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Torve / Chronique EP > A cure for madness

Torve - A cure for madness C'est étrange comme parfois, on rate des choses évidentes. J'ai écouté un sacré paquet de fois A cure for madness avant de mettre enfin un nom sur ce sentiment d'excitation que j'avais en relançant l'album. Bien sûr que c'est toujours screamo avec un peu de passages math et plein de petites choses qui font que cet EP est excellent, mais il y avait un truc en plus. Un truc que je ne pouvais identifier jusqu'à ce que cela fasse tilt. À tort ou à raison d'ailleurs car c'est mon ressenti personnel et si ça se trouve, tu n'auras pas le même avis que moi, mais voilà, quand les Torve lâchent un peu le chant éraillé et filent tout doux vers des moments plus aériens, je leur trouve un petit côté The Mars Volta des plus ravissants. Quand le groupe était au sommet de son art et pouvait nous embarquer dans un monde totalement loufoque en quelques secondes. "Oblivion song" et "Picture perfect day" sonnent comme ça, comme si les gars de Bezak n'avaient pas choisi entre TMV et At the Drive-In et réussi la synthèse des deux. C'est un peu fou, mais ça retombe toujours sur ses pattes, ça caresse et ça griffe, c'est un régal.

Ce grain de folie, Torve l'avait déjà sur l'inaugural The part where it kills you, mais il était dissimulé par des distorsions et une atmosphère plus emplie de sons, cette fois-ci, les pistes sont plus aérées et laissent davantage le chant libre de toute manœuvre artistique. Ça ouvre celui des possibles et Fil en profite pour faire éclater d'autres de ses talents. Quelques frissons me parcourent l'échine à l'entendre susurrer ces petits mots, j'imagine qu'en live, l'émotion doit être encore plus forte.

En conservant toute sa richesse instrumentale (aucune note n'est là par hasard, chaque rythmique est millimétrée) et en apportant un côté plus intimiste à leur musique, déjà bien écorchée, Torve prend une nouvelle dimension qui ne devrait pas calmer son appétit.

Publié dans le Mag #57

Torve / Chronique EP > The part where it kills you

Torve - The part where it kills you Les moins jeunes associent les termes "Besançon" et "emo" à Gantz qui sévissait dans les années 2000 et je pense qu'en cherchant un peu on pourrait établir des liens plus évidents que de simples références musicales pour lier Torve à leurs aînés. Il faut dire que ce groupe formé en 2017 n'est jeune que sur le papier, les pièces d'identités de ses membres prouvent qu'ils ont déjà de la bouteille, leurs CV aussi puisqu'on trouve entre autres Sorry For Yesterday, Horskh, Second Rate, Generic ou Aura parmi les formations qui ont permis l'affirmation de Fil (chanteur désolé pour hier), Nath et Deb (aux guitares), Tinlu (bassiste toujours dans les bons coups) et Mathieu (batteur).

Un brin menaçant mais carrément louche, les Torve ont en commun le goût pour une saturation noisy, des attaques garage, un chant blindé d'émotions éraillées et estiment qu'une composition est bonne quand elle a ce groove bien salé derrière une façade déstructurée. Ils ont attendu le début de l'année 2020 pour sortir leur premier EP The part where it kills you mais gageons qu'ils n'en resteront pas là et que le confinement les aura suffisamment énervés pour écrire de nouveaux petits bâtons de dynamite.

6 titres et aucune faiblesse sur ce premier jet en mode montagnes russes où on frôle l'éjection à chaque looping mais on fait le max pour rester en place et profiter du trajet même si les paysages qui défilent ont déjà été dessinés par le passé (Amanda Woodward, Gameness, Tang...). Torve joue chez moi en terrain conquis tant ce screamo me parle et que les autres influences sont bien intégrées (un peu de math par-là, un peu de post par-ci), comme en plus la pochette est de ma couleur préférée, tout est parfait.

Publié dans le Mag #43