Le 9 mai, on sort l'album de Ventura, un trio où tu retrouves Phil (chant, guitare) qui a joué dans Illford, Diego le bassiste de Shovel et Mike le batteur d'Iscariote, ça te branche ? Un peu que ça m'intéresse ! Les trois gaillards ont monté ce groupe en 2002 et se sont fait doucement connaître du côté de Lausanne. Une démo, deux splits (avec Disco Doom puis Cortez), des compilations et trois ans plus tard (en octobre 2005) les voilà à l'enregistrement d'un long play au Aum studio chez Patrick Matthey (Noï, Shovel, Unfold, ... une place forte du bon son suisse). Le mastering est fait par Glenn Miller au Greenwood (WorMachine, Lofofora, Nostromo... encore une place forte du bon son suisse) et le temps d'emballer le CD intitulé Pa capona dans un très joli digipak, le tout sort en France à l'approche de l'été 2007. Toutes leurs prods sont sorties chez Get A Life Records, un label créé un peu pour eux et qui s'ouvre à d'autres (comme Berserk For Tea Time).
Infos sur Ventura
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Et ça tu connais ?
Rubrique :
Commodor
Rock noisy qui porte haut les couleurs de la scène helvétique...
Liens pour Ventura
- vntr.net: site officiel (409 hits)
- Get a life Records: site du label (343 hits)
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Ventura discographie sélective
Ventura dans le magazine
Numéro :
Mag #39
On a un peu profité des vacances du coup, on a décalé notre rentrée et ce Mag #39 ne déboule que fin septembre... Tu y retrouves des interviews de Ventura, Manu, Cocaine Piss, The Lumberjack Feedback, Sapiens, Leahtan mais aussi de Nico qui sort un peu de l'ombre avec Rise Booking Agency.
Liens Internet
- La Grosse Radio : le site de La Webradio Rock
- Visual Music : le webzine rouge
- Music Productive : Association pour la promotion des artistes belges.
Rock > Ventura
Biographie > Ace ?
Interview : Ventura, InterVientura (sept. 2019)
Interview : Ventura, La dernière interview tue (mai 2014)
Ventura / Chronique LP > Ad matres
À bien des égards, Ad matres est un album à part dans la discographie de Ventura. Et ce n'est pas seulement parce le trio historique a changé de batteur (Grégoire, quartier de Cortez, a remplacé Mike) et s'est séparé de leur éphémère guitariste Olivier. Ou parce qu'il a anecdotiquement pété son record de délai entre deux albums, soit 6 ans après le somptueux Ultima necat. Ironie du sort, ce quatrième album est sorti le même jour que Fear inoculum de Tool, formation réputée pour mettre un temps fou à sortir des albums (13 ans pour le dernier, soit l'époque de Pa capona !). Ventura n'en est pas encore là, mais à chaque album son histoire. Bref, revenons-en à nos moutons. Si Ad matres est un album à part, c'est parce qu'au-delà de la magie des émotions que ce groupe est toujours capable de produire avec aisance, il se révèle être désormais beaucoup moins attiré par les saturations à la fois compactes et amples, par les vibrations capitonnées de basses rondouillettes et étouffantes et par des rythmiques lourdes et mécaniques auxquelles on pouvait facilement l'identifier notamment après les sorties de We recruit et d'Ultima necat.
Ce Ventura cuvée 2019 laisse une place prépondérante aux mélodies, à la respiration donnée à ses morceaux, aux différents mouvements des styles qu'il offre (indie-rock, post-rock, slowcore, dream-pop, noise-rock...), à cette voix pleine d'émoi qu'on discerne un peu plus qu'avant du reste, à une basse beaucoup plus présente et moins sourde. En somme, la grande nouveauté de ce nouvel effort est la direction choisie concernant notamment la production, et est, selon les intéressés, due au jeu de batterie tout en nuance de Greg. Dès l'introductive et voluptueuse "Acetone", on est d'emblée frappé par cette évolution. Et même s'il est difficile de chasser le naturel, il revient toujours au galop à un moment donné, à l'image de l'énergique "Void" et son riffing conquérant, ou la sublime et frissonnante "Faith, hope & charity" réalisée en partie avec une guitare acoustique. À l'instar de ces derniers cités, "Revenge" et "To stand no has one" sont aussi des morceaux qui auraient pu avoir facilement leur place sur les précédentes sorties.
Malgré la profonde tristesse et le mal-être qui jonche ce disque, Ventura arrive toujours à nous faire sourire par moments, comme ce langoureux "Johnny is sick" qui doit probablement parler de notre Johnny national, à l'époque où il n'était pas encore mort, et qui m'a rappelé le running-gag de cette fameuse page Facebook sur son état de santé quotidien. D'autres morceaux surprennent et nous détournent des habitudes du trio par le biais par exemple d'une pop céleste qui monte progressivement dans les décibels ("The dots better") ou par l'errance d'esprits indéfinissables ("I'm afraid", "To suffer"). Bouleversé par la perte d'une mère (celle de Diego en l'occurrence) - d'où ce nom choisi pour ce disque - les Ventura savent aussi trouver la lumière ("Pionner") à travers ses dix titres pour lesquels il est difficile d'y trouver des points faibles. Les Suisses font partie de ces quelques formations qui ne nous ont jamais déçus, et même si ces dernières années nous ont laissé un petit doute sur leurs ambitions de poursuivre cette belle aventure, on se dit sans hésitation que l'attente en valait la peine car Ad matres est un petit bijou.
Publié dans le Mag #39
Ventura / Chronique LP > Ultima necat
Cela fait plus de 20 ans que j'ai arrêté le latin mais dans les trucs que je n'oublie toujours pas, il y a cette expression "vulnerant omnes ultima necat" comprendre "toutes (les heures) blessent, la dernière tue", une lapalissade stylée et qui en jette sur les très vieilles horloges et qui se retrouve en partie ici accolée à des macaques nippons se la coulant douce dans une source géothermique.
Trois ans après We recruit, cet Ultima necat est une nouvelle petite merveille qui aurait pu trouver sa place après Pa capona car si Serge Morratel a encore oublié de lésiné sur le grain, on a de beaux moments de rock indé tout droit sorti des années 90. L'ensemble est donc un poil moins âpre et rugueux que l'album précédent, le chant y est pour beaucoup, les jolies mélodies aussi. Si tu ne connais pas encore Ventura (terrible erreur entre nous soit dit), il faut t'imaginer un Nada Surf qui aurait blindé ses guitares et sa basse de saturation. Mais pas tout le temps évidemment, car il faut aussi laisser un peu d'air pur pour mieux le densifier (sur le morceau-fleuve de service qu'est "Amputee" par exemple).
Pas de révolution chez Ventura mais avec la constance du travail bien fait, le groupe continue de me ravir. Ils ont de multiples dons comme ceux de la composition bien pensée, de la juste distorsion, de l'harmonie idéale, du temps mort ou de la déflagration dans le bon timing, du rythme qu'il faut quand il le faut, c'est simple, il n'y a rien à jeter, quelque soit l'humeur (dépressive sur "Little wolf", enjoué et badine sur "Nothing else mattered"), les Suisses sont toujours dans le bon ton et déroulent leurs titres comme autant d'évidences. Chapeau bas. Encore une fois.
Enfin, sache pour l'anecdote, que c'est à Ventura, en Californie, que l'album a été masterisé et ce n'est pas juste pour la blague car Sonic Youth, Primus, Nebula, les Melvins, Pearl Jam, Neurosis, Earth et de nombreux autres sont passés entre les doigts des Golden...
Ventura / Chronique LP > We recruit
Après un 7 pouces avec en guest de luxe David Yow (ex-The Jesus Lizard) au chant, les Ventura repassent en trio pour un nouvel album enregistré chez Serge Morattel (Knut, Tantrum, Shora, Membrane, Houston Swing Engine, Impure Wilhelmina...). Un assemblage de casques romains, une pièce également d'origine romaine et un gris classe habillent le package cartonné. Si l'on peut remarquer un "II" en haut à droite, le titre de l'opus est bien We recruit mais ce n'est pas forcément un appel à d'autres chanteurs ou zicos...
Si les Helvètes ont conservé leur sens de l'âpreté, certains sons ont gardé de leur clarté pour éclater et faire ressortir le reste, ce sont donc ces passages (surtout les intros, entre autres celles de "I always said he was weird", "I quite like it here" ou "Demons"...) et les plus ou moins lentes évolutions des compositions vers beaucoup plus de grain qui s'imposent comme la marque de fabrique du Ventura de 2010. Les charpentes semblent avoir gagné en compléxité, le groupe s'éloigne donc des ambiances sympas et grungy à la Local H / Nirvana vers des horizons plus sludge ou post-noisy-rock si on veut s'amuser avec les adjectifs, des idées que ne renieraient pas des Sonic Youth jouant davantage avec la saturation.
Avec uniquement quelques titres assez frontaux ("Twenty four thousand people", "All the reasons not to") qui ne laissent pas s'installer le calme avant de le déchirer, We recruit a un important pouvoir immersif, on rentre dans chaque morceau en douceur et une fois bien au chaud à l'intérieur, les pédales d'effets attaquent le travail de sape et finissent par nous ouvrir le coeur. Le chant détonne parfois par son calme et sa limpidité au coeur de l'orage ("Demons").
Ventura confirme à la fois qu'il est un groupe à part et qu'il faut impérativement connaître, ne serait-ce que par respect pour celui qu'ils ont pour une certaine idée du rock.
Ventura / Chronique LP > Pa capona
Prennez des adorateurs de Shellac et d'une certaine attitude rock ayant déjà vécu l'aventure d'un groupe de rock étincelant, épicez avec une atmosphère digne du Bleach de Nirvana, mélangez avec la vague émo rock, laissez mariner 3 ans, secouez et servez bien frais, vous avez le Pa capona de Ventura.
D'emblée le son proprement garage, extrêmement noisy rapeux pour la guitare, rond et accrocheur pour la basse, discret et efficace pour la batterie nous donne tout de suite le ton, un son "crade", ça se travaille, un chant sincèrement éraillé, ça ne s'invente pas, s'ils ont mis aussi longtemps à nous livrer leur opus, c'est pas uniquement due à la réalité du marché et de l'industrie (sick sad world), c'est qu'ils voulaient que Pa capona leur ressemble et soit dans la lignée de ce qu'ils aiment. Pari réussi avec tout un tas d'émotions qui transparaissent au long des 13 titres. On passe par tous les états entre une forme de nostalgie/mélancolie ("I keep starting", "Ovens") et la rage plus ou moins contenue qui finit toujours par trouver un exutoire ("Everything", "I keep position") avec une tension quasi permanente ("The question", "Violent, all the time").
Tout ça avec comme dénominateur commun, le rock, le vrai, celui auquel le format guitare-basse-batterie va si bien, un rock échevelé qui au final semble guère se soucier du temps qui passe, qui invite des amis pour leur dire merci plus que pour leur faire une place (Valérie Niederoest (Toboggan) étant plus que discrète sur "Thoughts and speeches"), un rock authentique qui est devenu malheureusement une denrée rare.
Profitons donc de Ventura avant de se lamenter sur leurs cendres (remember Shovel, Iscariote...). Si en plus tu aimes les engins de chantiers et les pompes à essence, procure-toi rapidement cette édition limitée...