On a toujours su qu'Ultra Zook n'a jamais balancé une once de zouk, mais qu'il nous a plutôt habitué avec ses EP successifs à un rock folklorique, perché, ridicule, humoristique et totalement imprédictible, avec des sonorités de synthés proches pendant d'infimes moments de celles des îles caribéennes. Mais pas que, puisqu'également inspirée de celui des différents univers du jeu vidéo, des films d'horreurs aussi, peut-être même de la musique populaire auvergnate (le groupe étant de Clermont-Ferrand) et tout ce qui peut passer par les têtes bouillonnantes des recherchistes Benjamin Bardiaux, claviériste et co-compositeur du monstre Pryapisme et collaborateur d'Igorrr, du batteur Rémi Faraut (Kafka) et du bassiste Emmanuel Siachoua (Kafka, Kunamaka). Comme dirait le trio : "Ça joue une musique des îles plus proche de Fukushima que des Caraïbes". On ne pouvait mieux faire sur le plan de la description. En revanche, pour ce qui est d'"ultra", on valide à 100%. Comment ressortir sans séquelles d'un disque dont sa caractéristique est l'exubérance d'idées grotesques? Tant pour les paroles, ou comme dès le début de l'album, on nous demande quel type de jus de fruit on est (en lâchement bêtement des "Pomme ?", "Poire ?", "Pêche ?", "Prune ?", "Fruit de la passion ?"), que pour les structures ou le trio mise pas mal sur les saccades et les contretemps, Ultra Zook est une formation à part dans le paysage musical français, que certains caseront certainement entre l'expérimental et le math-rock, et qui risquent même carrément de plaire à vos enfants. Un premier album éponyme avec plein de surprises à l'intérieur et très étonnant, c'est peu de le dire.
Publié dans le Mag #40