ASIDEFROMADAY @ Le Divan du Monde 2012 ASIDEFROMADAY @ Le Divan du Monde 2012 C'est l'histoire d'une belle salle à la déco baroque, d'un groupe de stoner mélodique américain et surtout, d'un retour gagnant. Qui a dit que la rentrée faisait déprimer ?

Le décor : Le Divan du Monde. C'est quoi ? Une des plus jolies salles parisiennes, à la jauge humaine, ornée de velours et de statues néo coloniales. Une terre de contrastes prête à endurer toutes les températures, le chaud comme le froid, que vont souffler tour à tour les deux groupes qui investissent sa scène ce soir à savoir Aside From A Day et Torche.

ASIDEFROMADAY c'est un groupe qui existe depuis 12 ans. Pas mal dans le milieu du rock quand on ne remplit pas des stades et qu'on ne court pas après les billets en se vendant au plus offrant. 12 ans de musique exigeante, de propos réfléchis et de passion. Les connaisseurs apprécient en eux leur musique froide, intense, complexe mais qui prend aux tripes tant l'honnêteté transpire à travers chacune des notes plaquées au mur par un rouleau compresseur rythmique. Quand certains parlaient de post-hardcore, d'autres évoquaient le métal alors que le groupe se considère de son propre aveu comme un simple groupe de "rock voir de heavy".
Mais les mecs de Besançon, qui officient désormais au nombre de 5, n'avaient pas joué depuis 2 ans. Qu'est ce qu'il leur restait justement, dans leurs tripes ? On a eu peur en les voyant arriver sur scène devant un public clairsemé mais la réaction ne se fit pas attendre. Un simple "Bonsoir" introductif, par politesse, et place à la densité.

Un accord de guitare menaçant, une nappe de synthé planante suivi d'un déferlement de violence maîtrisée. Pas de doute ASIDEFROMADAY est de retour et est fier de présenter son nouvel album Chasing Shadows au public. Les morceaux s'enchaînent avec une facilité déconcertante malgré l'apparence rugueuse de la musique et de ses exécutants qui ne sont pas venus pour rigoler mais bien pour vider ce qu'ils ont accumulé dans leurs sacs depuis deux ans. Alors que le public se fait plus nombreux, la densité sonore en devient presque palpable. Et au toucher ça donne quoi ? Imaginez une balle de caoutchouc noire, compacte, solide qui malgré une apparente souplesse pourrait se loger dans un mur de briques comme pour y laisser son empreinte.
ASIDEFROMADAY c'est du tir de sniper, de la haute précision mais façon Flashball : ça ne tue pas, mais ça fait très mal et peut assommer celui qui ne fait pas attention. Un final dantesque et un public à genoux plus tard, la pause semble salvatrice avant la suite.

Un quart d'heure et une bière plus tard, Torche arrive en scène plus tranquillement, testant le son en direct, puis commence immédiatement avec "Letting go", titre inaugural du dernier album Harmonicraft, sorti il y a quelques mois chez Volcom Entertainment. Visuellement, c'est mitigé entre le frappeur invisible derrière son énorme batterie et le chanteur avec sa trop grand chemise hawaiënne. Loin de s'arrêter sur ces détails, le début de set convainc moyennement : entamer par les morceaux les plus "mélos" semble ne pas correspondre à l'attente du public ou au souvenir mémorable qu'avait donné les groupe aux Eurockéennes de Belfort en 2009. Le son a beau être parfait et puissant, Torche ne retourne pas la salle... jusqu'au dernier quart d'heure quand le groupe semble passer à la vitesse supérieure. Fini les mélodies, place à la puissance et aux gros riffs stoners. Et là, on se rassure : nos cerveaux n'ont pas embellis nos souvenirs, loin de là. Tout en maîtrise, Torche en impose sévèrement et appuie là où ça fait mal entre son ravageur et rythmiques épileptiques. Le public en redemande et les membres du groupe semblent enfin s'amuser, arborant des sourires diaboliques sachant le flot de moments épiques qu'ils ont gardé en stock jusqu'à la note finale qui, à en voir les acclamations du public, n'a épargné personne.

En jetant un dernier regard à la salle baroque et à son balcon théâtral, on se surprend à penser à Cyrano qui aurait déclamé à n'en pas douter : "C'est justice, et j'approuve au seuil de mon tombeau : ASIDEFROMADAY a du génie et Torche était beau !"