Topsy Turvy's LP Ça fait plusieurs années maintenant que je guette de près les aventures du groupe poitevin et que celui-ci poursuit son petit bonhomme de chemin, qui l'a quand même conduit à sillonner les routes de France et d'Europe. Et contrairement à la formule de Dewey (petit frère de Malcolm dans la série US du même nom) I expect nothing and I'm still let down, qui avait servi de titre à leur EP en 2015, j'attends toujours du bien des Topsy et ne suis jamais déçu.

Le gap qui avait été franchi sur le précédent 10 pouces est non seulement maintenu, consolidé mais le quatuor se paie le luxe de poursuivre son évolution et faire encore mieux avec ce premier vrai album (dès lors qu'on considère que des disques de 7-8 titres sont des EPs). Iels ont pris leur temps mais sans traîner, chômer pour autant, multipliant en douze ans les sorties, splits avec Johk, Sidewalk ou les plus connus Useless ID (groupe israélien ayant des disques sur Fat Wreck Chords et Kung-Fu Records), jusqu'à ce It can't be easy. Le parcours d'un petit groupe indé sans (trop de) prétention en France n'est pas facile mais avec de l'abnégation, du travail, de l'énergie et du talent, on peut arriver à de belles choses. La preuve par onze ici. Oui, bien vu, il y a onze chansons.
Onze morceaux indie-emo-punk-rock mélodique, s'il fallait catégoriser le style de Topsy Turvy's (tête-bêche en anglais), parfaitement maîtrisés, équilibrés, qui s'écoutent d'une traite, sans temps mort mais sans trop de temps fort non plus. C'est peut-être le seul petit bémol que j'émettrais sur cet album. Je prends beaucoup plaisir à l'écouter et ré-écouter, j'aime absolument tous les titres, je surkiffe par-dessous tout l'alternance des deux chants féminin et masculin (un petit côté Muncie Girls pour l'une, New Found Glory pour l'autre) et les nombreux chœurs mais quand je le lance et fais autre chose, il n'y a que quand arrive "Perfect day", que je me focalise à nouveau sur la musique. Quel titre cependant ! Il fait mouche à chaque fois chez moi. Peut-être voudrais-je davantage de folie, une prod' un poil plus rugueuse (elle est néanmoins nickel et colle parfaitement au style, pourquoi je roumègue ?) ? Peut-être que je suis devenu un vieux ronchon, peut-être que si je faisais cette chronique dans quelques semaines ou mois, mon avis divergerait ? On ne sait pas... Tiens, à ce propos, force est d'avouer que "You don't know" ou "Suffocate" ont aussi leur charme particulier, tout comme "Nothing remains", qui clôt l'album et m'a rappelé Iron Chic ou encore "No surrender"... Bon, ok, tous en fait !

Ce que je sais en revanche, c'est que ce disque, qui aurait tout à fait eu sa place sur Vagrant Records / Drive-Thru au début des années 2000 ou Pure Noise / Run For Cover en ce moment, va continuer à tourner mais il va te falloir patienter encore un peu avant de pouvoir le commander sur une myriade de petits labels. Quelle plaie décidément ces délais de livraisons ! C'est pas facile d'être un groupe en 2022...