Originaire d'Albino, tout près de Bergame, en Lombardie (Italie pour les nuls en géographie), Verdena est un groupe pop-rock alternatif... italien donc (c'est bien il y en a qui suivent), né en 1995 et qui fait son petit bonhomme de chemin dans son pays natal. Ne chantant que dans sa langue natale, le trio est tout de même signé chez Universal pour le territoire transalpin, et a, à ce jour sorti cinq albums, Verdena (1999), Solo un Grande Sasso (2001), Il Suicidio dei Samurai (2004), Requiem (2007), Wow (2011) et une tripotée d'EPs. Ne lui reste plus qu'à s'exporter...
Verdena
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Verdena appartient à une scène, souvent issue à l'origine de petits labels indépendants, résolument tournée vers le rock alternatif chanté en italien, qui, multiforme et atypique est toujours en mouvement et à la recherche d'une expression originale pour affirmer sa différence de la traditionnelle chanson italienne. Une scène qui, depuis Litfiba et Diaframma à la fin des années '80 a quand même trouvé ces lettres de noblesse avec des groupes comme les Sonic Youth italiens Marlene Kuntz (auteurs d'un premier album : Catartica... fondamental), les siciliens de Catane Uzeda (produits par Steve Albini, ...et oui, lui-même !) et Flor de Mal (trop tôt disparus). C'est ainsi que Verdena a grandi depuis 1999 et jusqu'à nos jours avec pour grands frères des groupes et personnalités bienveillantes, diverses et variés. Nous pourrions aujourd'hui également citer d'autres artistes, pas forcement sur le même créneau mais contemporains de Verdena et à l'univers personnel bien caractérisé à écouter de près tels que Baustelle, Jovanotti, les Napolitains au son de Bristol Almamegretta, les bruitistes Massimo Volume, ou l'excellentissime Teatro degli orrori (ces derniers sont à "ranger" entre les Melvins, The Jesus Lizard et Nick Cave pour l'univers littéraire sont d'ailleurs par beaucoup également considérés comme une très bonne surprise dans le panorama des tendances plus rock !).
Emmené par Alberto Ferrari (chant, guitare), Roberta Sammarelli (basse), et Luca Ferrari : batterie, frère d'Alberto, donc eux frères ayant grandi dans les montagnes près de Bergame et enregistrant tout depuis leur plus tendre âge dans leur studio, un ex-poulailler à côté de la maison de leurs parents, aménagé en salle de répète au fil des années comme des grands, les Ferrari rencontrent sur leur chemin, une très bonne bassiste multi-instrumentiste jouant dans une formation punk de filles.. et le tour est joué : Verdena est formé et se lance immédiatement dans la production de démos qui seront remarquées par le label Black Out, affilié à Universal chez qui sortira le premier disque en 1999. Album par ailleurs sera enregistré par le guitariste/producteur Giorgio Canali, bien connu par avoir travaillé avec Noir Désir et quelques bons groupes de la scène française.
Leur précédent disque Requiem (2007) quatrième depuis leurs débuts, gravitait encore essentiellement sur des bases soutenues par une rythmique martiale, des textes en italien toujours visionnaires et des accords puissants à l'impact certain sur un public féru de Queens Of The Stone Age, Deftones ou Foo Fighters. Pourtant toutes leurs cartes n'avaient pas encore été dévoilées. Une fraicheur certaine lors des interviews, une forme de réserve peut-être et de méfiance aussi vis-à-vis des médias qu'ils préfèrent appréhender de loin, ne font qu'entretenir le mystère. Verdena dit souvent ne pas jouer du rock en italien mais de faire du rock en Italie.. ce qui, compte tenu des difficultés pour les jeunes artistes plus exigeants et anticonformistes d'y vivre de leur art, est déjà un exploit en soi !
Après 4 ans de silence où, comme pour exorciser le vide et s'autoriser à explorer de nouvelles voies d'expression, ils n'ont pas cessé d'enregistrer et collaborer à des projets parallèles, ils ont encore gagné en maturité et ont repris la route. Ils s'aventurent en 2011 avec Wow sur des compositions, des mélodies, des textures sonores plus originales. L'esprit de Brian Wilson et des Beatles de la période du White album plane sur tout le disque, seulement, cela serait réducteur sans compter le fait que Verdena tente le pari fou de vouloir conjuguer son punk-rock à Manhattan Transfer, aux Doors et à King Crimson avec une originalité, une subtilité et un hommage pour la tradition de la meilleure cuisine italienne dont ils sont les seuls à détenir la recette. Grâce à ce double album, le groupe se paie même le plaisir de faire le dos rond aux guitares pour ainsi s'ouvrir aujourd'hui, tout en modestie, à une recherche d'harmonies plus riches, complexes et subtiles. Les claviers, synthétiseurs et autres boites à rythmes sont savamment dosés. Leur fougue est pourtant toujours bel et bien là, les voix en retrait, les instruments toujours mis en avant. La puissante batterie est définitivement le maitre à bord de ce navire traversant les vagues à l'âme de leur rock abrasif. C'est le vent en poupe qu'ils peuvent ainsi librement explorer en concert des voies moins communes dans leur discographie et les rendre accessibles à une écoute, un auditoire plus large, voir à un public plus international.
Bref, Verdena nouveau fer de lance de la scène italienne plus exigeante ? Annoncent-ils un renouveau qui, faute de ne pouvoir être pleinement satisfait et visible sur place gagnerait peut-être à être confronté hors de la péninsule ? En tout cas, c'est comme s'ils concentraient à eux seuls et en ce double-album 45 ans d'histoire du rock aux influences plus disparates. A suivre en espérant, comme il y a quelques années lors d'un rapide passage à La Flèche d'Or à Paris, quelques dates en France.