Les Truckfighters sont 4 (Ozo, Fredo, Dango et Paco), et décident de jammer ensemble au début des année 2000 du côté de leur Suède natale, traditionnelle grande pourvoyeuse de groupes aux riffs désertiques acérés (Dozer, Sparzanza, StoneWall Noise Orchestra). Donnant dans le fuzz/stoner rock des années 90 à la manière des incontournables Kyuss, Queens of the Stone Age, Unida et autres Fu Manchu la joyeuse bande fait ses premiers pas discographiques avec un split partagé avec le groupe Firestone (2003). Deux ans plus tard le groupe pose un gros pavé dans la marre de la scène stoner et assimilés en jettant à la face du monde un Gravity X, monstrueux de groove sidéral et de fuzz caniculaire sorti par le label Fuzzorama Records (Asteroid). En 2007, Truckfighters passe la seconde avec Phi toujours sorti Fuzzorama.
Truckfighters
Biographie > Fuzz glacial
Truckfighters / Chronique LP > Mania
A l'image de son artwork, le nouveau Truckfighters est un appel aux immensités désertiques, sinon nord-américaines, au moins nordiques, mais photographiées à la sortie de l'hiver. La Suède sans la neige et ses vingt-deux habitants paumés au m2 (on a vérifié les sources), c'est à peu de choses près ce qu'évoque le visuel de Mania, la nouvelle cuvée des bûcherons, lesquels sont remontés dans le camion pour écumer leur pays natal à coup de riffs qui savate, de fuzz qui ronronne et de mélodies qui font en sorte que l'on ne décroche jamais de ce disque, malgré ses cinquante minutes pour seulement huit petites plages musicales, pour le coup bien musclées. Enfin presque.
Et oui, presque parce que le groupe a décidé de nous faire le coup de l'intro toute en douceur en faisant la visite du propriétaire sans trop se remuer avec un "Last curfew" sympathique, agréable, mais franchement un peu molasson à la longue. Surtout que ça dure dans les quasi huit minutes comme ça et qu'on se demande si l'album va décoller ou s'il compte nous laisser en cale sèche. Parce que c'est bien gentil la ballade rock interminable pour emballer de la midinette en fleur mais pour les riffs de furieux, les quatre d'Örebro nous laissent un peu sur notre faim... Heureusement, ça se muscle sérieusement dès le morceau suivant. "Monte Gargano" se gorge de testestérone, toise l'assistance et arrose de fuzz acidifié les guitares d'un groupe qui se laisse sérieusement influencer par le son des Eagles of Death Metal, la déconne en moins, le côté ultra-carré typiquement Suédois en plus. C'est propre, net et sans bavure. Sauf que ça manque un peu de cojones sur les bords.
Ah ouais, ça manque de gros jus ? Les Truckfighters nous ont entendu et rebranchent les amplis pour faire parler la poudre sur "The new high". Heavy, rock'n roll baby et un poil space rock pour nous mettre sur orbite, le groupe fonce droit dans ses bottes et respecte à la lettre le quotas "gros déballage de riffs qui compactent les tympans et de groove éthylique". Ouf on s'est un peu fait peur sur ce coup. Pour rien, parce que Mania définitivement lancé, les Suédois ne semblent pas prêts à relâcher la pression et enquillent directement derrière avec le gros morceau de cet album : "Majestic", ou plus de 13 minutes de stoner-fuzz tantôt psychédélique, tantôt franchement couillu et rentre-dedans. Là, quand on pousse les enceintes, les murs vibrent et le voisinage aussi, le groupe joue avec les codes de la musique amplifiée, du stoner-rock, du grunge, du fuzz pour en extraire l'essence-même et nous servir tout ça sur un plateau (un "Monster" qui semble tout droit sortie des Desert sessions...). Un disque sans doute moins direct et immédiat que nombre de production actuelles ("Blackness") mais pourtant pas moins accrocheur. La preuve notamment avec des titres de la trempe d'un "Con of man" ou d'un "Loose" qui ne manque pas de caractère, ni de force de persuasion.
Truckfighters / Chronique LP > Phi
Après s'être fait la main sur l'inaugural mais néanmoins très bon Gravity X, les Truckfighters reviennent deux ans plus tard les bras chargés de riffs stoner qui déboîtent, de groove revigorant et d'ambiances chaudement contrastées. Car si le groupe nous vient directement d'une Suède largement enneigée par les temps qui courent, c'est vers le désert américain que Chico, Harpo, Grouchou et Zeppo, pardon Ozo, Fredo, Dango et Paco, nous emmènent faire une petite virée à coups de guitares qui font des étincelles, de basse bourdonnante (le bien nommé "Atomic") et de rythmiques chaloupées. Ici point d'originalité, les amateurs de Kyuss, Slo Burn, Dozer et autres Honcho ou Lowrider, en sont pour leurs frais, les Marx Brothers du fuzz à la suédoise sont juste là pour nous faire ingurgiter une bonne dose de rock power-burné ("Kickdown", "Slacken"), de coolitude typiquement scandinave et d'énergie qui fait un bien fou aux conduits auditifs.
Mention spéciale au passage à l'excellent "Chamaleon" qui, après un début massif à en faire trembler une falaise, s'offre quelques plans plus groovy, plus ambiancés un peu à la QOTSA (période Rated R ou Songs for the deaf) égaré dans le Grand Canyon. Un riffing à haute teneur énergétique qui envoie de petit bois ("Warhead"), une dizaine de titres qui respectent parfaitement les codes d'un genre édictés quelques dix ans plus tôt par Kyuss et consorts, Truckfighters déballe avec son deuxième album, une nouvelle fournée de titres purement rock, de mélodies rageuses et de section rythmique qui fait parler la poudre. Evitant soigneusement de s'enliser dans le sable d'un rock stone et enfumé déjà archi-revu, le combo suédois parvient en sus à trouver un feeling bien particulier sur quelques titres (dont "Traffic" ou "Slides" sont sans doute les meilleures illustrations), ce qui rend son album sinon plus original, au moins plus efficace et sympathique. On n'en attendait pas moins d'eux...