Fin 2019, Uncut livrait un EP enrichi intitulé From blue, devine quoi, c'était en fait quelques extraits du Blue qui sort à l'automne 2020. Logique. Alors qu'on peut aussi y voir un clin d'œil à des racines blues, cet EP n'a servi qu'à baliser le terrain, on avance donc déjà en terrain conquis au moment de découvrir cet album, avec l'inconvénient de devoir reparler des mêmes titres (4 sur un total de 10), je vais zapper cette étape en te renvoyant à nos archives sur le site et me concentrer sur les nouveaux morceaux et la tonalité d'ensemble de ce très bon album de stoner-blues.
Et alors que ce From blue (et notamment ses titres acoustiques) nous avait laissé sur une grosse dose de blues, Blue débute avec un titre au groove phénoménal, ça dégaine du beau riff, ça se déhanche, ça attaque bien plus dans une tradition rock'n'roll avec un petit solo qui va bien. La deuxième plage enfonce le clou, "Highway to Cagne" déborde d'énergie, on se prend la chaleur des seventies d'entrée de jeu et on peut se demander si c'est le même combo qui se la jouait cool et tranquille sur l'EP quand on entend surgir l'envolée guitaristique en fin de titre. L'image du Uncut un peu "commun" avec son boogie-blues vole en éclat, le trio cachait son jeu et dévoile ici d'autres facettes qui lui donnent du volume et davantage (encore) d'intérêt. Les titres déjà connus se fondent dans la masse et assurent un liant entre ceux qui sont plus énervés et d'autres plus calmes ("Small steps" ou le sublime "The trap"), la partie émergée de l'iceberg était sympa, maintenant qu'on a une vue d'ensemble, on ne peut être que plus emballé encore. Si le début de l'album, c'est un cheval au galop, sa fin, c'est une épopée sauvage, après un déchirement osé avec "Diplodocus", le groupe nous emmène très loin dans son univers avec "The trap", titre épique qui fait étalage de toute la classe des Poitevins : introduction ouatée, petites notes délicatement posées, voix suave qui nous parle et raconte cette histoire de piège, un piège dans lequel on tombe quand les distorsions s'éveillent et fracassent la douce atmosphère qui s'était installée, et même si elle réussit à se recomposer quelque peu, l'air chargé d'électricité (raaah, ce son de gratte à la Clapton) reprend le dessus pour un final magistral.
Dépassant largement le cadre entrevu avec son EP inaugural, Uncut s'impose, dès son premier album, comme un groupe avec lequel il faut compter au rayon stoner, tant il sait manier les influences et varier les rythmes comme les sonorités. Alors, n'hésite pas, et fais en profiter ton saloon !
Publié dans le Mag #45