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Vegg / Chronique LP > Anthropophobie

Vegg - Anthopophobie Quand on sort un nouvel album qui s'intitule Anthropophobie, on sent bien que Vegg ne va pas nous inviter à faire une queue leu leu (en même temps, à part Didier Super, il n'y a pas grand monde qui te propose une chenille quand tu écoutes un disque...). Mais il ne faudrait pas limiter cette nouvelle production du quatuor (Jé, Dré, Gui & Oliv), à une basique ode autour d'une certaine forme de misanthropie. Tout dans ce que qu'ils nous proposent est complexe et élaboré. Que ce soit au niveau musical où l'on flirte toujours avec le rock indé qui sait étirer chaque titre jusqu'à la cassure, l'explosion, qui prend le temps d'orchestrer la montée de sève, le pétage de plomb. Comme un Sonic Youth un peu plus incisif ou un Portobello Bones ressuscité, on glissera en mode noise ("20130213 seum scolaire") voire post-hardcore ("20220224 Damas - Kiev "). Musicalement en continuité avec les deux précédents albums, Joie de vivre en 2014 et Triste taille en 2019, la petite nouveauté provient des textes qui sont désormais chantés ou récités en français. C'est d'ailleurs toujours plus agréable de comprendre naturellement les thèmes développés sur les 7 titres d'Anthropophobie, surtout quand il s'agit de poésies urbaines et réalistes, discours enflammés, spoken word vindicatifs. Visuellement, l'artwork est également très travaillé, basé sur la plaque de Pioneer, morceau de métal embarqué sur les sondes spatiales Pioneer 10 et 11, censé envoyer un message aux extra-terrestres en mode carte de visite de l'espèce humaine. Vegg l'a réinterprété, que ce soit la représentation du couple, la rosace, les titres qui ont été encodés (ces mêmes titres qui sont initialement des dates, mais pour lesquels un sous-titre a été rajouté), et tous les messages plus ou moins étonnants qui composaient cette plaque.

Avec cette déclinaison d'Anthropophobie en version message intergalactique, on peut se poser la question suivante : « Et si on envoyait cet album dans l'espace, qu'en penseraient les aliens qui attraperaient l'étrange galette ? » Eh bien que l'être humain est créatif, complexe, et qu'il sait produire des sonorités fort élaborées qui font du bien aux oreilles (en espérant donc, qu'ils en aient, eux, des oreilles).

Publié dans le Mag #55

Vegg / Chronique LP > Triste taille

Vegg - Triste taille On trouve des traces de Vegg dans certains endroits de la capitale qui remontent à 2006, ce quatuor se fait pourtant discret puisqu'on vient de recevoir ce qui est sa troisième production. Avec des influences assumées comme Shellac, Sonic Youth ou Pavement, tu comprends que les gaillards trouvent leur bonheur dans les mélodies écorchées et le rock indépendant qui connut ses grandes heures dans les années 90. S'ils se font rare dans les bacs, c'est qu'ils doivent passer du temps à affiner leurs distorsions, doser rage et harmonie, soigner les rythmes ("A chainsaw : Vinnie" ne s'écrit pas en 5 minutes) et réécouter les Portobello Bones, Condense ou Drive Blind. La noise s'adapte à toutes les époques et même s'il est un peu plus propre aujourd'hui, elle n'en reste pas moins accrocheuse. Reste à connaître l'origine du titre de la rondelle : Triste taille... Serait-ce l'expression d'un complexe ? Peut-être, surtout si les mecs ont grandi en comparant leurs envies à celles d'un monument de la culture américaine à savoir Traci (mise à l'honneur dans leur titre et dans un clip), attention, il s'agit bien de Traci Lords et non de Dick Tracy.

Publié dans le Mag #38