Truckflighters - Mania A l'image de son artwork, le nouveau Truckfighters est un appel aux immensités désertiques, sinon nord-américaines, au moins nordiques, mais photographiées à la sortie de l'hiver. La Suède sans la neige et ses vingt-deux habitants paumés au m2 (on a vérifié les sources), c'est à peu de choses près ce qu'évoque le visuel de Mania, la nouvelle cuvée des bûcherons, lesquels sont remontés dans le camion pour écumer leur pays natal à coup de riffs qui savate, de fuzz qui ronronne et de mélodies qui font en sorte que l'on ne décroche jamais de ce disque, malgré ses cinquante minutes pour seulement huit petites plages musicales, pour le coup bien musclées. Enfin presque.
Et oui, presque parce que le groupe a décidé de nous faire le coup de l'intro toute en douceur en faisant la visite du propriétaire sans trop se remuer avec un "Last curfew" sympathique, agréable, mais franchement un peu molasson à la longue. Surtout que ça dure dans les quasi huit minutes comme ça et qu'on se demande si l'album va décoller ou s'il compte nous laisser en cale sèche. Parce que c'est bien gentil la ballade rock interminable pour emballer de la midinette en fleur mais pour les riffs de furieux, les quatre d'Örebro nous laissent un peu sur notre faim... Heureusement, ça se muscle sérieusement dès le morceau suivant. "Monte Gargano" se gorge de testestérone, toise l'assistance et arrose de fuzz acidifié les guitares d'un groupe qui se laisse sérieusement influencer par le son des Eagles of Death Metal, la déconne en moins, le côté ultra-carré typiquement Suédois en plus. C'est propre, net et sans bavure. Sauf que ça manque un peu de cojones sur les bords.
Ah ouais, ça manque de gros jus ? Les Truckfighters nous ont entendu et rebranchent les amplis pour faire parler la poudre sur "The new high". Heavy, rock'n roll baby et un poil space rock pour nous mettre sur orbite, le groupe fonce droit dans ses bottes et respecte à la lettre le quotas "gros déballage de riffs qui compactent les tympans et de groove éthylique". Ouf on s'est un peu fait peur sur ce coup. Pour rien, parce que Mania définitivement lancé, les Suédois ne semblent pas prêts à relâcher la pression et enquillent directement derrière avec le gros morceau de cet album : "Majestic", ou plus de 13 minutes de stoner-fuzz tantôt psychédélique, tantôt franchement couillu et rentre-dedans. Là, quand on pousse les enceintes, les murs vibrent et le voisinage aussi, le groupe joue avec les codes de la musique amplifiée, du stoner-rock, du grunge, du fuzz pour en extraire l'essence-même et nous servir tout ça sur un plateau (un "Monster" qui semble tout droit sortie des Desert sessions...). Un disque sans doute moins direct et immédiat que nombre de production actuelles ("Blackness") mais pourtant pas moins accrocheur. La preuve notamment avec des titres de la trempe d'un "Con of man" ou d'un "Loose" qui ne manque pas de caractère, ni de force de persuasion.