Vierge de toute écoute avant de découvrir Compact trauma, je dois dire que la musique d'Ulrika Spacek m'a quelque peu bouleversé. Formé en 2014 par des ex-membres de Tripwires, ce quintet de rock (indie/psyché/post) originaire de Reading, mais localisé à Londres depuis ses débuts, a sorti un troisième album en mars dernier sur le très bon label anglais Tough Love Records (Toy, Index For Working Musik, Current Affairs). Ce nouveau disque, dont le titre est pour le coup significatif, a une saveur particulière car il marque une forme de rupture avec ses deux prédécesseurs.
En effet, il semble opportun de rappeler les faits : les Anglais, épuisés par le rythme soutenu de l'élaboration de leurs deux premiers albums sortis à un an d'intervalle (2016 et 2017, suivi d'un EP en 2018), mais surtout de leur tournée précédente (celle défendant Modern english decoration), ont songé à tout arrêter et jeter à la poubelle la moitié des nouveaux morceaux de ce nouvel album, déjà plus ou moins aboutis. Alors hantée par ses peurs, le confinement permet à la bande - menée par le guitariste et chanteur Rhys Edwards - de reprendre force et foi pour terminer leur troisième LP. Toutefois, dans le même temps, on leur apprend qu'ils doivent quitter leur local de répétition et studio d'enregistrement situé dans une ancienne galerie d'art nommée KEN à Homerton, dans laquelle ils résident. Le pouvoir de la gentrification londonienne les envoie finalement pas très loin, dans le borough londonien de Hackney. Le changement est brutal pour Ulrika Spacek, il faut par conséquent repenser notamment la logistique mais c'est bien dans ce nouveau studio qu'ils finaliseront leur superbe Compact trauma, cinq ans après Modern english decoration.
Il est évident que ces expériences mouvementées, qui ont jalonnées toutes ces années, se sont répercutés dans l'esprit de cet album (et sur sa date de sortie), particulièrement dans les textes d'Edwards ("Lounge angst" traite du confinement). Mais le groupe a survécu, fort heureusement, et bizarrement ou pas, c'est de la lumière qui jaillit de ces dix compositions, on y perçoit même de l'optimiste dans cette œuvre extatique. C'est par exemple le cas de l'un des titres qui me séduit le plus, "It will come sometime", qui bien que marqué par des secousses saccadées, dévoile de vrais moments salvateurs. Ulrika Spacek prend le temps d'expérimenter l'espace avec des mélodies toujours finement dosées et des structures aux humeurs parfois changeantes mais toujours cohérentes, comme l'introductive "The sheer drop". Un vrai régal, surtout que la voix fébrile et caressante de Rhys a des similitudes avec une autre que j'affectionne énormément, celle de Michael Tighe (The A.M., Jeff Buckley, Elysian Fields, Liam Gallagher). Quand tout tire dans le bon sens, comment résister ?
Ce trauma compact nous offre aussi de soyeuses ballades surprenantes (façon bossa avec "Lounge angst" ou plutôt soul pour "No design"), de l'ambient ("Through France with snow"), et des morceaux totalement inattendus tels que l'épique "Stuck at the door" de plus de 10 minutes dans laquelle le quintet ne paraît plus contrôler son propre morceau, comme s'il était désorienté par une parole prophétique. On n'est pas loin du même résultat avec la cosmique "If the wheels are coming off, the wheels are coming off" et sa phase répétitive nous plongeant en hypnose profonde. Cet album complexe et méticuleux est totalement bluffant de classe et n'a probablement pas fini de dévoiler tous ses secrets. Finalement, aucun des titres ne prend le dessus tant il est unifié et savamment bien calculé. Comme quoi, l'aventure d'Ulrika Spacek nous apprend que non seulement il ne faut jamais perdre espoir quand tout va mal, mais également que le temps favorise la réparation, la prise de recul et permet, dans ce cas, de livrer une œuvre musicale profonde, intelligente et riche qui restera sans aucun doute comme l'une des plus belles de l'année 2023.
Rock > Ulrika Spacek > Chronique LP / Compact trauma
Ulrika Spacek
LP : Compact trauma
Label : Tough Love Records
Style : Indie rock
Date de sortie : 10/03/2023
LP : Compact trauma
Label : Tough Love Records
- Tough Love Records: Site officiel (40 hits)
Style : Indie rock
Date de sortie : 10/03/2023
The sheer drop
Accidental momentary blur
It will come sometime
Lounge angst
Diskbänksrealism
Through france with snow
If the wheels are coming off, the Wheels are coming off
Compact trauma
Stuck at the door
No design
Accidental momentary blur
It will come sometime
Lounge angst
Diskbänksrealism
Through france with snow
If the wheels are coming off, the Wheels are coming off
Compact trauma
Stuck at the door
No design
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- ulrikaspacek.com: site officiel (13 hits)
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