Vanilla Blue - sweetheart Vous connaissez Frank Frejnik ? Oui, le fameux Frank Frejnik de Punk Rawk/Rock Sound /Violence/Slow Death ... ? Je vous souhaite de le rencontrer en tout cas. Un chouette gars. Mais aussi un sacré rigolo. Pour preuve, c'est le genre de type qui peut t'envoyer un super skeud de son label trois jours avant le bouclage de ton zine pour le chroniquer. Un super skeud dont tu as envie de parler là, tout de suite, maintenant, parce que justement, il est super. Alors du coup, tu négocies un délai supplémentaire auprès de ton rédacteur en chef en lui disant, « ouais, mais tu sais, c'est important, ce disque est top, on est dans l'actu... ». Et comme je ne suis pas le dernier à rendre mes textes (et que pour ce numéro, j'ai été assez bon élève), j'ai le droit à un petit temps supplémentaire, le temps d'écouter encore et encore Sweetheart de Vanilla Blue et de t'en faire un retour qui ne sera jamais à la hauteur de la qualité du disque.

Comme tu as encore un peu de mémoire, tu dois te rappeler, et ce à juste titre, que Vanilla Blue, j'en ai déjà parlé il n'y pas longtemps. C'est vrai, c'était dans le numéro 49, pour Dark cities, le premier album. Mais comme le groupe, moins d'un an après ce chouette premier disque, récidive (et de belle manière) en proposant un second opus toujours chez Twenty Something, le prétexte est bon pour en remettre une couche à propos du groupe Stéphanois. Et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il est en meilleure forme que l'équipe de foot locale.

En parlant d'équipe, on ne change pas celle qui gagne. Du coup, c'est Alex « Marcel » Borel qui est de nouveau aux manettes (il est partout celui-là !). Tandis qu'au niveau de la compo (aussi bien au sens musical qu'au sens footballistique), on prend les mêmes et on recommence, avec toutefois l'arrivée de Franck Berger à la batterie, permettant à Junior de passer à la guitare. Le club des 5, en publiant (très) rapidement un deuxième album, aurait pu tomber dans le piège de la facilité et de la redite. C'est mal connaître Vanilla Blue qui, une nouvelle fois, réalise la prouesse de proposer un disque attachant, virevoltant, émouvant et intensément brillant. Mais en déclarant son indéfectible amour (comme élégamment mentionné dans la biographie de Patrick Foulhoux) à Mega City Four et à l'indie rock Britannique aussi sucré qu'acidulé, Vanilla Blue ouvre un peu plus son champ d'action pour conquérir le monde.

En écoutant les quatorze plages de Sweetheart, c'est tellement simple, épuré et joliment exécuté qu'on pourrait croire que c'est à la portée de tout le monde. Que nenni. Il faut avoir du cœur pour écrire des chansons si brillantes. Du cœur, et du talent, évidemment. Dès "Albuzy wings", les mélodies s'entremêlent pour le plus grand bonheur de mes petites oreilles. Pas d'artifice, de grosse production ou je ne sais quoi. C'est cash, ça joue collectif, sans pression et avec beaucoup de détermination. Le vigoureux "Pagan crap" et le génial "My precious friends" (mon morceau préféré) te donneront des frissons. "Out of time" (que les Foggy Bottom vont adorer !) et "The gift" te feront reprendre ton souffle avant d'enquiller sur le dansant "You got to live" et sa partie cuivrée, l'enivrant "Eternal sunset" et les remuants "Again and again", "An empty seat" et "Half of us". Mention spéciale à "Panic", punk hardcore un peu hors propos mais tellement jouissif avec la participation de Jerry A de Poison Idea. Et tandis que le fabuleux "Sweetheart" et le lancinant "Darker than blue" clôturent de belle manière ce deuxième LP (livré avec un CD live des titres du premier disque), je ne peux que me rendre à l'évidence : ce groupe aux guitares harmonieuses et aux mélodies imparables est fait pour moi. Merci Vanilla Blue. Et merci Frank de faire repousser les deadlines pour la (bonne) cause du rock 'n' roll.