V13 - Overlook Hotel Congestion électrique, explosions de décibels, une véritable éruption sonique sortant d'on ne sait trop où mais qui, entre geysers de lave en fusion et nuages de poussière, nous arrive en pleine figure sans prévenir : V13 se met en position et s'apprête à jouer les snipers d'élite ("Renegat"). Dans la ligne de mire, un auditeur qui ne sait pas encore qu'il est la cible d'un groupe capable de le terrasser d'une seule rafale de riffs hardcore rock. Noise sulfurique, textes dans la langue de Molière (soit, mais en anglais, ça sonnerait quand même mieux...), une énergie qui foudroie quiconque se dresse sur le passage des Cannois et un message "Tu as choisis d'entrer". Le morceau annonce la couleur, le reste, ça se passera entre l'auditeur et le groupe.
Crescendo déchaîné, déflagration métallique ("Black sheep"), accélération brutalement punkoïde et pas Tokyoïdes (Note : on s'excuse d'avance pour le bide qu'occasionnera fatalement cette vanne foireuse...), le groupe explose les limites habituelles du rock noisy et en fait quelque chose d'incroyablement intense, impulsif et ravageur. Exaltant dans son approche rythmique, kaléidoscopique dès lors qu'il s'agit de parler des styles : entre math-rock, noise et hardcore dopé au punk sursaturé, V13 enchaîne les titres à un tempo effréné afin d'accélérer les pulsations cardiaques de l'auditeur. Ruptures de rythme, accélération soudaine, le groupe semble prendre un malin plaisir à écrire des titres parfois déconstruits ("Alexandra"), d'autres fois complètement bétonné (l'excellent et percutant "Gouache"). Overlook Hotel devant donc être la parfaite synthèse des deux... quelque part entre Baxters, Sleeppers et Virago.
Après 5 titres (sur 10), le groupe nous a déjà acquis à sa cause et c'est là qu'il décide de dévoiler un autre versant de sa musique. Moins frontale, plus allégée et toute aussi vénéneuse. Quelques son triturés, un faux rythme mid-tempo appelant à une poussée de tension forcément fatale ("Pygmalion" puis "Chute libre), les Cannois prennent le risque de décevoir ("Mais ils ne renforcent pas [...] imbécile") tout en gardant la main pour revenir aux fondamentaux de ce qui fait la "V13's touch" sur le morceau suivant (l'éponyme "Overlook hotel" et son final apocalyptique). On l'aura compris, on a ici un groupe qui aime se mettre en danger, parce que c'est là l'essence même de sa musique, dans son urgence comme son raffinement, ses fulgurances électriques et sa verve infusée dans le rock, le metal et la noise. Classe.