Unspkble-RECONSTRUCTION Coïncidence complètement fortuite (c'est un peu le propre des coïncidences, me rétorqueras-tu), je rédige cette chronique lundi 27 novembre, au lendemain du décès de Geordie Walker, guitariste de Killing Joke, formation qui n'aura malheureusement jamais aussi bien porté son nom. Une blague qui tue mais qui n'est pas drôle du tout. Pas besoin d'être un devin pour savoir que cette disparition tragique (des suites d'un AVC), aura profondément endeuillé Unspkble, tant l'ombre du groupe culte anglais plane sur le quatuor montpelliérain, au pedigree encore plus long que la myriade de labels derrière ce LP (cf. interview).

Tu ne connais pas bien Killing Joke ? Ah la la... Tu ne t'es donc jamais trémoussé au son de "Love like blood" en club fin 80's - début 90's, ni n'as comparé le titre "Eighties" avec "Come as you are", pour comprendre pourquoi les avocats de KJ avait réclamé des royalties à ceux de Nirvana ? Pas revanchard(s) pour un sou (d'un côté comme de l'autre), Dave Grohl les a rejoints en 2002 pour enregistrer la batterie de leur flamboyant retour et deuxième album éponyme. Il semblerait aussi que tu n'aies pas bien potassé le papier fan-attic paru dans le Mag 47, je t'y renvoie.

Allez, passons sur cette influence majeure (jusqu'aux noms du groupe et d'un label, quand même) mais pas unique (force est de le constater), pour nous intéresser de plus près à ce Reconstruction, premier véritable album après l'EP Friction sorti il y a 3 ans. Ce qui frappe d'entrée de jeu, dès les premières secondes du basse/batt' hypnotique de "All stories told", c'est la différence de son, bien plus massif, prenant, ici. On est scotché, happé direct. Les années 80 sont certes à la fête, post-punk, new wave et gothic rock en tête, avec des touches de Joy Division, The Cure, comme sur "Expectations" et ses guitares Smithiennes (celles de Robert, hein, pas de Johnny Marr) mais elles sont digérées, mélangées et actualisées avec un peu de punk-rock et de noise des décennies suivantes. J'en veux pour preuve le rentre-dedans et catchy "Global emergency", cathartique à bien des égards, ou dans le même genre, plus loin dans l'album, l'excellent single "Struggle (crush the elite)", aux paroles engagées que ne renierait pas un Jello Biaffra. Dion, chanteur d'Unspkble est du reste natif d'Angleterre et ça s'entend. Je dirais même plus (mon cher Dupont), ça fait plaisir d'entendre un groupe de rock français chanter dans un anglais parfait.
La majorité des morceaux dépasse les 4 minutes mais Unspkble excelle à nous surprendre, repartir sur un nouveau riff, rythme pour ne jamais nous laisser tranquille, ni nous lasser. En parlant de surprise (ou de joke), terminer son album par un titre nommé "Hello", c'en est une bonne, mais ce n'est rien à côté de ce qui arrive à 4 minutes 45, où il est impossible de ne pas danser avec eux et les accompagner vers les ténèbres...

Après nous avoir bien frictionnés, voici donc une Reconstruction réussie !