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Undervoid / Chronique LP > La mécanique du vide

Undervoid - La mécanique du vide Que ce soit les 3 premières minutes d'un film, la première salle d'une expo, la première gorgée d'une bière, ou les 30 premières secondes d'un album, tu te dis parfois à l'entame de ce premier instant : "Putain ça va être bon ! C'est tout ce que j'aime !". Et c'est ce que je me suis dit en écoutant l'entame d''À manquer d'oxygène", le premier titre de La mécanique du vide, deuxième LP d'Undervoid. Une guitare rock aux accents No Oneièsques avec des pointes de RATM, une basse qui envoie du bien épais sur certains titres (notamment la ligne d'intro du single "Quand bien même") mais sait aussi rester en retrait, une partie batterie riche et enfiévrée, et une belle voix grave chargée de rage contenue qui chante de très beaux textes en français. Oui, des fois, on se demande si certains groupes français choisissent l'anglais plutôt que l'idiome national, pour cacher leurs limites lexicales. Ce n'est pas le cas d'Undervoid, qui, à l'instar de Reuno des Lofo, sait exprimer sa vision du monde tout comme les tréfonds de son âme, dans un style très personnel. 10 tracks pour La mécanique du vide, qui aime à varier le tempo : entre un "Revenir de si loin" hyper dynamique, ou "Les rêves que l'on écroule" qui offre une très belle montée cathartique à la Led Zepp, le titre introductif "À manquer d'oxygène" ou "Le vide à l'envers" qui sauront satisfaire les fans de No One Is innocent. Bref, avec ce deuxième LP, Undervoid ne révolutionne pas le rock français, mais l'honore, voire même l'embellit, et ça me va très bien.

Publié dans le Mag #58

Undervoid / Chronique LP > Le noir se fait

Undervoid - Le noir se fait Question médico-neurologique à deux balles : comment ça se passe lorsque l'on a Alzheimer et qu'on aime écouter de la musique ? Est-ce que par exemple, on peut écouter "La peau" en boucle en s'écriant : "Putain ! Mais c'est génial ce truc, ça me hérisse les poils ! C'est nouveau ?" Est-ce qu'on écoute un nouvel album intitulé Le noir se fait en cette fin d'année 2020 en se disant que le chant nous rappelle celui de Mouss, de Kemar voire de Reuno sans savoir dans quels groupes tu les as déjà entendu ? Que cette guitare au gros riff t'en rappelle d'autres, comme celle d'un certain Shanka ? Que cette grosse section basse batterie te rappelle une belle époque où on pouvait la jouait brut sans être trop brutal ? Et puis ces textes en français avec un groupe au nom anglais, c'est pas la première fois que tu vois ça, non ? Ce serait pas du rock français ? Mais au lieu de me poser toutes ces questions stupides, à vouloir toujours y trouver des similitudes, des ressemblances, des inspirations, à toujours essayer de comparer, je prends ce nouvel EP, je le glisse dans le lecteur et je ferme les yeux : Le noir se fait.

Et ça part sur de grosses bases : batterie qui explose les fûts en mode sec et précis, suivie d'une guitare énervée sur un thème assenée en boucle, la basse et le chant s'embarquent pour lâcher les chevaux. Après l'EP pour les 4 Strasbourgeois d'Undervoid, et il était temps de passer à l'album. Et les 10 tracks vont s'enchainer sans répit, sur un principe simple et efficace : la guitare de Marc Berg aux riffs entêtants, au son impeccable, entre stoner et metal, le chant d' Arnaud Sumrada qui alterne couplets scandés et refrains plus chantés pour mieux être repris en cœur, la batterie d'Alexandre Paris qui reste sobre pour gagner en efficacité et la basse de Mathias Fischbach qui sait même apporter un peu de groove quand il faut. Nouvel arrivé dans la belle famille du rock français, celui qui sait être mordant et revendicatif, Undervoid s'y intègre parfaitement. Qu'il ait fait la première partie de No One Is innocent, du temps où on pouvait suer dans les fosses, est une évidence stylistique. Qu'il en ait une aussi belle carrière est un espoir, je l'espère, prophétique.

Publié dans le Mag #45