Ventura - We recruit Après un 7 pouces avec en guest de luxe David Yow (ex-The Jesus Lizard) au chant, les Ventura repassent en trio pour un nouvel album enregistré chez Serge Morattel (Knut, Tantrum, Shora, Membrane, Houston Swing Engine, Impure Wilhelmina...). Un assemblage de casques romains, une pièce également d'origine romaine et un gris classe habillent le package cartonné. Si l'on peut remarquer un "II" en haut à droite, le titre de l'opus est bien We recruit mais ce n'est pas forcément un appel à d'autres chanteurs ou zicos...
Si les Helvètes ont conservé leur sens de l'âpreté, certains sons ont gardé de leur clarté pour éclater et faire ressortir le reste, ce sont donc ces passages (surtout les intros, entre autres celles de "I always said he was weird", "I quite like it here" ou "Demons"...) et les plus ou moins lentes évolutions des compositions vers beaucoup plus de grain qui s'imposent comme la marque de fabrique du Ventura de 2010. Les charpentes semblent avoir gagné en compléxité, le groupe s'éloigne donc des ambiances sympas et grungy à la Local H / Nirvana vers des horizons plus sludge ou post-noisy-rock si on veut s'amuser avec les adjectifs, des idées que ne renieraient pas des Sonic Youth jouant davantage avec la saturation.
Avec uniquement quelques titres assez frontaux ("Twenty four thousand people", "All the reasons not to") qui ne laissent pas s'installer le calme avant de le déchirer, We recruit a un important pouvoir immersif, on rentre dans chaque morceau en douceur et une fois bien au chaud à l'intérieur, les pédales d'effets attaquent le travail de sape et finissent par nous ouvrir le coeur. Le chant détonne parfois par son calme et sa limpidité au coeur de l'orage ("Demons").
Ventura confirme à la fois qu'il est un groupe à part et qu'il faut impérativement connaître, ne serait-ce que par respect pour celui qu'ils ont pour une certaine idée du rock.