord un disque simple et efficace. Mais au delà d'être un terrain d'aventure pour une bande de copains-musiciens, c'est aussi un voyage dans les sonorités et les textes. Un outil pour traverser la terre et se catapulter dans l'espace en gardant la tête froide.
Publié dans le Mag #31