C'est étrange comme parfois, on rate des choses évidentes. J'ai écouté un sacré paquet de fois A cure for madness avant de mettre enfin un nom sur ce sentiment d'excitation que j'avais en relançant l'album. Bien sûr que c'est toujours screamo avec un peu de passages math et plein de petites choses qui font que cet EP est excellent, mais il y avait un truc en plus. Un truc que je ne pouvais identifier jusqu'à ce que cela fasse tilt. À tort ou à raison d'ailleurs car c'est mon ressenti personnel et si ça se trouve, tu n'auras pas le même avis que moi, mais voilà, quand les Torve lâchent un peu le chant éraillé et filent tout doux vers des moments plus aériens, je leur trouve un petit côté The Mars Volta des plus ravissants. Quand le groupe était au sommet de son art et pouvait nous embarquer dans un monde totalement loufoque en quelques secondes. "Oblivion song" et "Picture perfect day" sonnent comme ça, comme si les gars de Bezak n'avaient pas choisi entre TMV et At the Drive-In et réussi la synthèse des deux. C'est un peu fou, mais ça retombe toujours sur ses pattes, ça caresse et ça griffe, c'est un régal.
Ce grain de folie, Torve l'avait déjà sur l'inaugural The part where it kills you, mais il était dissimulé par des distorsions et une atmosphère plus emplie de sons, cette fois-ci, les pistes sont plus aérées et laissent davantage le chant libre de toute manœuvre artistique. Ça ouvre celui des possibles et Fil en profite pour faire éclater d'autres de ses talents. Quelques frissons me parcourent l'échine à l'entendre susurrer ces petits mots, j'imagine qu'en live, l'émotion doit être encore plus forte.
En conservant toute sa richesse instrumentale (aucune note n'est là par hasard, chaque rythmique est millimétrée) et en apportant un côté plus intimiste à leur musique, déjà bien écorchée, Torve prend une nouvelle dimension qui ne devrait pas calmer son appétit.
Publié dans le Mag #57