Neuf titres d'un post-rock stratosphérique et romantique auxquels s'ajoutent deux courtes respirations en forme d'interlude, Utopium livre avec "No memory man" un album long de plus de cinquante minutes de musique dont près de treize pour le seul final du disque. Paradoxalement, les compositions du groupe jouent moins sur la longueur (il n'est pas rare d'écouter un morceau de post-rock long de plus de 7 minutes), que sur la hauteur que prend sa musique pour s'exprimer. Post-rock, le travail des membres d'Utopium l'est souvent, mais pas uniquement, loin s'en faut. Se plaisant à tranquillement s'éloigner des canons du genre pour mieux dérouter les amateurs d'étiquetage musical, le groupe livre des compositions dépassant rarement les 4'30 ("Deuce", "Tidal waves"), mêlant indie rock aux riffs incandescents ("Icarus"), refrains pop ("Planeador") et mélopées post-rock soigneusement dévoilées.
Ajouté à cela un chant particulièrement présent (on pense notamment ici aux anglais de Red Jetson) et "No memory man" se retrouve à cultiver le mélange des genres pour mieux en distiller la substantifique moëlle. Aérienne et puissante dans ces vagues de guitares qui submergent sans cesse les plages indie pop-rock des onze titres de l'album, harmonieuse et particulièrement maîtrisée, la musique d'Utopium s'applique à faire jaillir, en n'importe quel instant, l'intensité émotionnelle sans jamais se dépareiller d'une délicate subtilité. Se situant à la croisée des chemins entre un Mogwai, un Explosions in the Sky ou un The Spherical Minds, le groupe maîtrise son sujet, développant ainsi des mélodies graciles et des ambiances soyeuses que ne renierait sans doute pas les norvégiens de The White Birch (l'éponyme "No memory man", l'atmosphérique première partie de "Falling away").
Se dégageant peu à peu de l'influence de ses modèles, Utopium se libère vers la fin de l'album, trouvant ainsi sa voie en rendant des titres aux atmosphères plus éléctriques (la seconde partie de "Falling away", "Nhoh".), des titres languissants et hypnotiques, racés et intenses. Le groupe y affirmant un peu plus une personnalité musicale forte, un style prônant justement la fusion transversale des genres, avec pertinence, originalité et inventivité. Jouant à la fin de son album sur l'intime, Utopium distille ses effets de manche sans se presser, gardant toujours sous la main une carte maîtresse au moment où l'on ne s'y attend plus. Des interludes empruntant volontairement autant du côté de la noise que du rock instrumental expérimental, des compositions plus classiques évoluant, on l'a dit précédemment, entre pop, rock et post-rock, No memory man est au final un album aussi varié que sans fausse note, aussi abouti que transcendant. Un disque qui pour reprendre le nom de l'un de ses morceaux, nous invite à maintenant fermer les yeux, et nous laisser envoûter.
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