Troy Von Balthazar - Troy Von Balthazar Rétrospectivement, la carrière solo de Troy Von Balthazar n'est ni plus ni moins que le prolongement et l'évolution logique de son ancien groupe. Le son gras et noisy du Chokebore des débuts avaient progressivement laissé place à une musique qui explorait des contrées pop-rock : bye-bye la saturation et la décibel, welcome l'épure et la mise à nu. La prochaine étape (la maturité ?) de ce long processus, c'est le premier long effort de Troy Von Balthazar qui situe sa musique dans une optique pop lo-fi combinant à la fois un songwriting brillant à des ambiances dont les charmes multiples pourraient se matérialiser dans un film noir et blanc que l'on aurait sporadiquement coloré avec des bombes aérosols pour renforcer certains détails.
Durant la première piste, une voix féminine vient nous rappeler que Troy a des doigts ("Tvb has fingers, Tvb has fingers."), on est plutôt heureux de constater qu'il n'a pas perdu sa voix lors d'un "Took some $$" qui enchante littéralement et introduit l'album de la plus belle manière qui soit. Troy a toujours le chic pour placer des lignes vocales atypiques tel un nuage de gaz mélancolique qui flotterait sur un spectre musical volontairement kitch et daté (la boîte à rythme "Nintendo-like" de "I block the sunlight out"). Un univers immersif, envoûtant et singulier qui se démarque certes mais sans toutefois renier le passé de Troy qui resurgit tôt ou tard dans cet éponyme. Ainsi, difficile de se débarrasser du fantôme d'une entité aussi encombrante que Chokebore : "Bad controller" ou l'on retrouve un effet de voix qui nous ait familier ou lorsque le propos s'électrise un peu plus comme sur "Perfect" et " Rainbow". Pendant 16 titres, Troy Von Balthazar nous fait visiter son nouvel espace de création. L'hôte est particulièrement attachant, addictif et l'endroit hospitalier, accueillant pour qu'on aime à y revenir très régulièrement lorsque l'humeur devient propice aux belles divagations lo-fi.
A coté des Grandaddy, John Frusciante et autres Vincent Gallo, il faudra désormais compter sur Troy Von Balthazar qui, après Chokebore, est décidément une valeur sure en matière de musique indé. Un disque à la beauté et à l'élégance flagrante par un (très) grand bonhomme.