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Biographie > Utopie rock

Projet à vocation internationale basé à Paris, Utopium est une formation post-rock atypique puisque composée de quatre musiciens provenant d'horizons géographiques aussi divers qu'éloignés les uns des autres. Mexique, Russie et France pour être plus précis, les pays d'origine d'Andy Soto (lead guitare), Renaud Pempie (basse), Tito Depinho (batterie et production) et Maxim Petrovski (voix et guitare), ont beau être loin de plusieurs centaines (voire milliers) de kilomètres, les influences musicales d'Utopium sont essentiellement anglo-saxonnes. Si Sonic Youth, The Mars Volta ou Placebo sont ainsi volontiers cités dans la biographie du groupe, le son d'Utopium se rapproche bien plus des travaux de Mogwai, Slowdive ou My Bloody Valentine, pour développer un post-rock atmosphérique et éthéré de haute volée, à l'image de No memory man, premier album du groupe.

Utopium / Chronique LP > Utopium

Utopium - S/t Après quasiment cinq années de silence pendant lesquelles on commençait à penser que le groupe avait mis un terme à ses activités, Utopium revient finalement aux affaires avec sous le coude un nouvel album studio enregistré en secret courant 2013. Un disque autoproduit et faisant suite au très classe Doubleplusgood et qui vient dès ses premiers titres ("Now it exists" en tête) nier la théorie selon laquelle le groupe ferait du post-rock. Ce qui est rigoureusement faux. Enfin, si l'on ne fait que se borner à cette seule étiquette, le quartet "international" (puisque toujours basé entre plusieurs pays) évoluant dans des contrées stylistiques pointant une forme de convergence entre indie-rock à l'anglo-saxonne et post-rock de nouvelle génération (en matière d'atmosphères surtout).

Et puis il y a ce chant, très clair, relativement haut-perché qui donne une coloration presque pop à un ensemble paradoxalement rock ("Above the world") nous renvoyant régulièrement vers le passé et la scène indie de la fin des 80's/début des 90's. Ce, pour un résultat souvent séduisant et parfois même confinant au sublime avec la pépite de l'album qu'est le hit "Autumn in Bangkok". La classe étourdissante d'un titre à la tonalité moderne mais traversé par une mélodie old-school qui fait d'Utopium un groupe capable de déplacer quelques minutes durant nos repères temporels par le prisme d'une écriture savamment ciselée ("Cloudy34", "Chase them out"). Un songwriting des plus affûtés pour un album fuselé et qui nécessite un certain effort d'immersion (ou un minimum de culture musicale) et une constellation de titres qui rendent hommage, à leur manière, aux influences d'un groupe en pleine maturité.

Quelque part entre A Place to Bury Strangers, Mogwai, My Bloody Valentine, Slint, The Jesus And Mary Chain, Utopium livre ici une partition tantôt exigeante, tantôt plus facile d'accès ("Stardust"), variant constamment les approches pour ne jamais se répéter, que ce soit par le biais de l'hypnotique ("Lost in the cyberspace") de l'intense ("Volumen") ou du scintillant "In a heartbeat". La réussite artistique au rendez-vous et un album à écouter encore et encore, afin de pleinement pouvoir l'apprécier.

Utopium / Chronique LP > Doubleplusgood

Utopium - Doubleplusgood Comment fait un groupe qui a sorti un disque magnifique et injustement resté un peu dans l'ombre à l'heure de son nouvel opus ? Après un No memory man de haute volée, trois possibilités s'offraient à Utopium. La première : faire simplement mieux. La seconde : faire différent. La troisième : mixer les deux précédentes et repousser ses propres limites. Pas besoin de se poser longtemps la question pour savoir que Doubleplusgood est simplement le résultat de l'hypothèse n°3. "130 revisited" et "Bald soprano" éclaboussent d'entrée les enceintes de toute leur classe pop/post-rock. Mélodies brûlantes, chant enfiévré, riffs pénétrants, l'écriture est soignée, l'efficacité, exemplaire. Après un court interlude inattendu, Utopium fait grimper la tension. Les guitares s'embrasent, l'intensité monte de plusieurs cran, le groupe exploite pleinement son potentiel. Instrumentations qui s'élèvent inexorablement dans la stratosphère, arrangements subtils, soundscapes envoûtants, progressions mélodiques finement orchestrées, Andy, Guillaume, Maxime et Tito ne semblent jamais aussi bons que quand ils laissent exprimer leurs velléités post-rock ("Chinese wall of sound").
Ainsi, alors que "Son of a butch" reste relativement confidentiel, "Straight A" voit le groupe livrer une véritable pépite du genre. Décidé à ne pas se laisser enfermer par les conventions de quelque style que ce soit, le groupe fait constamment évoluer sa musique. L'électrique et enlevé "Canada", ou le plus intimiste "Song for an artist" en sont les meilleurs exemples. Utopium variant les couleurs de son répertoire, usant à loisir de toute la palette artistique ici à sa disposition pour se sublimer. Délivrant par là-même une musique éminemment sensorielle, le groupe surperpose les couches mélodiques, les crescendo de guitares et les nappes synthétiques avant de les déposer dans un seul et même écrin au digipak et visuel élégant. Doubleplusgood nous emmène ainsi visiter des territoires musicaux fertiles et propices à l'apaisement des sens et le résultat dépasse ce que l'on avait pu découvrir sur No memory man... "? Ves el camino", l'éponyme "Doubleplusgood", le quartet se pare de ses plus beaux atouts avant de refermer définitivement son nouvel opus après quelques instants de magie pure. Classe...

Utopium / Chronique LP > No memory man

utopium_no_memory_man.jpg Neuf titres d'un post-rock stratosphérique et romantique auxquels s'ajoutent deux courtes respirations en forme d'interlude, Utopium livre avec "No memory man" un album long de plus de cinquante minutes de musique dont près de treize pour le seul final du disque. Paradoxalement, les compositions du groupe jouent moins sur la longueur (il n'est pas rare d'écouter un morceau de post-rock long de plus de 7 minutes), que sur la hauteur que prend sa musique pour s'exprimer. Post-rock, le travail des membres d'Utopium l'est souvent, mais pas uniquement, loin s'en faut. Se plaisant à tranquillement s'éloigner des canons du genre pour mieux dérouter les amateurs d'étiquetage musical, le groupe livre des compositions dépassant rarement les 4'30 ("Deuce", "Tidal waves"), mêlant indie rock aux riffs incandescents ("Icarus"), refrains pop ("Planeador") et mélopées post-rock soigneusement dévoilées.
Ajouté à cela un chant particulièrement présent (on pense notamment ici aux anglais de Red Jetson) et "No memory man" se retrouve à cultiver le mélange des genres pour mieux en distiller la substantifique moëlle. Aérienne et puissante dans ces vagues de guitares qui submergent sans cesse les plages indie pop-rock des onze titres de l'album, harmonieuse et particulièrement maîtrisée, la musique d'Utopium s'applique à faire jaillir, en n'importe quel instant, l'intensité émotionnelle sans jamais se dépareiller d'une délicate subtilité. Se situant à la croisée des chemins entre un Mogwai, un Explosions in the Sky ou un The Spherical Minds, le groupe maîtrise son sujet, développant ainsi des mélodies graciles et des ambiances soyeuses que ne renierait sans doute pas les norvégiens de The White Birch (l'éponyme "No memory man", l'atmosphérique première partie de "Falling away").
Se dégageant peu à peu de l'influence de ses modèles, Utopium se libère vers la fin de l'album, trouvant ainsi sa voie en rendant des titres aux atmosphères plus éléctriques (la seconde partie de "Falling away", "Nhoh".), des titres languissants et hypnotiques, racés et intenses. Le groupe y affirmant un peu plus une personnalité musicale forte, un style prônant justement la fusion transversale des genres, avec pertinence, originalité et inventivité. Jouant à la fin de son album sur l'intime, Utopium distille ses effets de manche sans se presser, gardant toujours sous la main une carte maîtresse au moment où l'on ne s'y attend plus. Des interludes empruntant volontairement autant du côté de la noise que du rock instrumental expérimental, des compositions plus classiques évoluant, on l'a dit précédemment, entre pop, rock et post-rock, No memory man est au final un album aussi varié que sans fausse note, aussi abouti que transcendant. Un disque qui pour reprendre le nom de l'un de ses morceaux, nous invite à maintenant fermer les yeux, et nous laisser envoûter.