J'avais souvenir qu'à la question : "Quelle est la signification de votre nom ?", les Boo-Yaa T.R.I.BE., à l'époque lointaine où ils faisaient du rap métal, avaient répondu que le "Boo-Yaa" était le bruit du fusil à pompe. Me voilà à me demander, bien des années après, si le Tukatukas ne serait pas le son d'un uzi ou d'une arme à feu particulière ? Mais comme Tukatukas fait du punk rock, on est plutôt sur de la rage revendicative que sur un appel aux armes et à la violence. Tukatukas serait-il alors un animal originaire de l'île de la Réunion comme le sont le 5 membres du groupe ? Le rythme binaire du terme nous renverrait-il à cette énergie déployée tout au long des 16 titres de cet album ? Aucune idée. Mais parce qu'internet est fabuleux, j'ai trouvé que ce terme serait d'origine Marathi, langue indienne parlée dans la partie occidentale de l'Inde, et comme j'ai pas tout compris de son sens premier du terme, je partirais plutôt sur la définition suivante : Tukatukas, nom propre, quintet réunionnais qui balance un bon punk rock old school, aux quelques légères incartades ska et dub, et qui chante en anglais, en français et parfois même en créole.
Et pour leur troisième LP, Laëtitia (chant), Bruno (batterie), Marko (guitare), Nico (Basse) et Loïc (sax) reprennent la bonne recette d'un bon album de punk-rock : 16 titres qui dépassent rarement les 3 minutes, rapides, intenses, qui respectent les codes de la discipline. Même s'il y a parfois quelques très légères digressions ska et le track "Susan" qui ponctue par deux fois Royal Bourbon par un bon dub des familles, le sax de Loïc n'est pas présent que pour ces instants "cuivrés". Il renforce parfois la partie guitare pour remettre une petite couche (mais bon, ce n'est pas la première fois qu'un sax s'invite chez les punks, et sa contribution a déjà fait ses preuves). La voix de Laëtitia sait aussi jouer sur plusieurs gammes et plusieurs langues. Bref, on s'embarque avec les Tukatukas pour du punk-rock inventif et varié, riche en contrepieds, survolté et personne dans le monde ne pourra passer à côté puisque ce troisième LP est distribué grâce à une vingtaine de labels et partenaires en Europe et en Amérique du Nord (label Mass Prod, Pourvu xa dure, Zone alternative, Mala Hierba Records, et Keupon voyageur, pour ne citer que les partenaires de l'hexagone, et pour les insulaires de l'océan indien, Vinyles Run et Label Maudit Tangue dont on connait bien les compilations (Maudit Tangue #5). Immanquable donc.
Et j'ai dit que la très belle pochette était une œuvre de l'illustrateur réunionnais Bayko ? Ah ben je le dis.
Publié dans le Mag #52