Uneven : live à Lille 2005 Uneven : live à Lille 2005 On va commencer avec vos racines, je trouve qu'il y a beaucoup d'influences punks, plutôt punk français des années 90 à la Burning Heads...
Guillaume : On a grandi avec ... Ca vient peut-être du côté brut qu'on a, c'est vrai que la scène des années 90' Drive Blind, Les Thugs, les Burning Heads, Skippies ... c'était à bloc, les doigts dans la prise... On a grandi dans cette scène là, en jouant un peu avec, moi du temps d'Oscar Nip j'ai partagé des scènes avec eux. On était pas spectateur aussi, Les Thugs j'ai du les voir 20 ou 30 fois, pareil pour Burning Heads, les Skippies...
Jérémie : On a grandi avec cette scène-là, et pas seulement française, y'a pas mal de groupes anglo-saxons aussi...
Ouais, votre rock est plutôt typé ricain...
J : C'est vrai, et les groupes français qu'on aimait bien, c'étaient les groupes français qui faisaient une musique influencée par la musique ricaine, on n'a jamais été branché par le rock alternatif, les trucs "groupes français tralala"... Nos influences sont anglo-saxonnes au sens large, on s'est reconnu à l'époque et on se reconnaît dans les groupes français qui ont ces influences-là.
Il n'en reste plus beaucoup des groupes français dans cette mouvance
J : Le système actuel ne le favorise pas... L'industrie du disque, chez les majors mais aussi dans des labels plus petits, a des visées de plus en plus commerciales, il n'y a pas le gros groupe pour faire du pognon et qui permet de développer d'autres groupes derrière, aujourd'hui c'est chaque groupe qui est signé doit être rentable.
G : Dans un format genre Damien Saez, des trucs comme ça... On ne jette pas la pierre, ça existe mais c'est pas trés rock...
J : Des groupes français qui ont la même approche que nous, des groupes comme on vient d'en citer, il n'y en a plus beaucoup parce que ce n'est pas facile de se faire connaître, pas facile de jouer, pas facile d'être aidé... Ca te condamne à une démarche indépendante au sens littérale du terme, t'as aucun appui, aucun soutien, il faut te démerder !
Et aucun espoir de devenir une star un jour (rires)
J : C'est clair !
G : En revanche, on a beaucoup de soutien de la part de certains organisateurs, de certains distributeurs, on arrive à faire un clip, on arrive à caser une chanson pour PlayStation... Y'a quand même des gens qui suivent...
Y'a des retours spécifiques sur ce titre placé sur un jeu PlayStation ? C'est sorti aux Etats-Unis ?
G : C'est juste sorti en France
Arnaud : On n'a rien envoyé aux Etats-Unis, on a suffisament de boulot à faire autour de chez nous...
J : Etant donné qu'on fait tout nous-mêmes, qu'on a des boulots, des familles... La musique, c'est une passion dévorante et envahissante mais on a une vie à côté et c'est déjà un boulot de dément de faire ce qu'on fait, on n'est pas trop à plaindre car on existe, on a de l'actualité, on joue, on est là... Mais la contrepartie, c'est que ça nous prend un temps de fou pour être sur tous les coups en permanence, déjà en France, c'est un boulot phénoménal alors plus loin...
A : On n'a pas cherché à proposer à l'extérieur de la France...

J'ai l'impression que vous êtes plus un groupe de scène, un groupe qui occupe le terrain plus qu'un groupe enfermé dans un studio à enregistrer...
G : Pour résumer, tout ce qu'on fait, on le fait par plaisir. Quand on enregistre, on ne se met pas de contrainte, on le fait chez nous, on prend le temps qu'il faut pour le faire, on ne s'enferme pas...
J : Par rapport à la question, non, on ne s'enferme pas pour que composer ou qu'enregistrer. En gros les chansons on les compose au fil de l'eau et quand on a assez de chansons, on se pose pour enregistrer. On n'a pas la démarche de se dire "il nous faut un album, on doit composer des chansons pour". On compose au fil du temps, on fait une sélection et quand on en a suffisament qui sont cohérentes pour aller ensemble et faire un album, on enregistre. C'est vrai qu'on fait d'abord de la musique pour la scène, pour les concerts... C'est là qu'on donne le meilleur de nous, notre musique, notre son est fait pour le live. Le studio est vachement intéressant, enrichissant, pas le studio en soit, mais enregistrer un album, c'est cool parce que ça te permet de travailler plus précisément...
G : Et c'est des moments intenses, il faut réussir à se dépasser.
J : Il faut se donner, aller plus loin que ce que tu fais d'habitude, expérimenter, l'idée c'est qu'il ne faut pas que sur disque tu aies le même rendu que sur scène. On veut deux approches différentes : un rendu sur disque qui est un champ d'expérimentation en soit et un rendu sur scène qui n'est pas le même.

Uneven : live à Lille 2005 Uneven : live à Lille 2005 L'album est là pour se faire connaître auprés de la presse, pour donner des concerts mais aussi pour se vendre, c'est "rentable" ?
J : A la base, c'est pas aussi réfléchi, le premier enregistrement qu'on a fait, on a mis plein de chansons et on voulait voir ce que ça donne enregistrer, quand tu joues, tu ne te rends jamais vraiment compte... et il nous fallait un support pour démarcher les salles de concerts. On a enregistré un premier truc, le résultat était pas mal, on a eu de bons échos, plein de concerts, de la, boom boom boom tout s'est enchaîné mais on ne l'a pas fait pour ça. Aujourd'hui on est plus mature et installé et voilà, pour trouver des concerts, il faut des supports, faire parler de toi... c'est un tout, t'es obligé d'avoir de la matière, être présent.
G : Ca reste de l'habillage, sur le fond, c'est pour se faire connaître et au début, toute la distrib, on l'a fait par nous-mêmes... Là, on est à environ 2.000 disques...
J : On a eu de la chance car on a eu de bons retours que ce soit la presse indé, le net...
G : Et le disque mis en borne d'écoute part, si les gens l'écoutent même sans connaître, ils achètent, y'a un truc qui les accroche, on ne sait pas forcément quoi mais dans les villes où c'était en écoute, on en vend 20 en une semaine et dans les autres magasins, on en vend 20 en 3 ans (rires).
A : C'est le principe même de la diffusion, comme on ne passe pas sur les chaînes de télé ou les radios, le seul moyen de se faire entendre, c'est les magasins. Ca sert à rien d'avoir un disque dans un bac si le client potentiel, car le magasin a des clients evidemment, ne peut pas l'écouter, il va pas acheter pour la pochette, ça arrive...
J : Si, ça arrive, on a eu une lettre d'un lecteur de rock truc qui a acheté l'album parce qu'il aimait bien l'étoile et que ça l'avait attiré.

Le fait que ça accroche rapidement, c'est un de vos seuls points communs avec Deckard qui a une musique moins rocailleuse, plus lisse...
A : Ca accroche aussi parce que nous, on se retrouve tout de même sur des influences communes, et pour qu'on retienne une chanson il faut que chacun de nous se sente confortable avec la chanson. On n'a pas la même oreille mais quand on retient une chanson, c'est une chanson facile d'écoute
J : On a quand même un truc en commun, on aime tous bien les chansons avec un refrain accrocheur avec les refrains qui te restent en tête. On ne répète pas aussi souvent qu'on le voudrait donc notre mode de fonctionnement favorise ça, si d'une répète à l'autre on ne se rappelle pas d'une compo qu'on a faite, si elle ne nous a pas trotté dans la tête toute la semaine, on ne la garde pas ! Forcément on garde ce type de chansons là, il nous arrive de faire des trucs plus barrés, moins accrocheurs mais en général, on ne s'en rappelle pas la fois d'aprés...

Vous écoutiez Baby Chaos il y a 10 ans ? Qu'est-ce qui a fait la rencontre ?
J : Avec Deckard ? On était tous hyper fans de Baby Chaos, c'est un des rares groupes sur lequel on soit tous d'accord et en discutant on se disait "c'est con que ce groupe n'existe plus...". On est allé sur internet regarder et par hasard on est arrivé sur le site de Deckard, on a écouté... A cette époque là, on parlait de l'organisation de la tournée et comme on fait tout avec avant tout la notion de se faire plaisir, on voulait faire une tournée "vacances" : prendre du bon temps, se marrer, faire une tournée avec un groupe qui nous branchait... A ce moment-là, on découvre que Deckard sort un nouvel album et on s'est dit "banco", ce serait le kiff ultime. Comme on fait toujours, on les a contacté.
A : On a mailé l'année dernière, on a commencé à s'entendre sur nos disponibilités et c'était pas évident car juin c'était leur seul dispo et ça posait problème pour la programmation des salles car à cette époque là, 80% des salles sont fermées, c'est la fin de l'année... C'était plus fastidieux qu'un autre créneau de l'année... Et leur disque n'était distribué qu'en Angleterre... On a proposé le projet à notre distributeur, il a complètement adhéré et le disque est sorti début juin, et avec Sushi Prod on a fait la promo du disque.
G : Et tout ça c'est fait en trés peu de temps, en trois mois... Tout à l'arrache, la période n'était pas propice et on a pu le faire quand même et ça marche car maintenant c'est les salles qui appellent "on pouvait pas vous le proposer en juin mais on vous le propose en début d'année"... On est reparti dans les projets, si tout le monde est partant, il y aura une suite.

Hier, vous étiez à Paris au Batofar, ça c'est bien passé ?
G : C'était magique ! Y'a beaucoup de bons groupes qui jouent là-bas, c'était une bonne date !
Ce soit, ce sera plus roots...
G : C'était la dernière date de la tournée, Gregory Smets qui est quelqu'un de plein de bonne volonté a gentillement proposé de caler la date, c'est quelqu'un de passionné comme nous, on ne pouvait pas refuser... A notre niveau, on fait les choses du mieux possible, je pense qu'on les fait bien, lui aussi, à son niveau il le fait bien, on était bien content de le trouver et c'est comme ça que les choses avancent.
J : Le créneau dans lequel on évolue n'est pas super grand, il y a une sorte de solidarité entre les gens qui s'y retrouvent, y'a pas de quesiton c'est roots/c'est pas roots, y'a des histoires de rencontres, de contacts, c'est à tous les niveaux. Quand quelqu'un avec qui on a un bon feeling nous propose de jouer, on dit oui avant de se demander où c'est et comment c'est ! Basta. Pour nous le plaisir, c'est avant tout de jouer, dés qu'on peut, on joue.
Uneven : live à Lille 2005 Uneven : live à Lille 2005 Y'a 7 dates sur la tournée, ça vous rapporte quelque chose ou ça vous coûte de l'argent...
G : Financièrement, ça va nous coûter !
J : La tournée nous coûte clairement de l'argent
A : Et Deckard pour les faire venir, ça nous coûte de l'argent... mais c'est des vacances !
J : Un groupe comme nous, sans tourneur, sans gros label derrière, faire une tournée, forcément tu mets la main à la poche...
G : Une chose est sûre, si un jour, on vous dit vous pouvez tourner avec tel groupe en sachant que ça ira dans la poche d'un mec lambda, on lui dira d'aller se faire foutre ! C'est notre argent, on l'utilise... et ça un peu un placement. On fait ça et aprés, c'est une ouverture, c'est une mise de départ.
A : C'est un bon placement pour passer du bon temps !
Et au niveau des contacts, vous passez dans des endroits où vous n'avez pas l'habitude de jouer, la Bretagne, la Rochelle...
G : Ouais, Bordeaux aussi... On jette des pierres...
J : C'est des endroits où on a vachement envie d'aller, on sort de l'Ile-de-France où on commence à avoir une petite renommée, notre public est déjà acquis, on avait envie d'aller se confronter à des gens qui ne nous connaissent pas vraiment. Une espèce d'esprit de conquête, on va faire notre musique... En concert on donne le maximum, ensuite les gens accrochent ou pas mais on y va à la force du poignet et y'aura forcément une dizaine de personnes qu'on aura accroché...
Y'en a quelques uns aussi à qui vous faîtes vraiment plaisir en faisant venir Deckard qui ne serait pas venu tout seul
J : Beaucoup de gens sont venus nous dire ça hier soir, ils viennent nous remercier d'avoir fait jouer Deckard...
G : Même si c'était pas l'esprit de départ...
J : Ouais, mais voilà y'a beaucoup de gens de notre génération qui ont trippé sur ce groupe-là et créer cette affiche, même si on l'a fait pour nous avant tout, c'était un plaisir égoïste, et des gens ont le même trip que nous et ça fait plaisir de les rencontrer, tu croises des gens dont tu n'avais pas soupçonné l'existence et c'est plutôt cool. Tu te sens moins seul...

Je vais vous laisser aller balancer à moins que vous n'ayez quelque chose à ajouter...
J : Merci au W-Fenec, merci à toi, merci à tout le monde, vous aviez fait une super chronique sur le site et ce genre de trucs fait que des gens viennent nous voir, c'est grâce à des gens comme vous qu'on avance, merci à vous !
Merci, nous, on n'est pas responsable de la zik donc sans vous...
J : On avance tous ensemble !