Première incursion musicale, peu remarqué à l'époque, All is not well représente un concentré de rage, d'exaspération sur la société de l'époque. Passant en revue, la violence, les violences conjuguales, le harcèlement sexuelle, Tura Satana ne pouvait pas mieux s'en sortir sans Tairrie B. Véritable dissection, mise à vif, des maux qui la ronge, qui la blesse, qui la choque. Le son de Tura Satana, c'est une guitare aux interventions idéales, sachant s'effacer, une basse aux riffs destructeurs, une batterie qui se tient à son rôle, et une voix féminine, mais quelle voix. Passant d'un phrasé presque hip-hop, à un débit hardcore, hurlé, crié, le chant reste l'arme ultime de Tura Satana. Loin de ses groupes sans histoire et sans paroles, les paroles de Tura Satana méritent le détour, et même sont indissoçiable de la musique. "Hypocrite" marque le début de l'album, son intro très séche, son break suivi d'un chant hip-hop, et d'un refain rock, And the mirror tells me lies. Enèrvement en règle, You keep fillin my mind with your bullshit. Intro maladive, malsaine et vibrante, basse saturée, très loin dans l'espace sonore, "Sickness" porte merveilleusement bien son nom, paroles malsaine, break atmosphérique, passage basse saturée/chant, All is not well. Les intros de basse chez Tura Satana ont ce charme des crépuscules d'automne, vibrant, tout en crescendo, frisquet. Véritable poésie, couplets calme à contraster aux refains tempêtueux, "Kiss or Kill" et ses charmants petits gimmicks de guitares, la basse s'énerve et la batterie s'en mêle, fin apocalyptique You will never see me on my knees.
Guitare crade, batterie orageuse, "Break" annonce la couleur. Sombre, atmosphère méfiante, rassuré par une basse simplissime. I hate what I've become, pont vibrant, crade, basse saturé, point d'appui à une rage non contenue. Laissant place aux paroles, et à leur signification, la guitare se fait discrète sur "Empty", pont silencieux, chancelant, laissant place à un couplet où la basse tempête, le chant s'énerve, la batterie aussi, You left me so fuckin empty. Le mythique My pussy, my choice, et un démentiel "Put your head out", paroles crues, mais si importante. Harcèlement sexuel, harcèlement de basse, hurlement de guitares, jeu de voix et de guitares, actes militants pour les droits de la femme, les paroles sont sensibles, vraies. Il est incensé que les droits de la femme ne soit pas respectés, Tairrie B. fout ici une claque terrible à tous les irréductibles. 1 out of every 3 women, will be a victim of sexual assault during her lifetime, "Victim" continue le combat où l'avait laissé "Put your head out", chiffres à l'appui. Hymne pour une révolte féminine, une prise de conscience générale, un coup de geule pour refuser d'être une victime, What part of No, don't you fuckin understand ? asshole.. Encore une intro au son crade, un riff qui a du groove, une basse qui appui là où ça fait mal, un couplet tout feutré sur un lit de paroles militantes, refrain qui se révèle dans toute sa splendeur. Un chant coloré, très inspiré, qui reprends son souffle sur un passage en forme de comptine, enchainé à un hurlement terrible blessant, plein de volonté. Riffs mémorables, refrain tout en résonnance, en répétition, atmosphère tendue, tissée par une guitare hérétique, "Roughness" épure le schéma classique couplet-refrain-couplet. Riff de guitare surpuissant, une basse glissante qui lui vient en aide, l'air autour de "6 Feet Deep" se raréfie, Shooting people at the age of 10, chant balançant, oscillant sur un flux et un reflux de guitare, puis s'énerve, moins hip-hop, plus hardcore, puis reprise plus calme, changement d'environnement, guitare plus brouillonne And all rest in peace. "Cycle of violonce" véritable exposé sur les violences conjuguales, mise en garde, guitare lointaine, basse présente, magie de Tura Satana. En duo avec Lynn Strait de Snot, "Down" allie violence hardcore, et féminité violente, véritable rage Down for the system, brouillard saturé, et puissance énervé, mise en relief d'un hardcore underground, final en feu d'artifice, mémorable. Album majeur de Tura Satana, ce qui ressort de All is not well, c'est surtout l'énervement de Tairrie B., son exaspération face à l'irrespect général envers les femmes. Issu d'un scène underground, Tura Satana cherche l'équilibre entre paroles militantes et musique. Coup d'essai, All is not well, permettra à Tura Satana d'évoluer et de murir.
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