Ugly Kid Joe - Uglier than they used ta be Ugly Kid Joe a du faire une étude de marché, ce n'est pas possible autrement. Les gars ne sont pas fous, et avant de décréter un retour en bonne et due forme, ils ont balancé sur le marché il y a de cela à peu près quatre ans Stairway to hell, EP convaincant. Et comme la sauce a pris et que l'accueil a été enthousiaste, le groupe a passé la vitesse supérieure pour nous offrir Uglier than they used ta be, album complet qui sent bon le souffre. Mais quelle place va bien pouvoir tenir Ugly Kid Joe en 2016 ?

L'artwork de ce nouvel album (le quatrième de la carrière du groupe, entièrement financé via une Pledge Campaign) est un formidable clin d'œil à leur premier album qui a connu le succès que l'on connaît. Mais la forme ne fait pas tout, et il reste à décortiquer le fond. Et Ugly Kid Joe (UKJ pour les intimes) n'a rien perdu de sa superbe, rappelant les belles heures du rock alternatif américain des années 90. Inclassable, le groupe américain est aussi à l'aise avec les brûlots rock (« Hell ain't hard to find » et son refrain emprunté ou largement inspiré de « Learn to fly » des Foo Fighters), ses titres grungy (« Let the record play » inspiré d'Alice In Chains », « She's already gone » avec des accents de Scott Weiland) et métalliques (« Bad seed » sentant bon l'influence de Black Sabbath), que les ballades savoureuses et jamais pompeuses (« Mirror of the man », « Nothing ever changes », « Enemy ») et c'est bien cela qui fait la force de ce disque : dans tous les domaines, Ugly Kid Joe est convaincant, et s'offre même le luxe d'être convaincu d'être le temps d'un disque le meilleur groupe du monde. On ne pourra pas leur retirer le fait qu'ils ont bon goût en conviant pour trois titres Phil Campbell, crédité comme membre du groupe dans le livret du CD, et accessoirement six cordiste de Motörhead (pour notamment une reprise ultra speed de « Ace of spade», fidèle à l'original). Autre bon point pour le bon Phil : ne pas s'être embourbé dans le merdier de cette reprise de « Papa was a Rolling Stone » de The Temptations, qui reste du remplissage plutôt qu'autre chose.

Alors oui, le groupe tient toujours la route en 2015, mais concrètement, il n'apporte pas grand chose. Enfin si, du divertissement haut de gamme avec une production haute qualité, un chant qui sent bon les 90's, des compositions bien pensées et des morceaux qui pourraient à coup sur devenir des tubes. Ce qui est déjà pas mal. Mais Ugly Kid Joe a choisi la solution de facilité pour balancer une série de titres bien branlés, peut être un peu trop influencés par ses aînés, le tout sans prendre de risque. Une fois ce constat digéré, il ne te reste plus qu'à passer un bon moment à l'écoute de ce disque agréable et divertissant. Car au final, c'est tout ce qui compte, n'est-ce-pas ?