Unsane - Wreck "Rat" prend d'assaut les amplis et déjà, la tension que met Unsane dans son nouvel album éclabousse la platine. Les nerfs à vifs, le riff à couper à la machette et la rythmique qui cadence le tout au millimètre, le résultat est résolument addictif, étouffant et complètement habité par les Dieux de cette noise hardcore corrosive à laquelle les new-yorkais nous ont habitué depuis près d'un quart de siècle (bon ok un peu moins en fait, mais on ne va pas chipoter, l'essentiel est ailleurs). Toujours verts, les américains ne semblent pas réellement partis pour commettre l'album de trop, en témoigne notamment leur passage de chez le confortable Ipecac vers le plus écorché vif label Alternative Tentacles, le fameux label de Jello Biafra (Dead Kennedys entre autres choses).

Petit changement de registre dès le second titre, ça rock moins "dur", ça se laisse emporter par des atmosphère plus... désertiques osera-t-on, lesquelles évoquent les immensités du continent nord-américain sans pour autant oublier de nous servir quelques rasades de ce rock bien noise et corrodant spécialité maison ("Decay"). Mélodies ténébreuses, ambiances brûlantes et riffing intensément volubile, Unsane ne se repose pas sur ses acquis et met tout son coeur à l'ouvrage. Le charisme aidant, le groupe verrouille l'auditeur sur ses enceintes et envoie son groove de malade satelliser la concurrence le temps d'un "No chance" parfaitement imparable. Une bombe histoire de plier l'affaire en direct et de pouvoir se faire plaisir ensuite, en explorant les confins d'une noise-hardcore plus insidieuse et moins évidente, mais toute aussi vénéneuse ("Pigeon", "Metropolis"...).

Quasiment cinq années se sont écoulées depuis le must-have implacable qu'était Visqueen et s'il y a fort à parier que ce Wreck marquera un peu moins les esprits que son prédécesseur (malgré une pochette encore plus marquante), le Unsane nouveau n'est certainement pas à sous-estimer. Loin s'en faut Et si la formule est toujours à peu de choses près la même : une intensité désespérée, cette puissance de feu irradiante et la rage chevillée au corps qui fait qu'il n'y a finalement qu'Unsane qui puisse faire ça avec cette efficacité, les morceaux qui en découlent carbonisent toujours autant les conduits auditifs. "Ghost" puis "Don't" font gonfler le "truc", la tension est toujours palpable et les américains assènent quelques mélodies amenant à l'abrasion sensorielle pendant que les lignes instrumentales, bien lourdes et telluriques, retournent tout sur leur passage. Alors certes "Stuck" ne se foule pas trop et roule à l'économie mais c'est surtout une petite respiration avant que "Roach" ne parachève ce nouvel effort signé par l'increvable trio new-yorkais. Unsane, plus de vingt années passées à ferrailler : souvent imité, jamais égalé.