unsane_visqueen.jpg Il y a des jours comme ça où rien ne va. Des jours où le réveil n'a même pas encore sonné que ton téléphone t'a déjà dérangé trois fois. Alors tu tentes de t'extirper tant bien que mal de dessous ta couette, tu fonces vers le frigo te verser un grand verre de lait et tu te rends compte que tu as oublié de t'en acheter. A ce moment là, tu jettes un oeil vers la baie vitrée de ton salon... oui, c'est bien ce que tu pensais, la grisaille est de retour et vient d'achever de plomber ton réveil, déjà bien difficile. D'une humeur forcément massacrante, tu jettes un regard mauvais vers la pile de linge sale qui s'amoncèle chaque jour un peu plus au pied de ton lit (même qu'à force que ta chambre soit en bordel, un jour tu vas y retrouver un vieux pote de biture) et là... tu te dis qu'il te faut quelque chose pour enfin démarrer, sinon ça va être dur. Tu admires alors tout fier ta collection de disques, parfaitement rangée (elle) par style, ordre alphabétique et tout (oui le bordel à ses limites quand même...), tu contemples fièrement tes quelques collectors et autres éditions spéciales qui t'ont coûtés les yeux de la tête même que personne ne comprend pourquoi tu as payé ça si cher (les ignares...) et tu tombes nez à nez avec Visqueen, le dernier Unsane. Du gros rock noise à souhait, des décibels qui vont s'entrechoquer jusqu'à te faire dresser les cheveux sur la tête, à coup sûr c'est ce qu'il te faut. Et avec ça, c'est sorti c'est chez Ipecac, donc raison(s) de plus.
Là tu enfournes la galette dans le mange-disques, tu appuies sur play et tu écoutes religieusement "Against the grain" faire son oeuvre. Riffs démentiels, mélodies abrasives, Unsane a pris Helmet, Today is the Day et Sonic Youth, les a passé au broyeur et à enregistré ce qui en sortait. Soit du rock sauvage, bien lourd, gueulard à souhait et qui te met le cerveau à l'envers en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire. Plutôt satisfait de ses trajectoires et de son analyse des courants transversaux, le groupe réajuste à peine sa lunette à visée nocturne avant de descendre froidement la concurrence. C'est net, propre et sans bavure. Une exécution toute en douceur (enfin douceur, tout est relatif quand même...) qui fait qu'en écoutant "Last man standing" ou "Only pain", t'as envie de faire subir le même traitement au premier voisin venu se plaindre du volume sonore de ta musique de sauvage (ignare : épisode II). Noise, hardcore, rock incandescent, Unsane marche sur des charbons ardents et écrase quiconque se dressera devant lui à coups de "Windshield" sanglant ou "Shooting clay" au feeling monstrueux. Les nerfs à vif, le groupe nous balance en pleine face un "Line on the Wall " sur lequel viennent s'accoupler brutalement des riffs de mammouths en rut (copyright déposé, sic) pendant que Chris Spencer vomi ses tripes un peu partout sur les amplis. Des brûlots rageurs, des titres abrupts qui castagnent sec, des vibrations métalliques qui nous compriment les vertèbres à coup de parpaings sonores parfaitement identifiés, "Disdain", "Eat crow" et "East Broadway" s'enchaînent avec une régularité dans l'efficacité tout bonnement effrayante. Un must have. Mais... quoi c'est déjà fini ? 11 rafales soniques et puis s'en va. Oui, finalement il y a des jours comme ça...